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Lacunes chez Pêches et Océans, déplore Gelfand

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick
Fannie Olivier, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les stocks de poissons décimés pourraient avoir du mal à se regarnir, alors que Pêches et Océans Canada n’a pas de plan de rétablissement pour 80 pour cent des stocks situés dans une «zone critique».

Dans son rapport automnal déposé mardi, la commissaire à l’environnement et au développement durable, Julie Gelfand, relève plusieurs lacunes dans la gestion des stocks de poissons au pays.

Elle s’inquiète plus particulièrement pour certaines espèces — la morue, la plie, le hareng, le maquereau, le pétoncle et le béluga, par exemple — dont les stocks mis à mal par le passé doivent être reconstitués.

Elle note que pour 12 des 15 principaux stocks se situant dans une «zone critique», le ministère n’a élaboré ni plan de rétablissement ni échéance pour régler la situation.

«Sans plan de rétablissement, il y a un risque accru que ces stocks décimés ne se rétablissent pas», écrit la commissaire. Ce type de plan peut viser la reconstitution d’une population, le rétablissement d’un stock dans une région où l’espèce a disparu ou le maintien d’un nombre adéquat de poissons en âge de se reproduire.

De façon générale, selon la commissaire, Pêches et Océans ne dispose pas de certaines données essentielles pour assurer la gestion durable des stocks de poissons au Canada.

Les bonnes pratiques sont d’autant plus importantes que l’industrie de la pêche est grandement menacée au Canada comme ailleurs dans le monde, signale Mme Gelfand. Le Canada exporte pour environ 6 milliards $ en poissons et fruits de mer par an, à quoi s’ajoute la pêche récréative qui génère 8 milliards $.

Le ministère tient des plans de gestion intégrée pour 154 principaux stocks de poissons. Dans 44 cas, ces plans étaient incomplets ou désuets, déplore la commissaire.

Par ailleurs, il n’effectue pas tous les relevés scientifiques prévus et ne dispose pas de toute l’information nécessaire pour déclarer si un stock de poissons se trouve dans une zone dite «saine», «de prudence» ou «critique». C’est le cas pour pas moins de 80 des 154 principaux stocks, indique Mme Gelfand.

En conférence de presse, la commissaire a dit craindre de voir se répéter la crise des stocks de morue du début des années 1990.

«Nous sommes devant un risque qu’un autre stock de poissons s’écroule, potentiellement», a-t-elle fait valoir.

Le budget de Pêches et Océans a été gravement amputé entre 2011 et 2016, notamment dans son programme scientifique. Le gouvernement libéral a toutefois décidé d’injecter 197 millions $ sur cinq ans lors de son premier budget, notamment pour favoriser la recherche sur la santé des stocks de poissons.

Centrales nucléaires

Dans un autre chapitre de son rapport, Mme Gelfand se penche sur la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) et soulève des problèmes dans les inspections des installations des centrales nucléaires.

Quatre centrales sont en activité au Canada à l’heure actuelle: trois en Ontario (Bruce, Darlington, Pickering) et une au Nouveau-Brunswick (Pointe Lepreau).

«Nous avons conclu que la CCSN ne pouvait pas démontrer qu’elle avait géré adéquatement ses inspections des installations dans les centrales nucléaires», peut-on lire dans le rapport.

La CCSN n’a pas, par exemple, déterminé un nombre minimal d’inspections nécessaires pour s’assurer que les centrales se conforment aux règles. La commissaire remarque par ailleurs qu’on ignore si les facteurs de risques ont été pris en compte pour déterminer l’ordre des inspections.

Elle signale également des problèmes de personnel, alors que toutes les inspections prévues au calendrier ces deux dernières années n’ont pas été effectuées.

Or, les inspections sont essentielles pour surveiller l’exploitation des quatre centrales en activité au Canada «de manière à s’assurer de protéger l’environnement et de préserver la sûreté, la santé et la sécurité de la population», indique Mme Gelfand.

Compte tenu de l’ampleur que pourrait représenter une catastrophe, ces recommandations ne sont pas à prendre à la légère.

«Comme l’industrie nucléaire est une industrie de précision, c’est plutôt sérieux si quelque chose tourne mal. Faire des erreurs dans les bases de données, ne pas faire d’inspections selon un guide préétabli: je pense que c’est pas mal sérieux», a-t-elle tranché.

Dans un autre domaine, la commissaire se désole du manque de sérieux avec laquelle est prise la Directive du cabinet sur l’évaluation environnementale pour les projets politiques, plans et programmes. Seuls 23 pour cent des projets soumis au cabinet avaient mis en oeuvre cette directive.

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