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Une lettre dénonce l’espionnage contre Lagacé

Photo: Archives Métro
La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les chefs des principales salles de nouvelles du Québec publient une lettre conjointe, mardi matin, dans laquelle ils dénoncent la mise sous surveillance du journaliste Patrick Lagacé par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Lucinda Chodan, rédactrice en chef du quotidien The Gazette, Michel Cormier, directeur général de l’information de Radio-Canada, Dany Doucet, vice-président Information, Journaux média QMI, Serge Fortin, vice-président TVA Nouvelles-Agence QMI, Claude Gagnon, président-directeur général Groupe Capitales Médias, Michel Lorrain, vice-président information de Cogeco, Brian Myles, directeur du Devoir, Jean-Philippe Pineault, directeur de l’information des services français de La Presse canadienne, Jed Kahane, directeur de l’information, CTV News, Yannick Pinel, rédacteur en chef du Journal Métro, Patrick White, Éditeur et rédacteur en chef du Huffington Post Québec et Éric Trottier, éditeur adjoint et vice-président à l’information de La Presse, signent la missive.

Ils estiment inacceptable qu’un corps de police use d’espionnage pour identifier des sources journalistiques dans un corps de police. Et ce, d’autant plus que ce n’est pas la première fois que des journalistes sont ciblés.

Les patrons des salles de rédaction lancent un appel aux élus afin qu’ils garantissent la liberté de presse et la protection des sources journalistiques.

La Presse a révélé lundi que le téléphone de M. Lagacé a été placé sous surveillance pendant plusieurs mois afin de connaître l’identité de ses interlocuteurs, dans le cadre d’une enquête visant des policiers. Tandis que la classe politique a fait part de ses inquiétudes, le chef de police du SPVM, Philippe Pichet, a défendu la méthode d’enquête, estimant qu’elle était exceptionnelle.

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Voici l’intégrale de la lettre

Le texte suivant est co-signé par tous les patrons des grandes salles de nouvelles du Québec.

Liberté de presse et protection des sources journalistiques : les élus doivent passer aux actes

Nous, dirigeants des principales salles de rédaction du Québec, tenons à exprimer notre indignation et notre inquiétude face à l’espionnage électronique du journaliste Patrick Lagacé par la police de Montréal.

Il est inacceptable que des enquêteurs aient pu obtenir accès aux données téléphoniques et à la géolocalisation d’un journaliste sans autre motif que d’identifier des sources journalistiques à l’intérieur du corps de police.

Ce n’est pas le seul cas d’intrusion injustifiée des autorités policières dans le travail des journalistes.

En juin, le premier ministre Justin Trudeau avait qualifié d' »inacceptable » la filature par la GRC des journalistes Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin, de La Presse. Puis en septembre, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une motion pour « rappeler l’importance du principe de protection des sources journalistiques » après que la Sûreté du Québec ait perquisitionné l’ordinateur du journaliste Michaël Nguyen, du Journal de Montréal.

Dans les trois cas, les élus ont soit dénoncé l’intervention policière, soit s’en sont dits fortement préoccupés.

Des actions concrètes sont nécessaires pour protéger les sources journalistiques.

C’est essentiel pour la liberté de la presse, un droit fondamental consacré par la Charte canadienne des droits et libertés et reconnu par la Cour suprême du Canada.

Parmi ces actions:

-La procédure pour obtenir un mandat de surveillance contre un journaliste doit être plus contraignante pour les corps policiers.

-Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Philippe Pichet, doit répondre à la question que tous les professionnels des médias se posent aujourd’hui: quels journalistes ont été espionnés, lesquels le sont encore?

Maintenant, les élus doivent passer de la parole aux actes en réaffirmant et en garantissant la liberté de presse et la protection des sources journalistiques.

Sans source, ni le scandale des commandites, ni les révélations ayant mené à la Commission Charbonneau, ni aucun journalisme d’enquête n’est possible.

Signataires:

Lucinda Chodan, rédactrice en chef, The Gazette

Michel Cormier, directeur général de l’information, Radio-Canada

Dany Doucet, vice-président Information, Journaux média QMI (Journal de Montréal, Journal de Québec, 24 Heures)

Serge Fortin, vice-président TVA Nouvelles-Agence QMI

Claude Gagnon, président directeur-général Groupe Capitales Médias, président et éditeur Le Soleil

Jed Kahane, directeur de l’information, CTV News

Michel Lorrain, vice-président information, Cogeco

Brian Myles, directeur, Le Devoir

Jean-Philippe Pineault, directeur de l’information des services français de La Presse canadienne

Éric Trottier, éditeur adjoint et vice-président à l’information, La Presse

Yannick Pinel, rédacteur en chef de Métro

Patrick White, Éditeur et rédacteur en chef du Huffington Post Québec

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