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Trump n'aura qu'un impact minime pour Hydro

Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’arrivée prochaine du magnat de l’immobilier Donald Trump à la Maison-Blanche n’aura qu’un impact «minime» sur les ambitions d’Hydro-Québec en matière d’exportation, estime son président-directeur général, Éric Martel.

Bien au fait du parti pris du président désigné pour les énergies fossiles, M. Martel a estimé jeudi qu’il était «encore tôt» pour présumer d’une diminution de l’intérêt à l’endroit de l’hydroélectricité.

«Est-ce qu’il n’y aura aucun impact? Il faudrait être naïf (pour le croire). Il y a quand même des dossiers où Washington peut dicter certaines choses», a-t-il expliqué au cours d’un point de presse, en marge d’un événement organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal.

En plus de lorgner des acquisitions à l’international, Hydro-Québec mise grandement sur les exportations d’hydroélectricité, particulièrement vers les États limitrophes de la Nouvelle-Angleterre, dans le cadre de sa stratégie visant à doubler ses revenus, à environ 27 milliards $, d’ici 2030.

La société d’État se fixe cet objectif alors qu’elle est confrontée à une baisse de ses bénéfices d’ici 2020 sans plan de croissance, notamment en raison du début de l’amortissement du projet La Romaine, sur la Côte-Nord.

Actuellement, quelque 22,5 des 30 térawattheures exportés annuellement par la société d’État sont destinés au marché américain.

Certes, l’arrivée de M. Trump pourrait mettre des «bâtons dans les roues» en ce qui a trait à l’approbation de nouvelles lignes de transport, mais le grand patron d’Hydro-Québec affirme les États jouissent quand même d’une grande autonomie en matière d’approvisionnement.

De plus, a-t-il ajouté, les États de la Nouvelle-Angleterre ont des cibles agressives en matière de réduction de gaz à effet de serre, ce qui explique pourquoi ils s’intéressent à l’hydroélectricité.

Avec ses projets d’interconnexion actuellement sur la table, Hydro-Québec propose de créer des «centaines» d’emplois, ce qui, de l’avis de M. Martel, devrait satisfaire Donald Trump.

«Lorsque l’on injecte 1 ou 2 milliard $ pour construire de nouvelles lignes, le potentiel est énorme», fait-il valoir.

M. Martel souligne que le projet Champlain Hudson Power Express a déjà reçu l’autorisation d’aller de l’avant et que le New England Clean Power Link vient d’obtenir son permis présidentiel plus tôt cette semaine.

Cela pourrait permettre à Hydro-Québec d’exporter 2000 mégawatts de plus à destination des États-Unis, a fait miroiter son dirigeant.

Reconnecter avec Terre-Neuve

Par ailleurs, M. Martel a lui aussi ouvert la porte à une collaboration avec Terre-Neuve-et-Labrador en matière de développement hydroélectrique, tout en excluant une possible renégociation d’un contrat d’approvisionnement en électricité à bas prix de la centrale de Churchill Falls conclu en 1969.

Terre-Neuve a récemment décidé de s’adresser à la Cour suprême dans un ultime recours pour contester la valeur du contrat conclu par Hydro-Québec avec Nalcor, la société d’État qui exploite la centrale de Churchill Falls au Labrador, malgré des échecs répétés devant des tribunaux inférieurs.

«C’est très difficile de poursuivre les discussions dans cette situation, a dit M. Martel. Nous aurions souhaité qu’il n’y ait pas d’appel et que l’on puisse collaborer.»

Selon lui, l’entente de 1969 a été négociée de «bonne foi» puisqu’à l’époque, les fonds étaient insuffisants pour terminer le projet de Churchill Falls. M. Martel a estimé qu’Hydro-Québec a pris un «risque énorme» en s’engageant à compléter la centrale en plus d’acheter l’électricité produite.

Advenant que le courant finisse par passer entre Hydro-Québec et Nalcor, M. Martel estime que cette collaboration pourrait déboucher sur des projets d’exportation vers les États-Unis ou la construction d’un «grand ouvrage» en partenariat.

Questionné à ce sujet, le grand patron d’Hydro-Québec n’a pas semblé croire que la société d’État pourrait être mise à contribution pour compléter le projet de Muskrat Falls, dont les dépassements de coûts ont fait passer la facture de 6,2 milliards $ à 11,4 milliards $.

«Malheureusement, l’histoire ne nous n’a pas vraiment bien servis dans le passé lorsque nous avons été appelés en héros», a-t-il dit, en référence au dossier de Churchill Falls.

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