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Un groupe s’oppose aux subventions aux biocarburants

Bruce Cheadle, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Un groupe d’économistes estime que les subventions fédérales et provinciales à la production de biocarburant constituent une expérience coûteuse à laquelle il est temps de mettre fin.

Une étude publiée mardi par la Commission de l’écofiscalité du Canada révèle que les politiques canadiennes sur l’éthanol et le biodiesel ont coûté aux consommateurs et aux gouvernements environ 640 millions $ par année, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre du pays d’environ trois millions de tonnes annuellement.

Autrement dit, chaque tonne de dioxyde de carbone éliminée en utilisant l’éthanol coûte au moins 180 $, tandis que les réductions grâce au biodiesel coûtent 128 $ la tonne.

Et même ces coûts élevés pourraient grandement sous-représenter le véritable coût par tonne des réductions de CO2 lorsque l’on tient compte du cycle complet des émissions de biocarburant.

Le lobby des biocarburants, Renewable Industries Canada, a été consulté par la commission en vue de la préparation du rapport, mais il juge tout de même que les conclusions de l’étude sont «imparfaites et biaisées».

La publication du rapport a lieu au lendemain de l’annonce du gouvernement fédéral, qui imposera un prix du carbone de 10 $ la tonne aux provinces et territoires à compter de 2018, avant de l’augmenter à 50 $ la tonne en 2022, s’ils refusent d’imposer leur propre prix ou d’implanter un marché du carbone.

La Commission de l’écofiscalité, une organisation multipartite financée par le privé, prône depuis deux ans une application généralisée d’un prix carbone, qui serait, selon elle, la façon la plus efficace et la moins dommageable pour l’économie de réduire l’empreinte de carbone du Canada.

Les 12 économistes de l’étude notent que plusieurs des subventions fédérales et provinciales arrivent à échéance au cours du prochain exercice financier, de sorte que le moment est bien choisi pour «corriger le tir».

L’étude indique que le Canada a produit environ 1,7 milliard de litres d’éthanol et 300 millions de litres de biodiesel en 2014, ce qui représente deux pour cent de la production mondiale. La production canadienne a pris de l’ampleur entre 2006 et 2011, ce qui, selon la commission, «coïncide avec l’adoption d’importantes mesures de soutien par Ottawa et les provinces».

Tout cela s’est cependant fait à forts coûts, selon les économistes.

«Les coûts aux consommateurs des politiques sur l’éthanol ont peu à peu augmenté, jusqu’à totaliser environ 1,3 milliard $», indique le rapport, tandis que les politiques sur le biodiesel ont coûté aux consommateurs plus de 500 millions $ pendant la même période.

La réduction annuelle de trois millions de tonnes de CO2 générée par les politiques sur le biocarburant est en deçà des 4,3 mégatonnes d’émissions approuvées la semaine dernière par le gouvernement Trudeau pour un seul projet de gaz naturel liquéfié dans le nord de la Colombie-Britannique.

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