Soutenez

Oléoduc: Leitao soulève des questions sur l'ONÉ

Quebec Finance Minister Carlos Leitao responds to reporters questions on taxi and Uber before entering a party caucus meeting, Tuesday, April 19, 2016 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: Archives Métro
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La suggestion du ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, de faire table rase et recommencer au complet le processus d’évaluation du projet Énergie Est par l’Office national de l’énergie (ONÉ) suscite des réactions mitigées au Québec.

M. Leitao a fait cette déclaration dans une entrevue au «Wall Street Journal», qui fait état d’une forte opposition au projet d’oléoduc au Québec.

Interrogé sur cette suggestion à Québec mercredi, le ministre de l’Environnement, David Heurtel, n’a pas voulu suivre son collègue des Finances sur cette voie, indiquant qu’il n’était pas de son ressort «de commenter ou de ne pas commenter les propos d’un collègue».

Il a répété à quelques reprises que la démarche de l’ONÉ et un éventuel retour à la case départ ne relevaient pas de la juridiction de son gouvernement.

«C’est une décision qui va devoir être prise par le gouvernement fédéral», a-t-il dit.

Le ministre Heurtel a rappelé que le Québec mène sa propre évaluation du projet par le biais du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et que cette démarche est conforme aux lois et règlements du Québec.

«Le BAPE va être saisi du dossier suite à l’analyse rigoureuse qui est présentement en cours par le ministère de l’Environnement de l’étude d’impact qui a été déposée par TransCanada.»

De son côté, le chef intérimaire de l’opposition péquiste, Sylvain Gaudreault, a reproché au gouvernement Couillard de ne pas défendre ses propres positions dans le dossier de l’oléoduc Énergie Est, du promoteur TransCanada.

«On a un gouvernement qui ne se tient pas debout», a-t-il soutenu.

Il a rappelé que le gouvernement libéral avait imposé sept conditions pour que ce projet soit acceptable à ses yeux dont, notamment, des retombées économiques significatives, mais qu’on avait abandonné en cours de route l’idée d’un port au Québec.

«Ça va être juste un tuyau qui va passer dans le sol pour faire transiter du pétrole au Québec», a illustré M. Gaudreault.

«J’aimerais que M. Leitao, au lieu d’essayer de pérorer sur l’utilité ou non d’une instance comme l’Office national de l’énergie dans un journal américain, j’aimerais qu’il nous dise quelles sont les retombées économiques concrètes du projet Énergie Est.»

Le processus d’évaluation de l’ONÉ a dû être interrompu et trois commissaires de l’organisme se sont récusés après qu’il eut été rendu public que deux d’entre eux avaient rencontré l’ex-premier ministre Jean Charest, alors que celui-ci était consultant pour TransCanada.

L’avenir d’Énergie Est en cause?

Le ministre Heurtel a par ailleurs refusé de commenter les informations voulant qu’Ottawa privilégie désormais une voie de passage du pétrole des sables bitumineux d’Alberta vers l’ouest, par l’oléoduc Trans Mountain, plutôt que vers l’est avec l’oléoduc Énergie Est de TransCanada.

«Je ne commenterai pas les rumeurs», s’est contenté de répondre M. Heurtel.

Le projet Trans Mountain a reçu le feu vert de l’ONÉ en mai dernier, malgré l’opposition de la Colombie-Britannique et de Vancouver, par où il doit transiter.

Quant au «Wall Street Journal», celui-ci rapporte également les propos de Robert Hope, analyste en infrastructures énergétiques à la Banque Scotia, dans une note aux investisseurs, où il affirme que «l’opposition au projet est trop forte pour être surmontée».

Dans sa note, l’institution évalue à 25 pour cent les chances de réussite du projet, qui doit transporter jusqu’au Nouveau-Brunswick 1,1 million de barils de pétrole brut par jour en provenance des sables bitumineux dont la quasi-totalité est destinée à l’exportation.

Dans son entrevue au quotidien financier new-yorkais, Carlos Leitao a également rappelé que le pipeline doit traverser les sources d’alimentation en eau potable de millions de Québécois, qu’on ne peut aborder un tel dossier «de manière cavalière» et qu’il est nécessaire d’analyser toutes les questions de sécurité qu’implique ce projet.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.