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Harjit Sajjan rencontre son homologue américain

Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Le secrétaire à la Défense de l’administration Trump a dit être si reconnaissant envers les soldats canadiens qu’il pourrait les embrasser.

Lors d’une rencontre au Pentagone, lundi, le général à la retraite James Mattis a affirmé qu’il y avait des raisons particulières au fait que son premier entretien téléphonique avec un homologue étranger ait eu lieu avec le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan.

Les armées américaine et canadienne ont été de proches alliés depuis la Seconde Guerre mondiale, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il avait pu expérimenter personnellement ces liens forts en Afghanistan.

M. Mattis a souligné qu’alors qu’il était à Kandahar, il voulait donner des accolades à tous les soldats canadiens qu’il voyait débarquer de l’avion. Il a soutenu que les épreuves et les pertes subies dans le conflit afghan avaient cimenté le lien profond entre les deux pays.

Les propos de M. Mattis contrastaient fortement avec ceux du président Donald Trump. Lundi, le président a affirmé s’attendre à ce que les alliés commencent à contribuer équitablement en augmentant leur budget de défense. Le Canada dépense moins pour son armée en proportion de son produit intérieur brut que quasiment n’importe quel autre membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

M. Trump a réitéré ses récriminations envers les dépenses de l’OTAN durant un discours, lundi, sur une base militaire en Floride.

Le président a dit soutenir l’OTAN, tout en ajoutant que les pays membres devaient payer leur juste part.

«Nous demandons simplement que tous les membres de l’OTAN réalisent leurs contributions complètes et appropriées à l’Alliance atlantique, ce que plusieurs d’entre eux n’ont pas fait», a dit M. Trump.

M. Sajjan rencontrait pour la première fois son homologue américain lundi.

Les deux anciens militaires devenus politiciens devaient s’entretenir au Pentagone pendant 45 minutes et leurs discussions devaient tourner autour de la coopération militaire en Amérique du Nord et à l’étranger.

Ils devaient aborder des questions importantes telles que l’engagement des deux pays au sein de l’OTAN, les dépenses militaires, ainsi que les opérations de maintien de paix.

Le gouvernement canadien a reporté le déploiement de ses soldats de maintien de la paix en Afrique dans la foulée de l’élection présidentielle aux États-Unis, arguant qu’il voulait d’abord discuter d’une foule de sujets internationaux avec son allié le plus proche.

Cette conversation sur les opérations de maintien de la paix pourrait avoir eu lieu lundi.

L’élection de Donald Trump a causé de l’incertitude sur plusieurs questions militaires — le président américain a suggéré que l’OTAN devenait désuète, tout en incitant les membres de l’alliance militaire à augmenter leurs dépenses en matière de défense.

M. Trump a aussi démontré une plus grande ouverture que son prédécesseur à l’égard de la Russie, qui a provoqué l’inquiétude de plusieurs pays en Europe de l’Est.

Un analyste militaire canado-américain estime que la rencontre de lundi pourrait clarifier les choses.

Steve Saideman affirme qu’il serait intéressant de voir quel aspect de l’OTAN fera l’objet de discussions — se concentreront-ils sur les critiques de M. Trump, aborderont-ils plutôt des sujets qui n’ont pas été soulevés par le président et finalement, se pencheront-ils sur la possibilité de protéger davantage l’Europe de l’Est contre la Russie?

«L’enjeu lié à l’OTAN qui viendra dans le sujet de conversation nous donnerait une certaine indication sur ce qui se passe dans cette administration», a souligné M. Saideman, professeur en relations internationales de l’Université Carleton à Ottawa, qui est né aux États-Unis.

Casques bleus et F-35

Hormis l’avenir de l’OTAN, il disait s’attendre à ce que les deux politiciens discutent de deux autres sujets: les plans du Canada concernant les opérations de maintien de paix et l’approvisionnement en avions de chasse.

Quant au Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, appelé communément NORAD, M. Saideman estime que la défense antimissile n’est pas un sujet prioritaire pour l’équipe de M. Trump.

Donald Trump a soufflé le chaud et le froid sur plusieurs de ces enjeux. Il s’est plaint du coût élevé des avions de combat F-35, tout en déplorant dans son discours d’investiture que les États-Unis aient pris l’habitude de défendre les autres pays.

M. Mattis était en Asie la fin de semaine dernière afin de rassurer les alliés des États-Unis. Pendant la campagne électorale, le président a remis en doute la contribution des États-Unis pour assurer la sécurité du Japon et de la Corée du Sud et il a même suggéré que ces deux pays devraient se procurer leurs propres armes nucléaires.

Donald Trump avait tempéré ses propos par la suite, mais il a réitéré que les autres pays devraient augmenter leurs dépenses militaires. C’était également la volonté de l’ancien président Barack Obama, qui en avait fait la demande formelle lors de son discours au Parlement.

M. Obama avait toutefois adopté une approche plus conciliante. En fait, il avait été ovationné par le Parlement en déclarant: «Le monde a besoin de plus de Canada. L’OTAN a besoin de plus de Canada.»

Le Canada est classé 23e sur les 27 pays de l’OTAN pour ce qui est des dépenses en proportion du produit intérieur brut (PIB). En 2016, le Canada a consacré 0,99 pour cent de son PIB aux dépenses militaires, ce qui est bien en deçà de la cible de l’OTAN, qui est de 2 pour cent. Seulement cinq pays de l’alliance militaire atteignent cette cible.

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