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Énergie Est: TransCanada se dit apte à intervenir

Oléoduc Photo: (Photo: Depositphotos)

SAINT-JEAN, N.-B. — Dès le début des audiences de l’Office national de l’énergie, lundi matin, les promoteurs du projet Énergie Est ont tenté de se faire rassurants sur la sécurité du transport par oléoduc et sur la capacité de l’entreprise albertaine à intervenir rapidement en cas d’accident.

«Nous nous engageons à acheminer ce pétrole de façon responsable et fiable, et notre objectif, c’est l’absence complète d’incidents», a déclaré le vice-président du projet Énergie Est pour le Québec et le Nouveau-Brunswick, John Van der Put, au premier des trois jours d’audiences à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

M. Van der Put a indiqué au comité de trois membres qui étudie Énergie Est que le projet constitue «la méthode la plus sécuritaire et la plus responsable du point de vue environnemental» pour transporter le pétrole brut de l’Ouest vers l’Est. Il a soutenu que le promoteur, TransCanada (TSX:TRP), avait déjà apporté plus de 700 modifications au tracé original à la suite de consultations menées au cours des trois dernières années auprès des communautés qui seraient touchées par le passage de l’oléoduc.

«Nous estimons que le projet Énergie Est servirait les intérêts du pays, de la province du Nouveau-Brunswick et de la Ville de Saint-Jean», a estimé M. Van der Put.

Joel Richardson, de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, est d’ailleurs venu dire aux audiences, lundi, qu’un nombre croissant de travailleurs qualifiés avaient fui la morosité de ce secteur économique dans l’Ouest pour rentrer au Nouveau-Brunswick, où ils ne demandent qu’à dénicher un bon emploi.

«Nous croyons que le projet Énergie Est contribuerait à la création d’emplois directs et indirects pour des milliers de sans-emploi au Nouveau-Brunswick (…) et générerait des recettes fiscales qui nous aideraient à défrayer les soins de santé, l’éducation et les services sociaux», a indiqué le vice-président de l’association pour le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard.

Emma Hebb, du Sierra Club, n’est pas de cet avis. «Nous ne croyons pas que ce projet serait dans le meilleur intérêt de la population parce qu’il implique des investissements dans des infrastructures de combustibles fossiles, alors que les données scientifiques militent en faveur de l’abandon de ces ressources le plus tôt possible», a-t-elle plaidé.

Un déploiement rapide

Par ailleurs, M. Van der Put a soutenu d’entrée de jeu, lundi, qu’en cas de déversement, TransCanada serait en mesure de déployer du personnel sur place en trois heures, et de l’équipement en six heures. Il a de plus assuré que TransCanada élabore un plan d’urgence propre à chaque section du tracé de 4500 km, afin de s’assurer qu’en cas d’accident, ces objectifs d’intervention rapide seraient atteints partout.

Le Sierra Club et l’organisme Nature Canada mettent cependant en doute la capacité réelle de TransCanada à intervenir rapidement en cas d’accident.

Garry Prosser, un citoyen dont la maison de Saint-Jean serait située juste en face d’un éventuel dépôt de stockage de pétrole, près du terminal portuaire, est venu quant à lui partager sa frustration face au manque de transparence du promoteur envers les propriétaires riverains. Selon M. Prosser, TransCanada n’a jamais répondu à ses inquiétudes sur les impacts du projet pour sa qualité de vie, la jouissance de sa propriété, sa santé et sa sécurité, la valeur de sa propriété, voire son sentiment de communauté.

La directrice de Nature NB, Vanessa Roy-McDougall, a soutenu de son côté que plus de 200 espèces d’oiseaux — des millions d’individus — migrent chaque année dans un secteur qui serait traversé par l’oléoduc, de même que dans la baie de Fundy, où navigueraient des superpétroliers en route vers l’étranger. De même, des espèces en péril, comme la baleine franche de l’Atlantique Nord, fréquentent le secteur de Saint-Jean, a indiqué Mme Roy-McDougall. Selon Nature NB, un déversement dans la région aurait un impact majeur sur des espèces aviaires et marines — voire un effet dévastateur sur la population mondiale de certaines espèces.

M. Van der Put a rétorqué que la probabilité d’un tel déversement est faible.

L’oléoduc Énergie Est, un projet de 15,7 milliards $, transporterait 1,1 million de barils de pétrole brut par jour des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’aux raffineries et au port de Saint-Jean — en traversant donc cinq provinces. L’Office national de l’énergie doit entendre 337 intervenants dans 10 villes de six provinces concernées, jusqu’en décembre.

Après Fredericton la semaine prochaine, des audiences se tiendront du 29 août au 2 septembre à Montréal, puis du 3 au 7 octobre à Québec. Les recommandations de l’Office doivent être présentées d’ici le 16 mars 2018 au cabinet fédéral, qui devra ensuite trancher dans ce dossier controversé et éminemment politique.

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