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Alep: «il faut agir», insiste Stéphane Dion

Foreign Affairs Minister Stephane Dion answers a question during question period in the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa on Tuesday, Dec.13, 2016. THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld Photo: Archives Métro
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion a lancé mercredi un cri du coeur face à l’insupportable drame qui se joue à Alep, dans le nord de la Syrie.

Le diplomate en chef du Canada a plaidé qu’il «faut agir», insistant sur la nécessité de continuer à «interpeller ceux qui peuvent faire la différence, c’est-à-dire le régime Assad et ceux qui l’appuient».

Il a assuré que c’est précisément ce qu’Ottawa fait, étant actuellement «en conversation avec ceux avec qui il faut que ça bouge», notamment avec les Russes.

Car «il y a encore des vies à sauver, des enfants qui sont séparés de leurs parents» dans la ville syrienne assiégée, a insisté le ministre Dion.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi les choses ne bougeaient pas, le ministre a laissé tomber que «le monde est souvent horrible», et que «le monde dans lequel nous vivons est dur».

«Il y a des pays qui ne respectent pas le droit international, et il faut toujours intervenir pour essayer d’injecter un peu d’humanité dans ce qui n’en a pas», a regretté M. Dion.

Les combats ont repris de plus belle mercredi à Alep, alors que le cessez-le-feu conclu mardi, qui devait permettre l’évacuation de civils en échange de la capitulation des rebelles, s’est effondré.

Les frappes aériennes ont immédiatement repris contre la petite enclave densément peuplée que contrôlent toujours les insurgés dans l’est de la ville.

L’évacuation prévue des combattants et de dizaines de milliers de civils — et qui aurait, dans les faits, constitué la reddition des rebelles — a été suspendue.

«Il n’y a aucun moyen, aucune loi, actuellement, qui permet de protéger les civils à Alep», s’est désolé le directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire, François Audet.

«Cela nous montre l’échec ultime de la gouvernance internationale, l’échec ultime du Conseil de sécurité des Nations unies, qui avait amplement le temps d’agir dans les dernières années pour trouver une solution», a-t-il tranché en entrevue téléphonique.

Même s’il n’a pas de siège au Conseil de sécurité, le Canada peut jouer un rôle de «diplomatie humanitaire» pour tenter de dénouer cette impasse, qui se présente de plus en plus comme «un point culminant d’une grande tragédie humanitaire», estime François Audet.

«Le Canada, comme les autres moyennes puissances, les pays scandinaves notamment, doivent agir très rapidement. Autrement, nos enfants pleureront sur notre incapacité à avoir géré cette situation-là en 2016», a soufflé le chercheur, un ancien travailleur humanitaire.

L’ambassadeur canadien aux Nations unies, Marc-André Blanchard, reconnaît que la paralysie au Conseil de sécurité plombe les chances de résoudre la situation à Alep, où seraient pris au piège «entre 30 000 et 60 000 civils», a-t-il dit, citant des chiffres de la Croix-Rouge.

«Quand une des parties au conflit est un des membres permanents du Conseil de sécurité avec un droit de veto comme c’est le cas avec la Russie dans ce contexte-ci, ça rend toute décision qui devrait être prise très difficile, voire impossible», a-t-il exposé.

C’est la raison pour laquelle le Canada appuie une proposition de la France et du Mexique, qui voudraient «limiter l’effet du veto quand il y a des allégations de génocide ou de crimes contre l’humanité», a souligné M. Blanchard en entrevue avec La Presse canadienne.

Et dans le cas qui nous préoccupe, de telles allégations ont été formulées à l’endroit du régime du président syrien Bachar el-Assad. L’homme fort de Damas a entre autres été accusé d’avoir utilisé des armes chimiques et des barils d’explosifs contre son propre peuple.

«En ce moment, ce que le régime syrien et les pays qui l’appuient font est totalement injustifié. Ils ont massacré des centaines, voire des milliers, de Syriens, ciblé des hôpitaux, des écoles, tout ça sous le prétexte d’une lutte au terrorisme», a souligné l’ambassadeur Blanchard.

Une manifestation en appui à la population d’Alep doit se tenir jeudi matin devant le consulat russe de Montréal — un lieu «hautement symbolique» vu l’implication du régime de Vladimir Poutine dans les violences, souligne Faisal Alazem, porte-parole du Conseil syro-canadien.

Le Montréalais d’origine syrienne dit suivre avec «beaucoup de tristesse» ce qui se passe à Alep.

«On a l’impression que notre humanité a vraiment terminé avec Alep. Personne ne peut dire qu’on ne sait pas ce qui s’est passé, et personne ne peut dire qu’on ne sait pas ce qui va se passer», a déploré M. Alazem.

Au moment de publier ces lignes, mercredi après-midi, des médias évoquaient la conclusion d’un nouvel accord permettant l’évacuation des blessés et des civils circulaient. Selon l’Agence France-Presse, une source proche du régime syrien aurait démenti cette information.

Le ministère canadien des Affaires étrangères n’était pas en mesure de confirmer ou d’infirmer ces renseignements.

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