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Chefferie du PQ: échanges animés sur la langue et l’identité

Photo: Mario Beauregard/Métro
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les candidats à la direction du Parti québécois ont débattu pour une dernière fois avant que leurs membres ne commencent à voter dans dix jours, et c’est le sujet de la langue qui a mis le feu aux poudres cette fois-ci.

Dans un Monument national plein à craquer, dimanche après-midi, les esprits se sont surtout échauffés lorsque Martine Ouellet a reproché à l’un des meneurs de la course, Alexandre Cloutier, «d’abdiquer» sur l’affichage unilingue en français, qu’elle souhaite imposer en invoquant la clause dérogatoire s’il le faut.

M. Cloutier a martelé qu’il souhaitait se concentrer d’abord sur l’imposition de la langue française dans le milieu du travail. Les partisans de Mme Ouellet, qui semblaient nombreux dans la salle, ont copieusement hué M. Cloutier à ce moment.

«C’est une approche qui est assez molle, je pense qu’on peut tout à fait en même temps régler la question de l’affichage (…) et du travail», a-t-elle soutenu en point de presse.

Les trois autres candidats ont toutefois affirmé qu’ils n’avaient pas l’intention de mettre de l’avant la politique défendue par leur adversaire.

Paul St-Pierre Plamondon a dit que cette politique n’était pas dans sa plateforme, M. Cloutier a soutenu qu’il souhaitait se concentrer sur les mesures de francisation, tandis que M. Lisée a affirmé qu’il ne souhaitait pas détruire le «consensus» qui avait apparemment la bénédiction du «père de la loi 101», Camille Laurin en 1998.

Mme Ouellet, qui est troisième selon les derniers sondages, s’est montrée très combative tout le long du débat et lors du point de presse après le débat.

Devant les journalistes, elle a accusé M. Lisée de «faire une campagne de peur» sur son intention de mener un référendum dans un premier mandat. «Des fois, j’ai envie de lui dire : Stéphane Dion sort de ce corps!», a-t-elle lancé.

Visiblement irrité, Jean-François Lisée n’a pas souhaité commenter la saillie de Mme Ouellet, affirmant que «ça lui appartenait».

Dans les dernières semaines, la course s’est resserrée entre les candidats Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée. Le ton a d’ailleurs monté récemment alors que M. Lisée a laissé entendre que M. Cloutier avait reçu l’appui du controversé prédicateur Adil Charkaoui.

Le hasard a choisi que MM. Lisée et Cloutier débattent de laïcité, mais les échanges sont restés très respectueux. M. Cloutier a rappelé son engagement à adopter les recommandations de la commission Bouchard-Taylor et à s’opposer au projet de loi du gouvernement libéral sur la neutralité religieuse. M. Lisée a soutenu qu’il voterait pour le projet de loi libéral «parce que c’est quand même quelque chose».

«Moi, je veux voir M. Couillard, avec un vote unanime de l’Assemblée nationale, se faire dire par Justin Trudeau qu’il n’a pas le droit de faire ça», a-t-il souligné.

M. Cloutier a insisté sur l’importance d’adopter les mesures qui font consensus sur cette question. «La dernière chose que le mouvement souverainiste a besoin, ce sont de nouvelles lignes de fractures sur la laïcité», a-t-il plaidé.

Jean-François Lisée avait annoncé son intention de revisiter la question de l’interdiction du port de signes religieux chez les fonctionnaires, ce qu’il n’a pas répété au débat, a tenu à souligner M. Cloutier en point de presse, ajoutant que son adversaire annonçait son appui au projet avant même que les débats ne commencent.

M. Lisée a rétorqué qu’il avait toujours la même position, qu’il défendrait dans son intégralité lorsque le Parti québécois sera porté au pouvoir. «C’est sûr que les libéraux ne proposent pas ni ma position, ni celle d’Alexandre, ils proposent la leur. Alors on a le choix de dire non tant qu’on n’a pas exactement ce qu’on veut, ce qui, selon moi, n’est pas bon pour le Québec», a-t-il indiqué.

Nouveau venu au PQ, Paul St-Pierre Plamondon, a tenté de se démarquer de ses adversaires en énonçant ses propositions et en rappelant son parcours de juriste. Il a notamment souligné l’importance de revaloriser la culture québécoise, d’élaborer une constitution avec les Québécois, et de favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes.

«Je refuse de voir mourir le PQ», a-t-il lancé à la fin du débat, soulignant l’importance pour le parti de se rapprocher des jeunes.

M. St-Pierre-Plamondon a d’ailleurs lancé un cri du cœur aux médias lors de son point de presse, leur demandant d’aborder ses propositions dans leurs nouvelles.

«Je suis dans la course, j’ai de plus en plus d’appuis et j’apporte des idées nouvelles dans cette course-là. Je fais un appel aux médias (…) Je suis là, alors merci de relayer toutes les idées de tous les candidats», a-t-il dit aux journalistes.

Nombreux consensus

Mis à part ces deux sujets, les consensus étaient nombreux lors du débat, qui portait également sur la culture, l’éducation et la santé.

L’idée de réinvestir dans les Centres de la petite enfance (CPE) qui avaient été mis sur pied par le Parti québécois dans les années 1990 a été défendue avec vigueur par Paul St-Pierre Plamondon et Alexandre Cloutier. Jean-François Lisée s’est même dit en faveur d’un «horizon de gratuité» pour les CPE.

Les aspirants à la direction ont d’ailleurs tiré à boulets rouges sur le gouvernement libéral quant à son bilan sur la santé. «Notre système de santé est malade et ce sont des médecins qui l’ont rendu malade», a affirmé Martine Ouellet, évoquant les noms de Philippe Couillard et Gaétan Barrette notamment.

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