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Rouvrir l'ALÉNA: «fignolage» ou boîte de Pandore?

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes
Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — L’ambassadeur du Canada à Washington, qui était présent lundi lors du sommet entre Donald Trump et Justin Trudeau, affiche un optimisme prudent face à l’allure que prendra l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) une fois renégocié.

David MacNaughton a indiqué mercredi que les discussions de lundi ont essentiellement porté sur des modifications à l’ALÉNA qui seraient bénéfiques aussi bien pour le Canada que pour les États-Unis. Cette prémisse, a-t-il soutenu, était déjà bien établie lors des discussions préliminaires menées en haut lieu à la Maison-Blanche depuis quelques semaines, et même avec l’équipe de transition de Donald Trump depuis l’élection présidentielle de novembre.

Le président américain a conclu son entretien avec le premier ministre Justin Trudeau, lundi matin, en indiquant qu’il ne souhaitait que «fignoler» l’ALÉNA.

L’ambassadeur MacNaughton met tout de même un bémol, en rappelant qu’on ne sait toujours pas ce que l’administration Trump veut «fignoler» exactement, puisque le secrétaire américain au Commerce et le représentant au Commerce des États-Unis n’ont pas encore été confirmés dans leurs fonctions par le Congrès. L’affaire des «liens russes», qui a éclaté cette semaine à Washington, risque de retarder encore les nominations de Wilbur Ross et de Robert Lighthizer à ces postes qui seront névralgiques dans la renégociation de l’ALÉNA.

«On se trouve un peu à boxer en solitaire pour l’instant», a résumé l’ambassadeur canadien, de passage mercredi à Toronto.

«Buy American Act»

M. MacNaughton est plus optimiste au chapitre du «Buy American Act», cette loi protectionniste qui empêche les entreprises étrangères de présenter des soumissions pour des projets américains d’infrastructures. Dans leur déclaration commune, lundi, les deux administrations ont indiqué qu’«en raison de notre intérêt commun à l’égard des investissements en infrastructure, nous encouragerons toute occasion pour les entreprises des deux pays de créer des emplois grâce à ces investissements». Certains y ont vu une ouverture.

Mais d’autres observateurs suggèrent de conserver le champagne au frais. «Je crois que la réaction initiale des Canadiens lundi a été un peu trop exubérante», estime l’avocat torontois Mark Warner, spécialiste en droit commercial. «Au fond, tout dépend de ce que (M. Trump) entend réellement par « fignoler » (…) Le Canada veut aller plus loin et plus vite que ce genre de formules très générales.»

Par ailleurs, le président Trump devra passer par le Congrès s’il veut apporter des modifications importantes à l’ALÉNA. Or, cette étape implique des consultations publiques au cours desquelles les entreprises américaines viendront présenter en commissions leurs attentes et leurs doléances.

Les critiques les plus souvent entendues aux États-Unis sur les pratiques commerciales canadiennes concernent le système de gestion de l’offre dans les secteurs du lait, du fromage et de la volaille, les restrictions sur la vente d’alcool, les règles plus strictes sur le commerce hors taxes, ou les limites imposées à la concurrence étrangère dans les télécommunications et la radiodiffusion.

Dans ce contexte, il est difficile — même pour Donald Trump — de ne promettre d’ores et déjà que du «fignolage», estime l’avocat Warner, qui évoque plutôt la «boîte de Pandore».

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