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Un fils de cultivateur s'oppose à Énergie Est

Émilie Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

L’amour de la pomme de terre a mené Jean-Christophe Beauparlant à s’impliquer dans le mouvement d’opposition au projet d’oléoduc Énergie Est. Fils d’un cultivateur de ce légume racine, ce résidant de la municipalité de Lanoraie, dans Lanaudière, est devenu l’un des porte-voix de nombreux agriculteurs de la région.

«Quand j’étais jeune, je suivais mon père partout. La machinerie, les terres, j’adorais ça», a raconté à La Presse canadienne celui qui devait témoigner lundi aux audiences publiques de l’Office national de l’énergie (ONÉ), dont les travaux ont été ajournés. La municipalité de Lanoraie, qui longe la rive nord du Saint-Laurent à environ 70 km de Montréal, est située sur le tracé prévu du projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada.

La mobilisation citoyenne est grande, a souligné Jean-Christophe Beauparlant qui ne cache pas son étonnement. D’une superficie de 418 hectares, la réserve écologique des Tourbières-de-Lanoraie, un milieu humide décrété comme une zone protégée par le gouvernement du Québec, est située dans cette région.

Les terres sont autrement sablonneuses. L’acheminement d’eau est donc «vital» pour permettre aux pommes de terre de pousser, a expliqué Jean-Christophe Beauparlant. «Ce sont des bonnes terres pour faire de la production de petits fruits ou maraîchère, mais ça demande de l’irrigation, parce que sans (cette eau), même la mauvaise herbe a de la difficulté à pousser!»

Le jeune homme âgé de 23 ans reprendra éventuellement le flambeau de l’entreprise familiale de culture de la pomme de terre, Ferme Réjean Beauparlant Inc. Diplômé en techniques agricoles au cégep de Joliette, il termine sa seconde année de travail à temps plein sur la ferme de son père.

Le choix de carrière de Jean-Christophe Beauparlant, à la fin du secondaire, ne s’est toutefois pas imposé d’office. «Je me disais: « bon, je vais avoir un emploi à temps partiel en travaillant à la ferme, je n’aurai pas d’appartement à payer et je finirai mes études sans avoir de dette »», a-t-il dit.

Après avoir côtoyé ses collègues de classe au cégep et ainsi que son père sur les terres agricoles, la pomme de terre est devenue pour lui bien plus qu’un gagne-pain. «Plus ça allait, plus j’ai appris à aimer ça.»

Bien que les critiques contre le processus d’évaluation par l’ONÉ du projet Énergie Est se multiplient, le jeune agriculteur n’entendait pas boycotter les audiences publiques en annulant son témoignage reporté. «C’est une occasion de faire en sorte que l’enjeu soit connu du grand public et que l’on puisse avoir la pression populaire de notre côté», a-t-il soutenu.

Le père de Jean-Christophe et propriétaire de la ferme, Réjean Beauparlant, a par ailleurs dit avoir reçu plusieurs encouragements d’autres producteurs depuis lundi matin. Impliqué dans le mouvement d’opposition au projet Énergie Est depuis 2014, il a désigné son fils pour aller témoigner aux audiences publiques. Il donne toutefois raison aux opposants du processus d’évaluation de l’ONÉ, jugeant lui-même celui-ci de «bidon».

Lanoraie est la première municipalité du Québec à s’être vivement opposée à Énergie Est, selon son maire, Gérard Jean. De nombreuses municipalités avaient énuméré, dès 2013, des conditions à l’implantation du projet, par l’adoption de «résolutions timides», a-t-il affirmé. Depuis 2014, Lanoraie a décrété son opposition «catégorique et énergique» au projet d’oléoduc, position par la suite renforcie par l’appui «unanime» de la MRC d’Autray, qui comprend 14 autres municipalités.

M. Jean a reconnu, lundi en fin d’après-midi, qu’il ne savait pas quelle posture adopter face aux audiences publiques, à savoir s’il entend inviter à leur boycottage, comme le maire de Montréal, Denis Coderre, l’a fait. Il ne voudrait pas, par exemple, décourager les citoyens de Lanoraie de s’exprimer. Le maire devait se présenter à Montréal mardi après-midi. L’ONÉ a toutefois annoncé, lundi en soirée, la prolongation de l’ajournement de ses travaux pour la journée de mardi.

Note aux lecteurs: Dans une version précédente, la Presse canadienne a écrit erronément que M. Beauparlant avait étudié au cégep de Jonquière. En réalité, il a étudié au cégep de Joliette.

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