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Un magasin où tout est gratuit à Montréal

Photo: Josie Desmarais/Métro

Une boutique Zérodollar a ouvert il y a un mois dans l’arrondissement de Saint-Léonard. Elle aurait déjà permis d’écouler près de 2000kg d’articles usagés malgré les critiques qu’elle suscite.

Pour dégoter les meilleures aubaines, les premiers clients font déjà la file 30 minutes avant l’ouverture du commerce de la rue Valdombre. «Au début, les gens étaient un peu hésitants, mais quand ils ont appris, par le bouche à oreille, qu’il n’y avait pas de caisse et qu’on ne leur demandait même pas leur nom, ils commencent à venir de plus en plus nombreux», affirme Dumais Deitan, l’homme derrière l’idée.

Dans la foule de clients de la boutique Zérodollar, une majorité de nouveaux arrivants s’y équipe de façon peu onéreuse, ou envoie les produits récoltés à leur famille, restée au pays. Au moment de l’ouverture des portes, ils étaient une trentaine, munis de sacs, à faire le pied de grue. Dans les rayons, de vieux produits électroniques, des jouets, des articles de cuisine et de décoration. Métro est ressorti avec un vase d’inspiration africaine, un panier de pique-nique en osier, un casque de vélo et un portrait de Jésus.

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Les produits sur les tablettes sont notamment des produits récoltés dans des boîtes de dons de vêtements et qui ne sont pas monnayables. «Ils finissent souvent aux poubelles, mais nous, on a décidé de les donner gratuitement», explique l’entrepreneur, qui réalise son chiffre d’affaires en envoyant les produits les plus intéressants (vêtements, chaussures et sacs usagés) directement en Afrique.

Les marchandises sont acquises de façon règlementaire, assure Dumais Deitan. Il souligne que les deux boîtes de dons situées près de la boutique Zérodollar affichent les autorisations municipales désormais nécessaires, mais reste discret sur ses autres sources d’approvisionnement.

La prolifération depuis quatre ans de boîtes de dons aux visées pas toujours charitables a forcé les municipalités à agir. En 2013, M. Deitan faisait d’ailleurs partie des entrepreneurs épinglés par l’émission La Facture parce qu’ils utilisaient des boîtes de dons avec des noms de fondations parfois douteuses, qui pouvaient induire les donateurs en erreur.

Après vérification avec l’arrondissement de Saint-Léonard, les boîtes adossées à la boutique Zérodollar sont conformes. «Elles sont affiliées à un organisme reconnu, le RECOPAC [le Réseau de communication pour la prévention des actes criminels] et nos inspecteurs ont apposé l’autorisation nécessaire sur la boîte», précise la porte-parole de l’arrondissement, Maude Chartrand.

Du côté du RECOPAC, on indique ne percevoir aucune donation monétaire liée à cette entente avec M. Deitan. «Leur mission concorde avec notre mandat de prévention de la délinquance chez les jeunes issus des minorités visibles», déclare Jean Marie Mousenga, directeur de l’organisme. Ce dernier croit que l’aide apportée au moins nantis peut freiner la criminalité.

Cela ne surprend pas Alain Mongrain, porte-parole de la fondation Le Support, qui intervient dans le domaine de la déficience intellectuelle. «On a vu par le passé que ces entrepreneurs peu scrupuleux visaient avant tout le profit et n’hésitaient pas à tromper les donateurs pour obtenir ainsi plus de dons de vêtements», dit-il. Sur sa bannière d’appel de dons, M. Deitan précise désormais que ses activités sont d’ordre lucratif et charitable.

S’il convient que les organismes caritatifs n’ont pas le monopole des boîtes de dons, M. Mongrain souligne que la vingtaine d’entrepreneurs pas toujours scrupuleux qui sévissaient encore récemment dans la métropole ont fait un tort considérable en installant des boîtes de dons sur le domaine public sans autorisation. «Ils nous ont fait une concurrence déloyale, en plus de forcer certaines municipalités à bannir toutes les boîtes sur leur territoire, souligne-t-il. En 2012, avant leur arrivée, on redistribuait 1,6M$ par an à des organismes, en 2015 c’était deux fois moins.»

 

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