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Premières Nations: hausse des reconnaissances des terres ancestrales

Maija Kappler, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Un nombre grandissant d’institutions établies un peu partout au Canada ont commencé à reconnaître verbalement l’appartenance ancestrale de territoires à des peuples des Premières Nations.

Les professeurs de l’Université Dalhousie ont par exemple reconnu que l’établissement d’Halifax est installé sur des terres ancestrales des Micmacs. Les Jets de Winnipeg ont de leur côté déclaré qu’ils jouent au hockey sur une terre autrefois occupée par les Anishinaabes, les Cris, les Oji-Cris, les Dakotas, les Dénés et la Nation métisse.

Ces brefs rappels du passé colonial du Canada deviennent de plus en plus fréquents et se veulent comme des petits gestes de réconciliation.

Or, quand ces déclarations sont faites par des institutions plus importantes, les leaders autochtones s’attendant à ce que des actions concrètes s’ensuivent sans quoi ces derniers n’y voient que des paroles vides de sens plutôt qu’un réel signe de respect.

Le professeur adjoint à l’Université du Manitoba, Niigan Sinclair, qui est à la tête du département d’études autochtones, fait du travail sur le terrain. Suivant sa suggestion, les Jets de Winnipeg sont devenus la première équipe de la Ligue nationale de hockey à reconnaître le caractère historique colonial de leur amphithéâtre. Ils se sont engagés, en octobre, à rappeler l’appartenance ancestrale de la zone à chaque partie qui se déroule chez eux.

«Faire une reconnaissance d’appartenance de la terre devrait être la chose la plus importante que les Canadiens font avant qu’un événement commence, croit M. Sinclair. C’est une analyse fondamentale de qui nous sommes, d’où nous nous trouvons et de comment nous devrions procéder.»

La pratique est devenue coutume dans le milieu artistique. De petites salle de théâtre — notamment le Buddies in Bad Times, à Toronto — ont commencé à faire ce genre de déclaration il y a des années. En octobre, une plus grande salle de théâtre de la même ville qui a sa clientèle de fidèles depuis plus longtemps, Tarragon, a emboîté le pas.

Le comédien Brian Solomon, qui est de descendance anishinaabe, en avait fait la demande alors qu’il jouait dans l’une des pièces présentées au Tarragon.

La réaction du public a été très positive, et une déclaration est désormais faite à chaque soir de représentation, explique Natasha Parsons, qui est chargée de réciter ce texte de reconnaissance.

«C’est en train de devenir pas mal plus une coutume aujourd’hui et le quartier dans lequel nous sommes est tout particulièrement riche en histoire, dit-elle. Nous avons simplement pensé que c’était la bonne chose à commencer à faire.»

Or, au fur et à mesure que ces discours de reconnaissance se multiplient, plusieurs craignent que la pratique devienne une façon de plaider pour la réconciliation sans réellement entreprendre de démarches concrètes.

Le directeur du Native Canadian Centre de Toronto, Michael Etherington, estime que la pratique devient «une formalité». Un nombre plus restreint de discours de reconnaissance serait souhaitable, selon lui, afin que les quelques déclarations faites s’accompagnent de consultations avec les peuples autochtones dans un contexte historique et culturel plus approfondi.

«Ça avance plus vite que ça devrait. Je pense que cela doit être rétracté un peu. Voulons-nous avoir un dialogue en surface ou voulons-nous plutôt (aller) à la source de ce que nous défendons, en tant que peuples autochtones, à travers la vérité et la réconciliation?»

En septembre, la commission scolaire du district de Toronto (TDSB) a intégré des déclarations sur le caractère ancestral du territoire dans ses interventions matinales.

Duke Redbird, un chef de communauté qui a suggéré l’initiative, croit qu’une telle reconnaissance a d’autant plus d’importance alors que le Canada fête sa 150e année d’existence. Les Canadiens, et particulièrement les jeunes, devraient se faire rappeler que «le Canada a vu le jour bien avant il y a 150 ans», souligne-t-il.

De son côté, la révérende Cecile Fausak travaille comme animatrice assignée à la réconciliation et à la vérité des autochtones a l’Église United of Canada, dans la localité albertaine d’Athabasca, depuis 2005.

Chaque service débute avec une déclaration de reconnaissance de l’appartenance ancestrale des terres, dont le texte apparaît dans le programme imprimé de la messe. «Ceci avait besoin d’arriver. Ça crée une sorte de changement de perspective (et les gens se disent) « Pourquoi faisons-nous cela? Qu’est-ce que ça veut dire? » et c’est un bon chemin vers le questionnement pour entreprendre (des démarches)», observe-t-elle.

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