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Une enquête sur les jeunes sans-abri vise plus de mesures de prévention

Jeune sans-abris itinérant Photo: Getty Images/iStockphoto

Il faut changer les façons de faire pour contrer l’itinérance chez les jeunes et se concentrer sur la prévention au lieu d’agir en aval, soutient un rapport publié jeudi par l’Observatoire canadien sur l’itinérance.

L’institut de recherche a mené, avec la coalition Vers un chez-soi, un sondage pan-canadien – une première – sur la situation des jeunes sans-abri au pays. La consultation a été menée auprès de 1103 répondants, de 49 communautés dans 10 provinces.

Selon l’enquête intitulée Sans domicile: un sondage national sur l’itinérance chez les jeunes, il y a chaque nuit au pays de 6000 à 7000 jeunes qui n’ont pas d’endroit sécuritaire pour dormir, et l’itinérance peut commencer aussi tôt qu’à l’âge de 13 ans. Plus l’intervention tarde auprès de ces jeunes, plus les conséquences sont sérieuses et peuvent mener à l’itinérance chronique, a fait savoir dans un communiqué Stephen Gaetz, directeur de l’Observatoire canadien sur l’itinérance à l’Université York et co-auteur de l’étude.

La recherche révèle que 40% des jeunes avaient moins de 16 ans à leur première expérience d’itinérance, que 76% d’entre eux ont vécu plusieurs épisodes dans la rue, et que l’instabilité de logement est très grande pour eux. 63% des jeunes itinérants ont vécu des traumatismes ou des mauvais traitements pendant leur enfance, et 58% avaient été pris en charge par les services de protection de l’enfance. Finalement, 50% d’entre eux ont déjà passé des tests pour troubles d’apprentissage à l’école et 83% affirment avoir été victimes d’intimidation en milieu scolaire, soit quatre fois plus que l’ensemble des jeunes Canadiens.

«On avait beaucoup d’hypothèses. L’étude nous apporte des données. Quand je vois que 85% des jeunes ont un haut taux de détresse en santé mentale, ça commande l’action.» -Cécile Arbaud, directrice générale Dans la rue

Ces chiffres ne surprennent pas Cécile Arbaud, directrice générale de l’organisme montréalais d’aide aux jeunes itinérants Dans la rue, qui a contribué à la réalisation de ce portrait. «Malheureusement, oui, on s’attendait à ça. Ce qu’on y voit, c’est la complexité des situations et la multiplication des traumatismes et des barrières à l’autonomie», a-t-elle affirmé à TC Media.

Mme Arbaud partage les constats de l’étude quant à la nécessité d’agir davantage en prévention. «C’est ce qu’on fait, nous, sortir du modèle d’urgence, du modèle “on donne des choses”, pour aller plus vers l’accompagnement à l’autonomie du jeune. Il faut éviter qu’autant de jeunes se retrouvent dans des situations d’urgence. Ce n’est pas normal, par exemple, qu’un jeune qui sort des centres jeunesse se retrouve dans la rue».

L’étude est accompagnée de 18 recommandations qui s’adressent aux gouvernements fédéral, provincial et municipal. Parmi celles-ci, on retrouve la mise en place de stratégies intégrées et ciblées sur les jeunes en situation d’itinérance et la concentration des efforts sur la prévention plutôt que sur les services d’urgence. Les divers ministères (Santé, Éducation, Justice) sont aussi invités à agir.

En bref
La recherche soulève sept constats sur les jeunes en situation d’itinérance:

  • Ces jeunes vivent une grande instabilité de logement: plus de la moitié d’entre eux ont habité à plus d’un endroit durant le mois précédent;
  • Ils connaissent de hauts taux d’itinérance chronique: 55% des répondants au sondage ont été sans-abri pendant un an ou plus;
  • Plusieurs (46%) n’ont accès à une alimentation de qualité qu’une fois par semaine ou moins;
  • Ils ont déclaré, à 85%, souffrir de détresse psychologique;
  • 53% sont des décrocheurs, mais 74% de ceux-ci veulent retourner à l’école;
  • Seulement 20% ont un emploi;
  • Ils ont été victimes d’un crime beaucoup plus souvent que les autres Canadiens (69% versus 19%).

Profil démographique
On considère comme «jeune sans-abri» les 13 à 24 ans.

  • 58% se considèrent «homme»
  • 36% se considèrent «femme»
  • 31% sont des jeunes Autochtones
  • 30% sont des jeunes LGBTQ2S
  • 28% sont des jeunes de minorités raciales
  • 10% sont nés à l’extérieur du Canada

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