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Couillard: les mots sont des couteaux

Quebec Premier Philippe Couillard speaks during a Parti Liberal du Quebec (PLQ) general counsel meeting in Laval, Que., Sunday, November 13, 2016. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: La Presse Canadienne/Graham Hughes
Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — L’attentat terroriste perpétré à Québec dimanche aura des séquelles sur le plan politique: le ton des débats à l’Assemblée nationale devra changer sur les questions identitaires, prévient le premier ministre Philippe Couillard.

Les mots peuvent être des couteaux, ils peuvent blesser, d’où l’importance de bien les choisir lorsqu’on aborde les questions de laïcité, d’identité et d’intégration des immigrants, a commenté mardi M. Couillard, en point de presse, deux jours après la fusillade survenue dans une mosquée de Québec, qui a fait six morts et plusieurs blessés.

«Ça blesse, ça fait souffrir les mots, des fois», a-t-il commenté. En anglais, il est allé plus loin, en comparant les mots à «des couteaux» qui peuvent laisser des traces longtemps.

Sur le plan politique, il y a un «avant» et un «après» cet attentat terroriste visant la communauté musulmane de Québec, a-t-il convenu, alors qu’il faisait le point sur les mesures prises par son gouvernement en vue de venir en aide aux familles des victimes.

Il a insisté sur le fait que le discours politique, tous partis confondus, devait dorénavant adopter un ton plus positif à l’Assemblée nationale.

Tous les Québécois devraient se sentir responsables de cette fusillade, a-t-il dit, mais personne en particulier. Il refuse de pointer du doigt qui que ce soit.

Chaque société a ses démons — xénophobie, racisme, exclusion — et aucune n’est parfaite, la société québécoise comme les autres, a commenté le premier ministre, entouré de cinq ministres. Mais le Québec n’est pas plus xénophobe que n’importe quel autre État, a-t-il estimé.

L’accusé en relation avec la fusillade est un jeune homme sans histoire de 27 ans, sans passé criminel, scolarisé, domicilié en banlieue de Québec, qui s’est radicalisé récemment sans que personne, apparemment, ne s’en aperçoive.

L’an dernier, le gouvernement avait adopté un plan ambitieux de lutte à la radicalisation, qui visait justement à prévenir ce type d’attentats, mais il n’est pas question de le modifier ou de l’étoffer, à la lumière de la tragédie survenue dans la mosquée dimanche.

Ce plan de prévention de la radicalisation «est salué partout sur la planète», a commenté le premier ministre, en soutenant qu’au contraire cette tragédie nous montrait «la direction à poursuivre».

Le débat autour du «vivre ensemble», entre citoyens de souche et nouveaux arrivants, demeure essentiel au Québec, a-t-il insisté, mais à condition que les mots choisis pour en parler contribuent à favoriser une société plus ouverte, plus tolérante et accueillante et non le contraire.

Sans nommer personne, il a cependant laissé entendre que ses adversaires devraient s’amender. Car il convient de faire attention au message livré en «filigrane» par certains élus, au «message sous-jacent» de leurs discours, qui aurait pour prémisse que l’étranger est une menace, une atteinte à l’identité québécoise.

«Les mots ont de l’importance», a-t-il répété, à plusieurs reprises, en disant qu’il fallait rejeter le discours qui attise la peur ou la méfiance envers l’autre, car certains mots peuvent laisser des traces pour la vie.

Le premier ministre avait subi les foudres de l’opposition caquiste quand il avait déclaré que son chef François Legault attisait les braises de l’intolérance, en posant des questions sur les seuils d’immigration.

Il a dit espérer que désormais, après le terrible attentat, tous les élus des différents partis représentés à l’Assemblée nationale consentent à «changer la manière» d’aborder ces questions identitaires, qui divisent au lieu de rassembler.

Les ministres de la Santé, Gaétan Barrette, de la Sécurité publique, Martin Coiteux, de l’Enseignement supérieur, Hélène David, de l’Éducation, Sébastien Proulx, et de l’Emploi, François Blais, accompagnaient le premier ministre au point de presse, afin de décrire les gestes accomplis dans leur champ d’action respectif pour soutenir les familles des victimes. Essentiellement, le but du gouvernement consiste à prendre en charge temporairement les besoins les plus pressants des familles éprouvées, notamment le soutien psychologique.

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