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Transferts en santé: Trudeau reste muet

Fannie Olivier, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Justin Trudeau reste muet sur les sommes qu’Ottawa envisage d’accorder aux provinces en transferts pour la santé, tout en les prévenant que les Canadiens en ont assez des chicanes entre ordres de gouvernement.

Le torchon brûle entre Ottawa et Québec au sujet des sommes que versera le fédéral pour les soins de santé et sur les modalités qu’il pourrait imposer. Québec souhaite plus d’argent que ce que les conservateurs avaient prévu à l’origine pour 2017, ainsi qu’une enveloppe sans condition.

En point de presse à Ottawa, mercredi, le premier ministre n’a pas voulu rassurer Québec sur l’une ou l’autre de ses demandes.

Il a plutôt fait valoir que les Canadiens en avaient assez des gouvernements qui s’accusaient mutuellement.

«Franchement, ce que nous avons vu au cours des dernières années, c’est que les Canadiens sont fatigués des gouvernements qui se montrent du doigt et s’accusent l’un l’autre de différents défauts», a-t-il soutenu.

«Ils veulent que les paliers de gouvernement travaillent ensemble, spécialement sur quelque chose d’aussi important que les soins de santé», a-t-il tranché.

En entrevue téléphonique, le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, a admis se sentir visé par les propos exprimés «avec élégance» par M. Trudeau, mais il rappelle que ce sont les patients qui écoperont si la hausse des transferts est abaissée à 3 pour cent, comparativement à 6 pour cent, comme c’était le cas depuis 2004.

«Au bout de la ligne, ce n’est pas une chicane fédéral-provincial. C’est un débat dans l’intérêt des citoyens et des citoyennes», a fait valoir M. Barrette.

M. Barrette dénonce depuis des mois l’intention des libéraux de s’en tenir à une augmentation des transferts de 3 pour cent — soit ce qu’avaient décidé les conservateurs de Stephen Harper — et de vouloir imposer ses conditions avec une enveloppe destinée uniquement aux soins à domicile.

Le ton a monté d’un cran quand M. Barrette a accusé son homologue fédérale Jane Philpott d’avoir «coulé» dans les médias une lettre le prévenant qu’elle déduirait des transferts au Québec la somme totale payée par les patients québécois en frais accessoires.

M. Barrette piaffe devant l’inaction du gouvernement fédéral, alors qu’il accuse Ottawa de ne pas négocier avec les provinces. «Le premier sujet à débattre est la hauteur du transfert. On n’en a pas, de discussions», a-t-il déploré.

«Je pensais que le gouvernement libéral voulait se distancer du gouvernement conservateur. Là, j’ai l’impression que le gouvernement libéral, en matière de santé, est très conservateur», a-t-il lancé.

M. Barrette a rappelé par ailleurs que d’imposer des conditions pour des dépenses de compétence provinciale comme la santé contrevient au principe de «fédéralisme asymétrique».

Questionné en point de presse pour savoir si des conditions allaient être imposées pour les transferts, M. Trudeau n’a pas répondu directement, mais il a fait valoir que «les soins à domicile sont importants pour tous les Canadiens».

«Les Canadiens s’attendent à avoir un système de santé qui fonctionne, qui comble leurs besoins et leurs préoccupations, qui s’ajuste à une population vieillissante, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles nous avons pris des engagements très forts pour hausser les soins à domicile», a-t-il noté.

En campagne électorale, M. Trudeau avait promis d’investir «immédiatement» la somme de 3 milliards sur quatre ans pour les soins à domicile à travers le pays. Un an plus tard, la somme n’a toujours pas été versée.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair s’est rangé du côté de Québec, en insistant sur le fait que le dossier des frais accessoires qui a fait grand bruit dans les médias était devenu une source de distraction. «Le problème de fond, c’est que M. Trudeau continue exactement dans la même veine que M. Harper en ce qui concerne les coupures en santé», a-t-il soutenu.

À ses yeux, amputer les transferts du Québec du montant imposé en frais accessoires contribue à exacerber inutilement les tensions avec la province.

«Les libéraux n’ont jamais changé, a-t-il affirmé. Une bonne vieille chicane constitutionnelle fait partie de leur ADN, malheureusement.»

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