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[CurioCité] Est-ce que les églises de Montréal pourraient accueillir les sans-abri lors de grands froids?

Cette question a été posée sur le site CurioCité où les citoyens de Montréal peuvent s’adresser directement aux journalistes de Métro et poser leurs questions.

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Le mercure risque de descendre très bas samedi, à Montréal. Ce sera donc peut-être le moment opportun pour ouvrir les deux haltes-chaleur de la métropole. Concrètement, les haltes-chaleur sont des organismes qui ouvrent les portes de leurs locaux la nuit par temps de grands froids (-20°C) aux sans-abri qui sont réfractaires à se rendre dans des refuges.

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Mais est-ce que les églises, inoccupées la nuit, pourraient elles aussi ouvrir leurs portes aux sans-abri en temps par grands froids ?

Brian McDonough, directeur de l’Office de la pastorale sociale à l’archevêché de Montréal, se souvient d’avoir tenté un projet du genre au début des années 1980 dans l’arrondissement de Verdun. Avec un groupe religieux du secteur, ils ont préparé puis mis en œuvre un projet permettant aux itinérants de se réfugier dans l’église durant la nuit en hiver en temps de grands froids. «Il a bien fallu en venir à la conclusion que c’était irréaliste», a affirmé à Métro M. Donough.

D’abord, les églises n’ont souvent qu’une seule salle de bain, comme il a pu le constater dans le cadre de son projet, ce qui a causé des problèmes d’hygiène, rapporte M.Donough.

Les responsables de l’église ont également dû augmenter le chauffage de l’église pour accueillir ces personnes pendant la nuit (donc en dehors du temps de célébrations).

«Ça nous a coûté les yeux de la tête» – Brian McDonough, directeur de l’Office de la pastorale sociale à l’archevêché de Montréal

Mais le chauffage n’est pas le problème principal. Il indique également que certains itinérants se sont présentés à l’église pour la nuit dans un état d’ivresse et que d’autres avaient des problèmes psychologiques ou psychiatriques, ce qui a causé des ennuis. «Il y avait des bagarres et les gens présents à l’église, comme le curé, ne sont pas formés pour intervenir dans ces situations, contrairement aux intervenants dans des refuges comme La maison du père», indique M.McDonough.

Métro a posé la même question aux responsables d’une vingtaine d’églises des quartiers centraux de Montréal et Laval. Six paroisses ont répondu à notre appel, mais aucune n’offre ce service. Le grand problème que les responsables de ces paroisses évoquent est également l’absence de personnel pour superviser les personnes itinérantes qui profiteraient de ce service pendant la nuit.

«Pour nous, c’est impossible la nuit, nous n’avons pas de bénévoles pour faire ce travail, et la paroisse est déjà en difficulté financière, même pour payer les comptes», indique un responsable de l’église Saint-Stanislas de Kostka, sur le boulevard Saint-Joseph Est.

«Le coût du chauffage n’est pas le problème. Il faut penser à avoir du personnel de surveillance et aux problématiques liées à la santé mentale et aux assurances.» – Denis Prescott, de l’église Saint-Édouard sur la rue Beaubien

Même son de cloche du côté de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et de la paroisse Marie-Reine-des-Coeurs, tous deux dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

«Nos assurances ne nous permettraient pas de faire un tel projet, sans qu’il y ait de surveillance, précise un responsable de la paroisse Bon-Pasteur, à Laval. Puisqu’il y a des lampions dans l’église, il y a des risques d’incendie ou d’accident. Mais les bénévoles sont difficiles à trouver, surtout pour un travail de nuit. La majorité des paroisses n’ont pas les moyens d’embaucher quelqu’un, pas même à contrat. Nous avons 70 000$ de dettes et un déficit de 50 000$.»

Avec plus de déplacements dans l’église, il y aurait également plus de nettoyage à faire, et avec les va-et-vient, il faudrait également plus de chauffage pour maintenir la température de l’église, mentionne les responsables des paroisses à qui Métro a parlé.

Brian McDonough mentionne toutefois que certaines églises à Montréal ouvrent leurs portes le jour aux itinérants, comme le Sanctuaire du Saint-Sacrement (près du métro Mont-Royal), et ce, même en dehors du temps de célébrations. Tous les 15e jour du mois, à l’Archevêché de Montréal, on accueille des gens de la rue avec cafés et beignes et quelques fois des dons de 4$ pour chacun d’entre eux. «Ils peuvent se mettre ensemble et acheter, par exemple, un poulet», donne-t-il en exemple.

À l’église Saint-Stanislas-de-Kostka, on fait valoir que le sous-sol de l’église est déjà occupé par La maison des amis du Plateau Mont-Royal qui aide les itinérants et tous les locaux du presbytère sont occupés par des organismes d’aide sans but lucratif.

«L’attention et l’aide doivent plutôt être portées vers les organismes communautaires», dit Robert Allard, curé de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus. Il ajoute que plusieurs ressources d’aide aux itinérants ont de lourdes difficultés financières. Le Pavillon d’Éducation Communautaire, dans Hochelaga «est actuellement menacé de fermeture. Le Carrefour d’alimentation et de partage St-Barnabé a dû fermer son refuge par manque de subvention. Ces endroits ont une capacité d’accueil que l’église ne peut offrir. Je crois que la pression doit se faire de ce côté», insiste-t-il.

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