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Les arrêts de bus, les mal-aimés du transport en commun

Photo: Google Maps

Les usagers des services d’autobus peuvent passer beaucoup de temps à attendre le véhicule qui les amènera à leur destination. Les arrêts de bus ne sont toutefois pas toujours des lieux conviviaux, bien qu’ils soient un facteur important à considérer dans la grande réflexion sur les transports en commun, selon des intervenants consultés par TC Média.

Selon le directeur général de l’organisme Vivre en ville, Christian Savard, les arrêts d’autobus sont «très symboliques de la place qu’on veut donner à ce moyen de transport».

«Quand on traite bien les abribus, que ça soit par leur situation ou par leur beauté, ça démontre qu’on traite bien ce mode de transport-là, que ce n’est pas quelque chose qu’on fait parce qu’on est obligé de le faire», observe celui qui est à la tête d’un organisme se dédiant au développement de collectivités viables.

«On peut comprendre que certains automobilistes n’aient pas le goût d’essayer le bus quand ils voient certains arrêts» – Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en ville

Pour Florence Junca-Adenot, professeure en études urbaines à l’UQAM, les améliorations apportées aux arrêts d’autobus sont un encouragement pour les citoyens à prendre les transports collectifs. «Il y a des améliorations, depuis 10 ou 15 ans, mais il faut aller plus loin», avance-t-elle.

Celle qui a dirigé l’Agence métropolitaine de transport (AMT) pendant huit ans énumère d’ailleurs quatre types de critères qui font qu’un arrêt de bus est bien aménagé. Elle souligne l’importance du choix du lieu et son accessibilité physique («vous n’avez pas envie de traverser une autoroute pour aller dans l’abribus de l’autre côté, dit-elle. C’est le gros bon sens»), la protection contre les intempéries (le vent, la neige, la pluie), l’inclusion d’avancées technologiques (Wi-Fi disponible et information en temps réel sur les passages, par exemple) et son attrait esthétique (l’arrêt ou l’abribus doit donner une impression de sécurité et être dans un environnement agréable).

D’après M. Savard, un bon arrêt d’autobus est d’abord adapté à son achalandage. «Plus qu’il peut y avoir de personnes qui attendent, plus il faut le faire spacieux», dit-il. Il prend l’exemple de «son» arrêt à Montréal, celui de la ligne 55 au métro Saint-Laurent. «Pourquoi on est encore pris dans un terrain de garnotte avec un tout petit abribus? Au nombre d’usagers qu’il y a là, on mériterait de mieux les traiter.» S’il n’y a pas beaucoup d’achalandage, rien n’empêche de faire un abribus plus petit, croit quant à elle Mme Junca-Adenot. «C’est un choix que font les sociétés de transport. Vous pouvez miser sur le fait que, si vous répondez à un certain nombre de critères qui rendent agréable l’arrêt d’autobus, vous risquez d’attirer plus de monde en termes d’achalandage. C’est comme la saucisse Hygrade!», fait-t-elle valoir.

«Il ne faut pas se dire que s’il n’y a pas de monde, on va juste mettre un poteau. Il faut peut-être interroger les gens autour. Est-ce que, si vous aviez un abris plus confortable, vous viendriez y attendre le bus?» – Florence Junca-Adenot, professeure en études urbaines à l’UQAM

Christian Savard croit d’ailleurs que le réseau d’autobus à Montréal est négligé par rapport au métro, même s’il transporte beaucoup d’usagers. En effet, on compte à Montréal plus de 187 millions de déplacements en autobus enregistrés par la STM en 2015. Il s’agit de 43% de tous les déplacements sur le réseau (métro et autobus).

À Montréal, les emplacements des abribus de la Société de transport de Montréal (STM) sont choisis en fonction de l’achalandage, de l’offre de service et des conditions d’attente, des demandes de la clientèle, des espaces physiques et des normes municipales, confirme sa porte-parole, Amélie Régis. La STM a choisi de ne pas chauffer ses abribus pour des questions environnementales et financières, alors que vingt abribus tempérés existent dans le Réseau de transport de la Capitale (RTC), à Québec. Ils permettent de monter la température à 5 degrés Celcius environ, un plus pour les usagers.

