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Un policier voyeur de la SQ est destitué

Photo: Yves Provencher/Métro
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Un sergent de la Sûreté du Québec (SQ) qui comptait plus de 20 ans d’expérience a été destitué de ses fonctions de policier pour avoir épié les ébats sexuels de clients d’un hôtel de Québec situé à proximité de l’Assemblée nationale.

La sanction du Comité de déontologie policière est tombée mardi: le sergent Stéphane Demers s’est vu imposer la plus sévère prévue, soit la destitution.

Il lui était reproché d’avoir visionné, à l’aide d’une caméra de surveillance mise à sa disposition, l’intérieur de chambres des hôtels Hilton Québec et Delta Québec alors qu’il y avait des occupants, portant ainsi atteinte à leur vie privée.

M. Demers a abusé de son autorité et n’a pas respecté la loi, peut-on lire dans la citation.

Les faits reprochés se sont déroulés entre 2010 et 2012 alors que l’homme était sergent par intérim au service de sécurité de l’Assemblée nationale. Durant les sessions intensives de l’Assemblée, il était le plus haut gradé de 23 h jusqu’à 7 h.

Stéphane Demers s’est fait reprocher d’avoir utilisé la caméra numéro 81 de l’Assemblée nationale pour visionner et zoomer dans les chambres du Hilton Québec en s’attardant principalement lorsqu’il pouvait constater la présence d’occupants dans celles-ci, est-il résumé dans la décision du Comité de déontologie policière.

«Même si la caméra ne lui permettait pas de découvrir l’identité de ses occupants en raison de la qualité de l’image, il pouvait, à tout le moins, voir certaines de leurs caractéristiques physiques et leurs interactions lorsque les rideaux de leur chambre n’étaient pas tirés», est-il précisé.

Le sergent Demers admet avoir été confronté sur ses agissements par des collègues de travail.

Il a aussi reconnu avoir dérogé à deux des six chefs reprochés. Les quatre autres ont ensuite été retirés, dont ceux visant l’hôtel Delta Québec.

Une recommandation commune sur la sanction — une suspension de 16 jours — a été rejetée par le Comité, qui l’a jugée «déraisonnable, contraire à l’intérêt public et susceptible de déconsidérer l’administration de la justice».

«Dans le présent dossier, les fautes déontologiques commises par le sergent Demers sont extrêmement graves, car elles comportent de la négligence, de l’insouciance et elles ont affecté de façon importante la confiance et la considération que requiert la fonction de policier», est-il écrit.

M. Demers ne fait pas honneur à la fonction qu’il occupe, juge le président du Comité, Pierre Gagné.

«En effet, il n’a pas agi de façon irréfléchie. Au contraire, il a même été confronté par les gardiens-ouvriers qui lui ont exprimé leur malaise face à son comportement et certains lui ont même demandé de cesser. Pourtant, il s’est entêté dans son comportement scandaleux qui s’est étendu sur une période de plusieurs mois. Il a donc agi en toute connaissance de cause», tranche-t-il.

Stéphane Demers était policier au sein de la Sûreté du Québec depuis 1989.

Aucune accusation criminelle n’a été déposée contre lui. Il n’avait pas d’antécédents déontologiques. Il avait même reçu la médaille de la police pour services distingués en reconnaissance de 20 années de conduite exemplaire au service de l’ordre public au Canada. Des articles de journaux faisant état de ses gestes de bravoure ont été déposés à l’audience.

Contactée mardi, l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec n’a pas voulu commenter la décision.

Quant à l’Assemblée nationale, elle dit avoir pris des mesures à l’encontre de certains de ses employés qui travaillaient à ce moment comme gardiens de sécurité. Selon la décision du Comité de déontologie policière, trois gardiens auraient été congédiés pour s’être servis aussi de la caméra à des fins inappropriées.

Mais puisqu’il y a un litige devant les tribunaux, l’Assemblée ne veut pas faire de commentaire «afin de préserver l’intégrité du processus judiciaire», a écrit une porte-parole dans un courriel.

Après ces événements, l’Assemblée dit que désormais, l’image des caméras de surveillance est brouillée lorsque les caméras sont dirigées sur un immeuble avoisinant, que le personnel de la Direction de la sécurité a été rencontré et sensibilisé et qu’un document encadrant l’utilisation du système de vidéosurveillance a été rédigé afin de s’assurer d’une utilisation professionnelle et éthique du système.

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