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Construction: retards qui nuisent à la concurrence

Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Malgré leurs doléances maintes fois répétées à cet effet, des entrepreneurs en construction doivent encore subir des délais de plusieurs mois avant d’être payés par des autorités publiques. Ces retards de paiement sont tels qu’ils finissent parfois par nuire à la concurrence, déplore l’Association de la construction du Québec.

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, jeudi, à la veille de son congrès annuel, la présidente de l’Association de la construction du Québec, Manon Bertrand, a rapporté que la situation ne s’était guère améliorée, en matière de retards de paiement pour des contrats publics, bien que les entrepreneurs se soient plaints de la situation à maintes reprises.

La situation avait d’ailleurs été abordée par la Commission Charbonneau.

Ces entrepreneurs en construction doivent payer leurs ouvriers et leurs sous-traitants, mais ils attendent parfois 120 jours, voire six mois, avant d’être à leur tour payés par un ministère ou une municipalité, rapporte Mme Bertrand.

«On a vu des cas jusqu’à un an. Le ‘cash flow’ que ça prend pour ces entrepreneurs-là, c’est énorme!», a-t-elle fait remarquer.

Elle attribue cette situation au fait que toute facture ou réclamation est vérifiée et revérifiée, à cause d’un certain manque de confiance qui persiste de la part des autorités publiques face aux entreprises de construction.

«Certains entrepreneurs vont dire ‘moi, je ne vais pas soumissionner là, c’est six mois à un an avant d’être payé’. Donc ça veut dire qu’on a moins de concurrence pour certains contrats», ce qui est ultimement le contraire de l’effet recherché, déplore Mme Bertrand.

Le gouvernement lui a répondu que le problème devrait être réglé en avril ou au printemps prochain, mais Mme Bertrand soupire: «il faut vraiment, que ça soit vraiment, vraiment réglé».

Autorités des marchés publics

L’Association de la construction, qui représente 17 000 entreprises des secteurs institutionnel, commercial et industriel dans l’ensemble du Québec, s’intéresse également à la future Autorité des marchés publics — une recommandation de la Commission Charbonneau.

Mme Bertrand croit que les municipalités, particulièrement les plus petites, devraient être soumises à cette Autorité des marchés publics, parce qu’elles n’ont pas toujours l’expertise en matière d’octroi de contrats de construction.

«Avec la Commission Charbonneau, on se rend compte que les entrepreneurs qui travaillent avec le municipal nous font part du fait que c’est rendu très difficile. Pas nécessairement parce que les municipalités ne veulent pas collaborer, mais parce qu’elles ne savent plus jusqu’à quel niveau elles peuvent collaborer avec les entrepreneurs et elles ne savent plus où se référer», rapporte Mme Bertrand.

Elle croit donc que l’Autorité des marchés publics pourrait aider ces municipalités. «Ça serait profitable pour elles d’avoir des experts pour les aider», précise-t-elle.

Sur d’autres plans, l’ACQ, qui a élaboré un programme d’intégrité dont ses membres peuvent se prévaloir, souligne qu’une vingtaine d’entrepreneurs s’en sont prévalus jusqu’ici. L’organisme de certification qui doit aussi voir le jour dans ce cadre devrait bientôt prendre forme.

L’ACQ se prépare également pour la prochaine négociation des conventions collectives dans l’industrie de la construction, qui devrait commencer au printemps prochain.

Mme Bertrand, la première femme à diriger l’Association de la construction, commencera son quatrième mandat à l’occasion du congrès, qui se déroule à Gatineau vendredi et samedi.

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