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La centralisation des labos contestée en cour

Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Le syndicat qui représente la majorité des technologistes médicaux au Québec va contester devant le tribunal le projet Optilab de centralisation des laboratoires médicaux.

La présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Carolle Dubé, en a fait l’annonce, jeudi, au cours d’une rencontre avec la presse, en compagnie de l’Association des médecins hématologues et oncologues, de la Fédération québécoise des municipalités, ainsi que de deux porte-parole de l’opposition péquiste et de Québec solidaire.

L’APTS, qui représente quelque 5000 technologistes dans la santé, estime que ses membres n’ont pas été consultés, alors qu’ils seront directement touchés par les transferts d’emplois prévus, l’exercice du droit de supplantation et même des pertes d’emplois.

Lors de leur rencontre avec les syndicats, le 28 septembre dernier, les autorités de la Santé avaient évoqué entre 10 et 20 pour cent de pertes d’emplois. Mme Dubé en conclut donc qu’entre 500 et 1000 technologistes pourraient être touchés.

Le projet Optilab vise à regrouper les activités des laboratoires médicaux des hôpitaux dans un nombre réduit de grands «laboratoires serveurs», où seront transportés les échantillons médicaux provenant de plusieurs autres hôpitaux. Les cas urgents continueront cependant d’être traités sur place.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, pense pouvoir ainsi économiser 75 millions $ — une somme qu’il veut réinjecter ailleurs dans le réseau, notamment dans les soins à domicile et les soins aux personnes âgées.

Il n’a pas semblé embarrassé par le recours aux tribunaux du syndicat des technologistes. «Si l’APTS choisit la voie juridique, je vais les laisser faire et on va laisser le juridique conclure», a-t-il tranché.

Il a toutefois qualifié ce combat de «bataille de statu quo», puis de «bataille d’un autre temps». Il a défendu son projet comme «un exercice de qualité, de sécurité» en plus d’économie.

Le ministre de la Santé y voit un simple «changement technologique» et souligne que les laboratoires médicaux du Québec sont «en retard» à ce chapitre.

Il admet cependant qu’il est «impossible» qu’il n’y ait pas de répercussions sur la main-d’oeuvre.

En plus de contester la fusion des laboratoires devant les tribunaux, l’APTS déposera une plainte d’entrave devant le Tribunal administratif du travail. L’article du Code du travail qu’elle veut invoquer stipule qu’aucun employeur «ne cherchera d’aucune manière à dominer, entraver ou financer la formation ou les activités d’une association de salariés, ni à y participer».

L’Alliance veut également déposer plusieurs griefs, puisqu’elle estime que deux lettres d’entente jointes à sa convention collective n’ont pas été respectées. Celles-ci «obligent l’employeur à consulter le syndicat dans le cadre de tout projet de transformation ou de réorganisation, afin de lui permettre de proposer toute alternative, suggestion ou modification contributive à la réalisation des objectifs poursuivis par l’établissement».

Régions, médecins, opposition

La Fédération québécoise des municipalités, qui représente 1000 municipalités et Municipalités régionales de comté, était présente aux côtés de Mme Dubé pour plaider la cause du maintien des services et des emplois dans les régions.

«Pour des régions comme la mienne — je suis du Bas Saint-Laurent — des pertes d’emplois de qualité comme celles occasionnées par le projet Optilab peuvent avoir des conséquences lourdes et insoupçonnées. Le ministre Barrette doit prendre acte des critiques provenant des régions du Québec», a plaidé Yvon Soucy, vice-président de la FQM et préfet de la MRC de Kamouraska.

Le docteur Martin A. Champagne, président de l’Association des médecins hématologues et oncologues, s’est inquiété de la «précipitation» du ministre Barrette. «Si on fait des changements, il faut être sûr que ceux-ci amènent une amélioration des services», a-t-il objecté.

D’ailleurs, la Fédération des médecins spécialistes a fait savoir jeudi qu’elle allait rencontrer le ministre Barrette à ce sujet, le 25 octobre. Entre-temps, elle demande des garanties quant à la sécurité et à la qualité du transport des échantillons et à leur traçabilité.

Du côté des partis d’opposition, la députée péquiste Diane Lamarre a demandé qu’un mandat soit donné à l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) pour avoir l’heure juste sur le dossier, notamment quant aux économies potentielles. Elle a souligné que ce n’est pas la première fois «que le ministre a promis des économies qui ne se réalisent pas».

Le député Amir Khadir, de Québec solidaire, a insisté sur le fait que les régions avaient besoin de ces laboratoires et que le ministre Barrette ne pouvait se conduire comme «un matamore» qui ne s’intéresse qu’aux données comptables.

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