Soutenez

Québec prépare le Sommet sur l'alimentation

Photo: Métro
Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Ce n’est qu’en 2018 — en pleine année électorale — que la politique bioalimentaire du gouvernement Couillard sera dévoilée, ce qui déçoit à la fois les principaux acteurs du secteur agricole ainsi que les partis d’opposition, toujours en attente de mesures concrètes pour relancer l’industrie.

En attendant, le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, a présenté mardi la démarche visant à préparer le sommet sur l’alimentation prévu à l’automne 2017 et qui placera le consommateur au coeur des préoccupations.

Accompagné du chef et animateur Ricardo Larrivé et de l’agroéconomiste et investisseur d’Anges Québec Claude Lafleur au marché Jean-Talon, dans la Petite Italie, M. Paradis a annoncé la tenue de trois rencontres, qui s’échelonneront d’octobre jusqu’à mai, afin d’aller à la rencontre des consommateurs et membres de l’industrie agricole.

Néanmoins, ce sont principalement les dossiers de l’achat local, des prix, du temps des consommateurs, de leur santé ainsi que de l’identification des produits qui seront au coeur des discussions devant mener à l’élaboration de la prochaine politique bioalimentaire.

Pour M. Larrivé, le but de la démarche vise à éviter d’éroder la confiance du public à l’égard du secteur agroalimentaire.

«Il y a des pays, comme en Chine, où ça ne va vraiment pas bien parce que les gens se demandent ce qu’ils mangent, a-t-il expliqué. Quand on regarde ce qui se passe ailleurs, on se dit « avons-nous le temps d’attendre d’être rendus là? »»

Même si la politique bioalimentaire n’est que pour dans deux ans, M. Paradis a assuré que cela ne freinerait pas la prise de décisions, par exemple en ce qui a trait à l’identification et la traçabilité des produits.

Le ministre de l’Agriculture a cité l’exemple de l’État américain du Vermont, où l’étiquetage des OGM est obligatoire depuis le 1er juillet.

«Cela ne veut pas dire que l’on va attendre la fin des sommets avant de prendre des décisions», a dit M. Paradis, sans toutefois se prononcer sur le moment où l’étiquetage des OGM pourrait devenir obligatoire.

Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec, qui reprochent au gouvernement Couillard de reporter de deux ans l’élaboration d’une véritable stratégie agroalimentaire, ainsi que l’industrie, qui craint d’être laissée de côté au profit des consommateurs, sont demeurés sur leur appétit.

«Tout est remis à dans deux ans et c’est l’économie du Québec qui en souffre», a déploré le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, qui parlait également au nom de l’Association des détaillants en alimentation du Québec et du Conseil de la transformation alimentaire du Québec.

Il n’a pas caché sa déception après avoir constaté que la démarche du ministre Paradis ne se penchait pas sur le sous-investissement en production et en transformation, le retard en recherche et développement ainsi que la rareté de main-d’oeuvre.

«Juste en se basant sur la moyenne des pays de l’OCDE, le Québec devrait investir 85 millions $ de plus par année en recherche et développement», a affirmé le président du syndicat qui représente les producteurs agricoles de la province.

En attendant, déplore M. Groleau, de nombreux agriculteurs reportent leurs investissements.

D’après Statistique Canada, entre 2006 et 2015, les dépenses en immobilisations dans le secteur agricole québécois ont grimpé de 23 pour cent pour s’établir à 609 millions $, alors qu’en Ontario, elles ont presque doublé (94 pour cent), pour atteindre 1,4 milliard $.

Le président de l’UPA espère également que les consultations auprès des consommateurs ne se transformeront pas en «exercice de relations publiques» qui viendront plomber la compétitivité des entreprises agricoles québécoises, une préoccupation partagée par les producteurs de grains du Québec.

«Le consommateur est déjà au coeur de l’industrie, a dit M. Groleau. Nous avons déjà fait beaucoup de progrès en ce qui a trait au bien-être animal ainsi qu’en matière de gestion des pesticides. Le Québec est déjà en avance à bien des égards sur les préoccupations de la population.»

Le porte-parole des producteurs de grains du Québec, Alain Beaudry, espère quant à lui que le dévoilement de la politique, en 2018, ne sacrifiera pas des producteurs afin de satisfaire une poignée d’électeurs.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.