Outre les questions financières, des jeux de consensus et de négociations entrent en ligne de compte quand il s’agit d’aménager des arrêts d’autobus. «Il faut qu’il y ait une entente avec un arrondissement, une ville, la société de transport, les commerçants, les résidants. On ne peut pas mettre un abribus n’importe où», précise Mme Junca-Adenot. «Il y a de la sensibilisation à faire sur l’importance de ce que l’arrêt d’autobus représente et va représenter de plus en plus pour les utilisateurs», commente-t-elle.

Le pire et le meilleur

En août, TC Media a demandé à ses lecteurs de lui soumettre ce qu’ils considéraient comme étant les pires et les plus sympathiques arrêts d’autobus. Christian Savard a accepté de livrer ses impressions sur certains d’entre eux.

À Montréal

Au coin du boulevard Saint-Joseph et de la rue d’Iberville

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Et

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Les arrêts sont contre de hauts murs de béton. Ils se trouvent sur le trottoir, qui est partagé par les cyclistes et les piétons.

L’avis de Christian Savard:

«Malgré le fait que t’es dans un endroit un peu inhospitalier ou difficile à traiter, il y a moyen, avec un peu d’ingéniosité, de faire quelque chose. Dans ce cas-là, par exemple, qu’est-ce que ça serait d’ajouter une petite marquise pour que les gens soient protégés de la pluie?».

Sur la rue Notre-Dame ouest

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L’arrêt, dans une des deux directions, est sur le bord d’un trottoir. Mais de l’autre côté de la rue, il n’y a aucun trottoir ou passage piétonnier pour traverser et s’y rendre. L’intersection suivante est à quelques centaines de mètres, à l’ouest. Les murets de béton autour du poteau qui marque l’arrêt sont déplacés, ce qui permet aux utilisateurs du bus d’attendre sans être dans la rue.

L’avis de Christian Savard:
«Parfois, ce n’est pas la faute du transport en commun. Parfois, c’est à cause du milieu d’accueil, quand tu construis des banlieues très étendues, dans des grandes zones faites pour du camionnage ou pour la voiture à 100%. Il ne faut pas se surprendre qu’après ça, le parent pauvre soit le petit poteau avec la pancarte de la STM. Mais s’il y a un arrêt là, c’est que ça dessert du monde et que des gens en ont besoin.»

Sur la rue Rachel est

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La lectrice qui a soumis cet arrêt l’a choisi parce qu’il est, selon elle, dangereux quand on est avec un enfant. «C’est une ignominie pure!» a-t-elle fait valoir à TC Media.

L’avis de Christian Savard:
«Faut que tu te tiennes sur le trottoir, c’est sûr, et que tu t’avances au bon moment pour que le chauffeur te voit et arrête, sinon t’es vraiment pris entre le flot des cyclistes et le flot des voitures. Ça montre bien que, parfois, les modes de transport autres que l’auto doivent se partager un espace qui n’est pas gros!»

À Boucherville

Sur le bord de la route 132, au coin Montbrun

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Cet arrêt a été soumis par Jean-Michel Laliberté, le porte-parole de l’Association pour le Transport Collectif de la Rive-Sud (ATCRS). Cette association reproche le manque d’éclairage (ce qui complique notamment l’embarquement le soir venu) et de trottoir à cet arrêt. Il est situé auprès d’une route à trois voies dans chaque direction. De plus, les autobus du CIT Sorel-Varennes y passent pour embarquer les passagers vers Sorel, mais il est impossible d’y débarquer.

L’avis de Christian Savard:
«Je ne pense pas que c’est le genre d’endroit qui va valoriser le transport en commun et qui va convaincre les automobilistes qui passent pas là que c’est une option pour eux. Dans certains endroits, ça fait vraiment pitié, le transport en commun est la 8e priorité et on fait le minimum, c’est évident.»

D’autres candidats au titre de «pires arrêts d’autobus», soumis par des lecteurs

À Montréal

Aux Galeries d’Anjou

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Au coin de l’avenue Papineau et de la rue Des Carrières

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Sur le boulevard Gouin est

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À Longueuil

Sur le boulevard Marie-Victorin

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À Québec

Sur la rue Vaillancourt

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Arrêts jugés «bons» ou «inspirants»

À Montréal

Sur la rue Sainte-Catherine est

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À Longueuil

Sur le boulevard Roland-Therrien

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À Valleyfield

Sur la rue Dufferin

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