Soutenez

Leitao: le rejet de l'accord serait très grave

Quebec Finance Minister Carlos Leitao explains his economic update at a news conference Tuesday, October 25, 2016 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne
Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Les conséquences d’un rejet par l’Union européenne (UE) de l’accord de libre-échange avec le Canada seraient «très graves» pour le Québec, a déclaré le ministre des Finances, Carlos Leitao, mercredi.

Des secteurs comme l’agroalimentaire et la production de biens d’équipements pourraient en souffrir.

Le premier ministre Justin Trudeau devait à l’origine se rendre à Bruxelles, jeudi, pour signer l’accord, mais sa ratification est actuellement bloquée par le Parlement wallon, une région de Belgique qui s’oppose au texte actuel. Les négociations se poursuivaient mercredi. La Belgique a besoin de l’appui de toutes ses régions pour entériner l’accord, et l’Union européenne a besoin de l’unanimité de ses membres.

«Les conséquences seraient très graves, parce que (…) l’Europe et le Canada ont des systèmes économiques semblables, une tradition semblable en matière d’économie, de finances, de politique, donc si on n’arrive pas à signer un accord, alors avec qui l’Europe va pouvoir le faire?» a demandé M. Leitao dans une mêlée de presse à la sortie de la séance du conseil des ministres à Québec, en après-midi.

Ce projet d’accord est «important» parce que le Québec aurait ainsi accès à un marché de 500 millions de personnes sans barrières tarifaires, alors qu’actuellement, les droits de douane sont «très élevés» pour certains biens du Canada exportés en Europe, a expliqué le ministre des Finances.

«L’élimination des barrières tarifaires serait énorme pour les exportateurs québécois», a-t-il poursuivi.

Il a dit qu’«ironiquement», les secteurs qui auraient le plus à perdre d’un échec des négociations seraient l’industrie agroalimentaire québécoise, notamment les producteurs de porcs, ainsi que le secteur des biens d’équipements, les machineries, etc.

D’autres secteurs, comme les fromagers, redoutent pour leur part l’arrivée massive de fromages européens, en raison de la hausse du tonnage permis, et demandent une indemnisation du fédéral.

M. Leitao a refusé de s’étendre sur d’autres solutions de rechange en cas de refus persistant des Wallons.

«La balle est dans le camp des Européens», mais si l’Union européenne n’est pas prête à signer, le Canada devra regarder ailleurs pour trouver d’autres partenaires de libre-échange, a-t-il suggéré. Mais pas question de tout reprendre à zéro, après sept ans de négociations.

«Je ne pense pas que cela soit faisable», a-t-il conclu.

En matinée, à la période de questions, le premier ministre Philippe Couillard avait aussi laissé entendre qu’il n’était «pas question» de renégocier cette entente.

«Il s’agit actuellement certainement (…) de l’accord de commerce international le plus progressiste qui existe», a-t-il répondu à une question du député Amir Khadir, de Québec solidaire, qui réclame aussi que l’Assemblée nationale bloque l’entente.

«Nous aussi, on croit à l’environnement, à la santé publique, aux droits des travailleurs, et on s’est assuré que cet accord-là, au contraire, ne les fragilise pas», a affirmé M. Couillard.

Il a soutenu que l’exportation est pour le Québec la «seule manière d’avoir une prospérité solide à long terme». L’ouverture des marchés crée l’emploi, tandis que la fermeture des marchés détruit l’emploi, a-t-il dit.

Le premier ministre a affirmé qu’il poursuivait les échanges avec la Wallonie, qui est une région francophone partenaire du Québec. «Nous parlons régulièrement à nos collègues en Wallonie, je suis quand même optimiste, je crois qu’on va avoir un accord, mais il faut régler certains détails.»

Québec solidaire a déposé une motion en chambre pour que l’Assemblée joigne sa voix au Parlement wallon, mais le gouvernement a refusé d’en débattre.

Les dirigeants wallons s’inquiètent de l’impact de l’accord sur le travail, l’environnement et la protection des consommateurs.

Le ministre-président de la Wallonie, Paul Magnette, s’oppose notamment à un processus d’arbitrage qui permettrait aux multinationales de contester devant la justice les décisions gouvernementales. Il dit que l’opposition de la Wallonie créera un précédent solide en vue d’autres négociations de libre-échange entre l’UE et des partenaires comme les États-Unis et le Japon.

Le sommet de jeudi entre le Canada et l’UE pourrait être annulé et reporté à plus tard si aucun accord n’intervient.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.