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L'AÉCG, une entente très importante, dit Charest

Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Les visées protectionnistes du président américain Donald Trump ainsi que la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne rendent la ratification de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe encore plus importante, estime l’ex-premier ministre québécois Jean Charest, l’un des instigateurs des négociations qui ont débuté il y a maintenant une décennie.

«Tout cela rend l’entente encore plus importante parce qu’elle nous permettra davantage de diversifier nos échanges commerciaux vers l’un des plus importants marchés en termes de consommateurs», a-t-il expliqué, mercredi, au cours d’une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

M. Charest s’était déplacé à Strasbourg, en France, pour assister au vote du Parlement européen, qui, malgré la contestation, s’est prononcé en faveur de l’Accord économique et commercial global (AÉCG). Après trois heures de débats et des années de négociations, 408 parlementaires européens ont voté pour l’accord, 254 ont voté contre, tandis que 33 se sont abstenus.

Cette ratification survient deux jours après la visite du premier ministre canadien Justin Trudeau à Washington, où M. Trump a tempéré ses propos à l’endroit de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), disant vouloir y apporter des modifications plutôt que de le réviser en profondeur, comme il l’avait laissé entendre au cours de la campagne présidentielle américaine.

S’il s’est dit ému par le résultat du vote, M. Charest, qui oeuvre au sein du cabinet d’avocats McCarthy Tétrault, ne s’imaginait toutefois pas que les discussions s’étireraient sur une aussi longue période lorsqu’il avait lancé le processus, en 2007, dans le cadre de son passage au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

«Honnêtement, je m’attendais à ce que cela se règle en quatre ans, a affirmé l’ancien premier ministre. Dans ces négociations, le temps est notre pire ennemi. Les circonstances changent et le dossier peut tomber entre deux chaises. Je suis heureux, parce que des projets de 10 ans, il n’y en a pas beaucoup. Proposer un tel projet aujourd’hui serait à peu près impossible.»

M. Charest a notamment salué le «leadership» du négociateur pour le Québec, Pierre Marc Johnson, le qualifiant «d’artisan très important sans qui il n’y aurait pas eu d’entente».

Même si les 28 pays membres de l’UE doivent maintenant approuver le traité de libre-échange, environ 90 pour cent des mesures de l’accord devraient prochainement être mises en oeuvre, ce qui, selon M. Charest, placera le Québec parmi les «grands gagnants» au Canada.

D’après un document préparé par le ministère de l’Économie il y a deux ans, les exportations québécoises à destination de l’UE atteignaient 6,9 milliards $ en 2013, ce qui représentait 20,8 pour cent des exportations canadiennes à destination du Vieux-Continent.

«Le Québec fait davantage affaires avec l’Europe que le reste du pays, a analysé M. Charest. Le port de Montréal, par exemple, deviendra un endroit encore plus stratégique pour accéder à l’ensemble du marché nord-américain.»

Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, le premier ministre Philippe Couillard s’est, sans surprise, réjoui du résultat du vote au Parlement européen, qui, à son avis, démontre que le populisme et ses «fausses solutions» ne sont pas la voie à suivre.

«C’est un puissant message qui rappelle que le voie de l’avenir n’est pas le protectionnisme, a-t-il dit au cours d’une mêlée de presse. Je ne connais aucun exemple d’un pays qui a prospéré en fermant ses marchés.»

M. Couillard a assuré que l’Assemblée nationale allait voter en faveur du traité ratifié par le gouvernement canadien.

Potentiellement dès le mois d’avril, les tarifs douaniers entre le Canada et l’UE devraient disparaître, ce qui offrira une multitude d’occasions d’affaires pour des entreprises et investisseurs canadiens, croit Thomas Apfell, directeur principal au sein de la firme allemande de conseil stratégique Roland Berger.

«Prenons par exemple l’ouverture des marchés publics. Il y a d’énormes besoins de financement dans les infrastructures jusqu’en 2018. On évoque le chiffre de 1500 milliards $. Pour les investisseurs institutionnels canadiens, cet accord leur permet d’avoir accès à des projets de qualité dans une région stable», a-t-il dit au cours d’un entretien téléphonique.

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