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Cimenterie: la CDPQ ne craint pas le protectionnisme

MONTRÉAL — La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) réitère que la cimenterie de Port-Daniel sera rentable et ne croit pas que la nouvelle ronde de financement nécessaire pour compléter le projet ravivera les menaces de barrières tarifaires aux États-Unis.

En marge de la mise à jour semestrielle de l’institution, vendredi, son président et chef de la direction, Michael Sabia, a affirmé que les 250 millions $ annoncés la veille n’étaient pas une subvention.

«La Caisse fonctionne de façon indépendante, point à la ligne, a-t-il dit. Nous sommes un investisseur privé, pas un bras du gouvernement. Nous avons pris une décision purement commerciale.»

Le projet de cimenterie, qui vise les États-Unis comme principal marché d’exportation, a fait l’objet de critiques au sud de la frontière, où des membres de l’industrie et certains élus ont crié à la concurrence déloyale.

M. Sabia ne semble pas craindre que le dossier prenne une ampleur similaire à celui du bois d’oeuvre canadien, qui a fait l’objet de barrières tarifaires à la frontière étant donné que les Américains estimaient que l’industrie était subventionnée.

«Ce n’est pas du tout une préoccupation de notre part, a-t-il répondu. Si quelqu’un à Washington a des questions, je serai très content d’y répondre.»

L’Association américaine des fabricants de ciment n’a pas voulu se prononcer sur la nouvelle ronde de financement. Elle a renvoyé les questions transmises par La Presse canadienne à l’Association canadienne du ciment, qui a également refusé de commenter.

Toutefois, Colin Sutherland, le président de la firme SC Market Analytics, spécialisée dans l’industrie du ciment, ne croit pas que cet investissement supplémentaire suscitera l’ire des Américains.

«À mon avis, c’est un investissement privé et non une subvention, a-t-il affirmé au cours d’un entretien téléphonique. Il y a quand même un risque pour les investisseurs d’essuyer des pertes.»

Le projet de cimenterie de Port-Daniel, initialement évalué à 1,1 milliard $, fait face à des dépassements de coûts de l’ordre de 450 millions $. La Caisse vient d’en prendre le contrôle des mains de la famille Beaudoin-Bombardier.

En échange, la CDPQ a injecté 125 millions $ supplémentaires — ce qui fait passer sa participation à 265 millions $ — et la société de portefeuille BlackRock se joint au groupe d’investisseurs en finançant une débenture de 125 millions $.

Cela permet à l’investisseur institutionnel de prendre le contrôle du holding Beaudier Ciment, principal actionnaire de l’entreprise Ciment McInnis.

La famille Beaudoin-Bombardier n’a pas injecté d’argent supplémentaire dans le projet, dans lequel Investissement Québec a mis 100 millions $ en capital-actions en plus de consentir un prêt de 250 millions $.

Toutefois, dans le cadre du montage financier initial, la famille Beaudoin-Bombardier a allongé une somme de 200 millions $ pour des imprévus qui, en s’ajoutant aux 250 millions $ annoncés jeudi, couvriront les dépassements de coûts.

Le projet, qui a été complété à 60 pour cent, devrait être finalisé d’ici six mois. La CDPQ n’a toutefois pas voulu s’avancer quant au moment où la cimenterie deviendrait rentable.

«Notre préoccupation, pour l’instant, c’est de (s’assurer de) remettre le projet sur les rails», s’est limité à dire M. Sabia.

Par ailleurs, le ministère de l’Économie a indiqué qu’en raison des catégories d’actions transigées, le pourcentage de la participation du gouvernement du Québec demeurait à 17,7 pour cent.

Initialement de 22,6 pour cent, cette participation était passée à 17,7 pour cent en raison de modifications aux mises de fonds des partenaires effectuées au cours de l’hiver, a-t-on expliqué.

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