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Santé: poursuite du dialogue de sourds

Minister of Health Jane Philpott responds to a question during question period in the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa on Thursday, Sept. 29, 2016. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne
Fannie Olivier, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le dialogue de sourds se poursuit sur l’enjeu des transferts en santé, Ottawa refusant que son rôle se limite à celui d’ouvrir le portefeuille, et Québec continuant d’exiger plus d’argent, sans conditions.

La ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, et son homologue québécois Gaétan Barrette étaient tous deux les invités d’une même conférence à Ottawa, jeudi.

Première à prendre la parole, la ministre Philpott a lancé une boutade en affirmant que ceux qui s’attendaient à une «chicane» entre les deux paliers de gouvernement seraient déçus.

«Les soins de santé ne constituent pas un enjeu partisan. Ce n’est pas quelque chose sur lequel nous devons nous disputer, mais collaborer», a insisté Mme Philpott devant des intervenants du milieu de la santé.

En réalité, même si le ton est resté poli, les positions d’Ottawa et de Québec paraissent encore irréconciliables.

Mme Philpott a annoncé cette semaine que la hausse des transferts en santé passera de 6 à 3 pour cent cette année, comme l’avait à l’origine prévu l’ancien gouvernement conservateur. À cela s’ajoute une enveloppe séparée de 3 milliards $ sur quatre ans destinée aux soins à domicile.

De son côté, M. Barrette demande le maintien des transferts à 6 pour cent, et surtout, il affirme qu’il n’acceptera pas que l’enveloppe pour les soins à domicile soit assujettie à des conditions.

C’est que Mme Philpott insiste sur le droit d’Ottawa d’exiger des comptes lorsque des sommes sont dépensées.

«Je suis convaincue que nous avons une obligation, comme gouvernement du Canada, de faire plus que simplement ouvrir le portefeuille fédéral, a-t-elle lancé. Nous avons besoin de nous assurer que l’argent neuf ne fait pas que gonfler les systèmes de santé, qui sont, pour être honnête, parfois inefficaces et certainement fragmentés.»

Dans sa présentation, M. Barrette lui a répondu du tac au tac. Oui, les provinces doivent rendre des comptes. Mais elles doivent le faire auprès des électeurs, pas d’Ottawa.

«Si la reddition de comptes est faisable (…), elle se fait auprès, au Québec, de l’Assemblée nationale du Québec. C’est nous, dans les provinces, qui avons à répondre aux citoyens», a-t-il fait valoir.

Lettre des PM

Québec peut compter sur plusieurs alliés dans sa lutte. En effet, les premiers ministres des provinces et territoires ont demandé formellement une rencontre avec Justin Trudeau pour discuter exclusivement du financement en santé. Et ils semblent vouloir utiliser leur collaboration dans le dossier des changements climatiques comme monnaie d’échange.

Le premier ministre du Yukon, Darrell Pasloski, qui préside le groupe représentant les premiers ministres des 10 provinces et trois territoires du Canada, a présenté les demandes du Conseil de la fédération dans une lettre transmise au premier ministre Trudeau le 15 septembre.

«Dans un esprit de collaboration et pour refléter l’importance de l’enjeu, nous croyons que la tenue de cette rencontre devrait être confirmée avant la rencontre des premiers ministres sur les changements climatique et la croissance propre», a écrit M. Pasloski.

Dans sa missive, M. Pasloski précise que si la rencontre n’a pas lieu, les libéraux devraient retarder leur projet de modifier la formule déterminant les augmentations annuelles des transferts en santé.

Il souligne que les premiers ministres avaient déjà demandé une rencontre avec M. Trudeau pour discuter du financement à long terme des soins de santé, mais que cette requête était demeurée sans réponse.

La lettre tombe à pic, aux yeux de M. Barrette. «Ce n’est pas un hasard. C’est parce que les premiers ministres des provinces et des territoires sont pris avec un enjeu qui n’est pas solvable. On ne peut pas le résoudre cet enjeu-là. Et nous, on veut donner des services, et on n’en nous donne pas les moyens», a-t-il déploré.

Les premiers ministres des provinces et territoires estiment que les modifications à la formule de financement, qui doivent entrer en vigueur pour l’exercice financier 2017-2018, pourraient leur coûter 1 milliard $ l’an prochain.

Mme Philpott doit rencontrer les ministres de la Santé des provinces le 18 octobre. Une réunion entre Justin Trudeau et ses homologues devrait se tenir au cours du mois de novembre.

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