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PCC: Raitt critique nommément Leitch et O'Leary

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Lisa Raitt laisse tomber les gants. La candidate à la chefferie conservatrice a organisé mercredi une conférence de presse spécifiquement pour attaquer sa rivale Kellie Leitch et le candidat pressenti Kevin O’Leary, consacrant même un site internet visant à bloquer ce dernier.

La députée conservatrice a soutenu que ces deux personnes, qui ont selon elle adopté un style populiste empreint de négativité à la Donald Trump, ne devraient pas se voir confier les rênes du Parti conservateur du Canada.

Car selon Mme Raitt, ils tiennent un discours susceptible de causer des divisions qui pourraient empêcher les conservateurs de chasser du pouvoir les libéraux de Justin Trudeau lors des prochaines élections, prévues en octobre 2019.

«Si les conservateurs pragmatiques et guidés par des principes n’unissent pas leurs forces, notre parti sera pris en otage par les voix qui résonnent le plus fort, celles de certains qui tentent simplement d’augmenter leur visibilité», a-t-elle dit devant les journalistes à Ottawa.

La députée et ancienne ministre de l’Ontario a fait la prédiction que la population canadienne ne sera pas réceptive au genre de rhétorique ayant mené à l’élection de Donald Trump au sud de la frontière, et que sa collègue Leitch semble avoir faite sienne.

«Elle ne reflète pas nos principes lorsqu’elle parle de l’immigration comme elle le fait, a plaidé Lisa Raitt. Elle est mon amie, mais le genre de chose dont elle parle ne nous mènera pas sur le chemin vers la victoire (en 2019).»

La proposition de Kellie Leitch de filtrer les «valeurs anticanadiennes» chez les immigrants a permis à cette députée peu connue du grand public de faire le plein de notoriété pendant cette course à la chefferie. Le réseau américain Fox News a réalisé une entrevue avec l’élue mardi.

De son côté, l’homme d’affaires et vedette de la télévision Kevin O’Leary n’a pas encore annoncé officiellement qu’il se lançait dans la course à la succession de Stephen Harper. Mais déjà, il est dans la mire de ses potentiels adversaires, essuyant une deuxième attaque en autant de jours.

Mardi, c’était Andrew Scheer qui l’accusait de retarder son entrée en scène pour éviter d’avoir à participer au débat en français du 17 janvier. Lisa Raitt a ajouté une pierre à l’édifice, mercredi, en annonçant le lancement du site internet pour «arrêter Kevin O’Leary».

Elle y accuse celui qu’elle a taxé en conférence de presse de «personnalité de la télévision sans filtre» d’avoir «insulté» les militaires et anciens combattants et d’être favorable à une taxe sur le carbone, avec à l’appui des extraits vidéo et audio des propos qu’elle lui reproche.

Le principal intéressé a réagi en déclarant au «Globe and Mail» que les accusations de Lisa Raitt étaient «ridicules» et «complètement fausses», mais que la candidate avait au moins le mérite d’avoir «enfin» mis un peu de piquant dans un débat qui était jusqu’ici «ignoré par le public».

Quant à Kellie Leitch, elle a écrit sur Twitter que sa rivale venait de «tracer une ligne dans le sable» en prouvant qu’elle est du côté des «élites médiatiques et libérales».

Une possible candidature qui divise

Le candidat à la chefferie Maxime Bernier a pour sa part commenté la sortie de son ancienne collègue de cabinet en écrivant sur Twitter: «Contrairement à d’autres candidats à la chefferie, j’accueille favorablement la concurrence et je n’ai pas peur de @kevinolearytv».

Le seul autre candidat québécois dans cette course, Steven Blaney, a fait valoir en marge d’une annonce à Montréal que l’arrivée possible d’un homme «qui a un bilan, sur le plan économique, impressionnant», pouvait faire peur à ceux «qui ne parlent que d’économie».

Kevin O’Leary, l’ancien «dragon» de l’émission «Dragon’s Den», a mis sur pied en décembre un comité exploratoire et un site internet pour tenter de déterminer s’il devrait briguer la direction du Parti conservateur du Canada.

La date limite pour se porter candidat a été fixée au 24 février. Avec l’abandon de Daniel Lindsay, un radiologiste manitobain sans expérience politique qui a jeté l’éponge vendredi dernier, ils sont actuellement 13 sur la ligne de départ.

Les aspirants doivent se retrouver le 17 janvier, alors que se tiendra à Québec un débat en français. Même si elle ne maîtrise pas la langue, Lisa Raitt a promis mercredi qu’elle serait de la partie… et profité de l’occasion pour attaquer Kevin O’Leary sur un autre front.

«C’est une autre différence entre M. O’Leary et moi. Je travaille sur mon français tous les jours (…) M. O’Leary a dit qu’il n’avait même pas besoin d’apprendre le français. Je pense que les Canadiens doivent savoir cela aussi», a-t-elle lâché.

Les récentes attaques contre l’homme d’affaires ne sont pas fortuites, et elles pourraient s’intensifier.

Car selon un récent sondage réalisé par la firme Abacus, sa cote de popularité est plus grande que celle de tout autre candidat. Avec 18 pour cent d’opinions favorables, il devance Maxime Bernier et Lisa Raitt (neuf pour cent), Michael Chong (sept pour cent), Kellie Leitch (six pour cent) et Andrew Scheer (cinq pour cent).

Par ailleurs, une enquête d’opinion réalisée en décembre par la maison de sondage Forum Research démontrait que 53 pour cent des personnes interrogées voulaient «quelqu’un d’autre» que les candidats dont les noms leur avaient été soumis.

L’élection du prochain chef conservateur aura lieu le 27 mai.

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