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Construction: Coderre banalise l'inquiétude

Photo: Archives Métro

MONTRÉAL – Le maire de Montréal, Denis Coderre, rejette du revers de la main l’inquiétude des entrepreneurs et des syndicats de la construction, qui voient des centaines de millions de dollars de travaux leur glisser sous les pieds pour être transférés aux municipalités.

Ce transfert des travaux de rénovation et de modification aux bâtiments municipaux est prévu dans un projet de loi d’ordre plus général qui est présentement à l’étude à l’Assemblée nationale. Quelque 7500 salariés de l’industrie de la construction pourraient être touchés si ce transfert se réalise, soit 6,9 millions d’heures de travail, représentant 5 pour cent des heures totales dans l’industrie.

Le ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, se rend ainsi à une demande émanant des municipalités, qui veulent obtenir davantage d’autonomie. De plus, il s’inspire d’une recommandation à cet effet de la Commission Charbonneau concernant les «donneurs d’ouvrage» publics.

Mais ce transfert d’activités suscite beaucoup d’inquiétude dans l’industrie de la construction, où l’Association de la construction du Québec s’attend à ce que l’avenir de petites entreprises, surtout, soit compromis.

De plus, l’industrie de la construction est déjà confrontée à une baisse du nombre d’heures, depuis quelques années, et perçoit fort mal de perdre en plus plusieurs centaines de millions de dollars de travaux au profit des employés des municipalités.

Interrogé à ce sujet lundi, alors qu’il participait à l’annonce de la rénovation de l’Oratoire Saint-Joseph, le maire Coderre a banalisé ces craintes de l’industrie et des syndicats de la construction. «Ça suscite toujours de l’inquiétude quand il y a des gens qui veulent garder leur petit territoire», s’est-il exclamé.

«Si moi j’ai à remplacer les fenêtres dans un ‘building’, je suis-t-y obligé de passer… Je ne passe pas par Mont-Laurier pour me rendre à Ottawa. Un moment donné, il faut se donner des outils de fonctionnement. Et puis, on est capable de le faire à l’interne, de le faire entre nous», a lancé le maire.

Il a cité le président de l’Union des municipalités du Québec, Bernard Sévigny, qui avait justifié cette demande des municipalités par un besoin d’autonomie, en plus de la volonté de développer une expertise à l’interne. «Ça fait longtemps qu’on le veut et on se réjouit que ça se fasse», a conclu le maire Coderre.

Patronat

De son côté, le Conseil du patronat du Québec se trouve pris au milieu de cette partie de souque à la corde, puisque l’Union des municipalités est membre du CPQ, tout comme l’Association de la construction.

Au cours d’une entrevue, le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval, a dit comprendre la volonté d’autonomie des municipalités. «C’est compréhensible que les villes veuillent avoir une certaine marge de manoeuvre. Je comprends que les villes veuillent de la flexibilité», a-t-il commenté.

Du même souffle, M. Dorval demande au gouvernement de penser aussi à «l’écosystème de la construction», qui a lui aussi besoin de «flexibilité», d’une réglementation moindre, de paiements versés à temps, d’une fiscalité favorable et d’un climat propice à l’innovation.

Il invite donc le gouvernement à ne pas baser ses décisions sur «la perception et l’image» de l’industrie de la construction.

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