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Quand 1,6 planète Terre est nécessaire

BERLIN, GERMANY - NOVEMBER 29: A woman stays in front of a model of the earth holding a thermometer as activists participate in the Global Climate March on November 29, 2015 in Berlin, Germany. The COP21 2015 Paris Climate Conference will begin on November 30, though due to the recent Paris terror attacks French police have banned activists from marching in Paris. Large-scale marches are instead taking place in other cities, including today in Berlin. (Photo by Carsten Koall/Getty Images) Photo: Getty Images

Il faudrait, au rythme actuel, 1,6 planète Terre pour répondre à la consommation de l’humanité, selon l’organisme Global Footprint Network (GFN). Aujourd’hui, les humains ont déjà consommé tout ce que la planète peut leur offrir en termes de ressources renouvelables pour l’année. En ce «jour du dépassement global» («Earth Overshoot Day»), une journée qui arrive de plus en plus tôt à chaque année, Métro s’est entretenu avec Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki, afin d’en savoir plus sur le concept d’endettement écologique.

Est-ce quon se préoccupe moins de lendettement écologique que de lendettement financier?
C’est évident. On ne le calcule même pas. En économie, vous allez savoir si l’action d’Apple a monté ou descendu, si le PIB a augmenté ou diminué. Mais dans le PIB, on ne calcule pas le capital écologique. Est-ce qu’on a plus de forêts, moins de forêts? Ce qui n’est pas mesuré n’existe pas. Ça peut être catastrophique. Les pêcheries se sont effondrées parce qu’on ne mesurait pas les stocks de poissons restants. Par le passé, c’est notre ignorance ou le manque de connaissances scientifiques qui faisait qu’on exploitait les ressources. Là, on a les connaissances, mais on choisit volontairement de les ignorer. On a créé une façon de mesurer l’économie comme si elle vivait dans le vide, à l’extérieur de la planète. Il y a un gros problème avec ça.

Quels sont les dangers de lendettement écologique?
C’est de se priver des ressources dont on aura besoin à l’avenir, des ressources qu’on épuise comme les terres agricoles ou les eaux souterraines.
Un autre danger, c’est que certains services régulateurs que nous fournit la planète, comme le climat, ne fonctionnement plus, ou fonctionnent différemment à l’avenir. Quand on épuise ces ressources, on se retrouve 10, 20, 30 ans plus tard avec des conditions moins favorables que par le passé, avec moins de ressources ou des ressources plus coûteuses. Éventuellement, c’est toute croissance future qui est remise en question.

Quelles actions devraient être prises pour contrer la tendance?
La première chose, c’est de promouvoir un outil de mesure de l’économie qui inclut le capital écologique. Ensuite, il faut réfléchir à la façon dont on utilise les ressources qu’on a et comment on les répartit. En ce moment, sur Terre, 62 individus possèdent autant de richesses que 3,5 milliards de personnes. À un bout du monde, des gens ont 3 voitures, 4 télés, 4 tablettes; et à l’autre bout, d’autres ont à peine à manger. Il va falloir qu’on ait deux tablettes de moins dans nos maisons pour que d’autres puissent manger. Finalement, il faut se questionner sur nos propres niveaux de consommation. A-t-on tous besoin d’avoir une tondeuse? Un spa? Une piscine? Ce n’est pas pour lancer la pierre, mais le ménage moyen au Canada est endetté à 170% de son revenu annuel. Ça endette aussi nos enfants. Notre consommation nous met dans la précarité. Il faudrait peut-être couper nos cartes de crédit.

«L’endettement écologique, c’est semblable à l’endettement financier. Mais dans ce cas-ci, ce n’est pas tellement qu’on va devoir rembourser, parce que l’endettement écologique n’est pas remboursable. Les générations à venir vont devoir vivre avec les conséquences de notre surconsommation d’aujourd’hui.» – Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki.

Des effets visibles

Les effets néfastes de la surconsommation sur l’environnement sont déjà visibles, soutient le Global Footprint Network, qui tient pour témoin l’érosion des sols, la désertification, la productivité des terres agricoles qui s’amenuise, la déforestation, l’extinction rapide des espèces, le surpâturage, la réduction des stocks de pêche et la concentration accrue de carbone dans l’atmosphère. «Les données du GFN démontrent que nous aurons besoin de deux planètes Terre pour répondre à la demande d’ici 2030, si nous continuons à vivre dans la lignée des prédictions modérées des Nations Unies en termes de population et de consommation. Il est très difficile de savoir si une telle surutilisation des ressources est physiquement possible. Poursuivre dans cette voie mettrait le bien-être de plusieurs habitants de la planète en danger», peut-on lire sur le site web de GFN.

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