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Des femmes immigrantes dans des «métiers d’hommes»

Photo: Collaboration spéciale

Très peu de femmes immigrantes s’imaginent qu’elles peuvent devenir mécaniciennes, camionneuses ou soudeuses, des métiers pourtant prometteurs. Un organisme de concertation lancera le 8 mars des outils de sensibilisation pour les encourager à se diriger vers des emplois traditionnellement masculins.

Avant d’arriver au Québec, Brice Lagnika, originaire du Bénin, ne pensait pas que les femmes pouvaient occuper certains emplois, dans l’exploitation minière par exemple. Plus tard, lorsqu’elle a annoncé à ses amis qu’elle avait décroché un emploi de préposée aux travaux généraux à la Ville de Montréal, plusieurs d’entre eux ont été choqués. «On m’a dit que c’était un travail d’homme, que ce serait trop difficile», a rigolé Mme Lagnika en entrevue avec Métro.

L’histoire de Mme Lagnika reflète bien ce qui limite l’accès de plusieurs femmes immigrantes à certains métiers majoritairement masculins. La plupart d’entre elles ne connaissent pas ces métiers, et les intervenants des services d’aide à l’emploi n’auraient pas tendance à leur en parler, a observé un comité de travail de la Concertation montréalaise femmes et emplois majoritairement masculins (CMFEMM).

Selon Judith Larivière, coordonnatrice de la CMFEMM, il est important d’en faire la promotion étant donné la proportion de femmes immigrantes vivant sous le seuil de faible revenu, soit 25,6 %, et la difficulté pour plusieurs d’entre elles de se trouver un emploi. «C’est un bon moment pour que les femmes prennent leur place. Plusieurs employés prendront bientôt leur retraite, dans des métiers syndiqués qui offrent des conditions de travail intéressantes, souvent mieux payés que ceux qui sont traditionnellement féminins», a-t-elle estimé.

«Je n’hésiterais pas à conseiller aux femmes de devenir col bleu, de ne pas avoir peur, a témoigné Mme Lagnika, qui dit être la seule femme immigrante col bleu de son arrondissement. J’aime beaucoup mon travail parce que je suis en contact avec mon milieu de vie, et nous travaillons fort pour les citoyens.»

Se rendant compte qu’il n’existait pas d’outils pour promouvoir ces emplois auprès des femmes, la CMFEMM a décidé de bâtir sa propre trousse. Il s’agit d’une série de documents pouvant servir aux conseillers en employabilité et aux organismes communautaires: PowerPoint pour des présentations en groupe, tests pour permettre aux femmes d’identifier leur potentiel par rapport à ces métiers, recension des ressources, guide pour convaincre des proches du bien-fondé de ce choix de carrière, entre autres.

Anik St-Pierre, enseignante en sécurité incendie au Collège Montmorency, voit d’un bon œil la disponibilité prochaine de cette trousse. «Une bonne partie des femmes pensent que ce n’est pas possible de devenir pompière, a-t-elle déploré, soulignant qu’il n’y a présentement aucune femme immigrante au sein du Service de sécurité incendie de Montréal. Oui, c’est un métier très physique, mais plusieurs femmes sont capables de l’exercer.»

Mme St-Pierre a mis sur pied le projet «Les filles ont le feu sacré», qui vise à informer les jeunes du secondaire au sujet de la carrière de pompière.

Milieux machos

Selon l’organisme Action travail des femmes (ATF), les milieux de travail à majorité masculine doivent aussi être sensibilisés à la présence de femmes dans leurs rangs.

«On aide beaucoup de femmes, de différents secteurs d’activité, qui vivent du harcèlement sexuel ou sexiste, qui ont de la difficulté à accéder à des heures de travail et à se faire reconnaître leurs compétences par leurs pairs et leurs supérieurs», a affirmé Katia Atif, coordonnatrice d’ATF.

La col bleu Brice Lagnika, qui travaille en majorité avec des hommes, a vécu certaines de ces situations. Elle a été accompagnée par Action travail des femmes dans ses démarches pour obtenir un redressement de la situation.

Notons que la Ville de Montréal a mis en place plusieurs mesures pour promouvoir les emplois de cols bleus auprès des femmes et possède un Programme d’aide aux employés.

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