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Un ami d’une victime de l’attentat de Québec témoigne

Photo: Facebook
Geneviève Geoffroy - TC Media

Un résidant de Lanaudière déplore la perte de l’un de ses amis dans l’attentat perpétré contre une mosquée de Québec dimanche soir. Il l’avait rencontré au lendemain des attentats survenus à New York en 2001. Un peu plus de 15 ans plus tard, il déplore que la haine ait emporté son ami.

«Le terrorisme, ça n’a pas de couleur, ni de religion, ni de pays: c’est de la haine et uniquement de la haine et ça, Azzedine [Soufiane] me le disait», affirme Nicolas Lemieux.

Azzedine Soufiane is shown in a handout photo from the Facebook page of Ali Ouldache. Soufiane was among the victims in Sunday night's shooting at a Quebec City mosque. THE CANADIAN PRESS/HO-Facebook- Ali Ouldache MANDATORY CREDIT

Un point central
Azzeddine Soufiane, 57 ans, fait partie de l’une des six victimes alléguées d’Alexandre Bissonnette, ce jeune homme qui est soupçonné d’avoir mené l’attentat contre une mosquée de la capitale provinciale dimanche soir.

Azzeddine Soufiane était père de trois enfants et était propriétaire de la boucherie-épicerie Assalam à Sainte-Foy.

Selon un imam local, Karim Elabed, il était un actif important de la communauté musulmane. Selon lui, ce résidant de Québec de longue date est souvent venu en aide aux nouveaux arrivants dans la capitale de la province. Pour certains, son commerce était un repère.

«C’était quelqu’un qui avait toujours un petit mot sympathique pour chacun des clients. Il vivait très bien, il était bien intégré, très dévoué pour sa famille aussi. Il aidait les nouveaux arrivants, pour les étudiants, par exemple, c’était un repère pour venir faire leurs courses, mais aussi pour avoir un coup de main, savoir quoi faire pour leurs débuts ici à Québec», a-t-il dit.

Nicolas Lemieux se rappelle justement comment le commerce de son ami était un incontournable de la communauté musulmane de Québec.

«Son commerce, c’était l’un des points centraux», affirme-t-il.

Après New York
Nicolas Lemieux a rencontré son ami Azzeddine Soufiance après les attentats perpétrés contre New York en 2001.

Alors âgé de 20 ans, il s’est mis en quête de réponses et il est allé cogner à la porte de la communauté musulmane. «Je me posais des questions et ce n’était pas toujours des discours élogieux envers cette communauté, alors j’ai décidé d’aller m’informer moi-même à la source», explique-t-il.

C’est alors qu’il a rencontré Azzedine Soufiane dans une mosquée du quartier Sainte-Foy, située « juste en face», de l’épicerie-boucherie Assalam. «À l’époque, plusieurs personnes de la communauté m’ont ouvert les bras, dont Azzeddine Soufiane», se rappelle Nicolas Lemieux, aujourd’hui âgé de 35 ans et vivant dans Lanaudière depuis quelques années.

Respect et dialogue
«De fil en aiguille, nous avons développé une relation d’amitié, empreinte de respect et de dialogue. On parlait de religion, de hockey. Aussi, à l’époque, ça bouillonnait en raison de la guerre en Irak et nous participions à des évènements de mobilisation ensemble», témoigne-t-il.

Il se souvient d’une conversation qu’il a eue sur la guerre et le terrorisme avec Azzedine Soufiane. Une conversation qui le marque d’autant plus aujourd’hui à la suite de la mort de son ami dans un attentat.

«On parlait des conflits en Irak et je lui disais que ça n’avait pas de bon sens. Que des femmes, des hommes et des enfants innocents étaient tués dans cette guerre. Lui, il m’avait répondu: « Tu sais Nicolas, le terrorisme, ça n’a pas de frontière ni de religion. C’est la haine qui le fait vivre. On ne peut rester insensible, mais on ne peut pas laisser les gens de côté en raison de la peur »», se remémore-t-il.

Un être aux «yeux doux»
Nicolas Lemieux dépeint son ami comme un être aux «yeux doux» chaleureux, discret et respectueux qui  avait «toujours une oreille attentive».

«C’était quelqu’un de spécial qui me recevait toujours comme quelqu’un de la famille», mentionne-t-il, ajoutant que la perte de son ami est d’une douleur profonde.

C’est pourquoi il n’a pas hésité à se rendre à Québec dès qu’il a appris la triste nouvelle. Il est allé rejoindre la communauté qu’il l’a chaudement accueillie il y a 16 ans et il a participé à la mise sur pied de la vigile tenue lundi soir. «Malgré les années qui ont passé depuis que je suis parti de Québec, c’était comme si c’était hier. Et c’est pour cela que la mort d’Azzeddine me fait aussi mal aujourd’hui», confie-t-il.

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