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Le plan Trump pourrait sourire à la Caisse de dépôt

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Un proche de l’administration Trump estime que les investissements massifs à venir en infrastructures aux États-Unis sont une occasion en or pour les fonds de pension comme la Caisse de dépôt et placement du Québec.

De passage à Montréal, mercredi, dans le cadre d’un forum international sur l’infrastructure, l’ex-directeur de l’équipe de transition de Donald Trump en matière d’infrastructure, Dan Slane, a dit croire que la Caisse se trouvait dans une position privilégiée pour aller chercher une part du gâteau de 1000 milliards $ annoncé par le président américain la veille, dans son discours au Congrès.

«La Caisse de dépôt est un fonds (avec un actif) de 275 milliards $ qui est extrêmement sophistiqué. Elle connaît l’infrastructure en long et en large et a de multiples projets aux États-Unis. Il est très facile pour eux d’évaluer et d’investir, et l’infrastructure est au sommet de sa liste», a-t-il expliqué lors d’une rencontre informelle avec la presse.

M. Slane, qui n’est plus rattaché à l’administration Trump depuis qu’il a remis son rapport à la fin de la période de transition en janvier, a rencontré mardi le président et directeur général de la Caisse, Michael Sabia, pour discuter de ces questions.

Il s’est dit impressionné par l’expertise de l’institution québécoise en matière d’infrastructures.

Bien que la nouvelle administration américaine se soit campée dans une position protectionniste de «nationalisme économique», Dan Slane souligne que les investisseurs étrangers seront certainement sollicités pour soutenir des projets d’infrastructures.

Il a donné en exemple le fait que le département des Anciens combattants a besoin d’une vingtaine d’hôpitaux.

«Ils n’ont pas besoin d’en être propriétaires, seulement de les opérer. Voilà une façon pour un fonds de pension, par exemple, de financer la construction de 20 hôpitaux, les louer au département des Anciens combattants pour 20 ans et obtenir un retour sur leur investissement.»

M. Slane a aussi fait valoir que de nombreux projets de transport en commun seront dans les cartons et que l’expertise de la caisse dans ce domaine pourrait lui donner une longueur d’avance.

Dan Slane est allé jusqu’à suggérer que, pour vaincre la résistance à l’investissement étranger, dans un tel contexte, la Caisse pourrait en quelque sorte se cacher derrière des fonds de pension américains qui n’ont ni ses ressources financières ni son expertise, simplement pour rassurer le public.

«Prenez le fonds de pension des enseignants de l’Ohio. Ils n’ont ni l’expertise ni la sophistication de Michael (Sabia). Elle (la Caisse) pourrait faire équipe et mener les analyses, créer la bonne structure et amener l’expertise requise, mais, pour le public, c’est le fonds de pension des enseignants de l’Ohio qui en assumerait la direction.»

Il a signalé au passage que les fonds d’investissement de partout dans le monde, notamment d’Arabie saoudite, de Chine et de Norvège, devraient être sur les rangs pour d’éventuels projets en partenariat public-privé.

Garneau à Washington

Participant lui aussi au forum, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, s’est montré nullement surpris de ces propos.

«Je suis certain qu’il y a des fonds d’investissement canadiens qui seront attirés par le potentiel de projets d’infrastructures aux États-Unis, comme ils le seront au Canada», a-t-il déclaré en point de presse.

«Les fonds de retraite canadiens ont investi à l’étranger dans le passé», a rappelé le ministre avant son départ pour Washington, où il devait rencontrer son homologue américaine, la secrétaire aux Transports Elaine Chao.

Les questions d’infrastructures devaient également être au menu de ces discussions, particulièrement au niveau frontalier, de même que la réglementation.

«Il faut continuer d’harmoniser (la réglementation) pour qu’un train qui traverse frontière puisse savoir qu’il doit respecter les mêmes règles dans les deux pays, qu’il n’y a pas un changement de règles à la frontière», a-t-il fait valoir.

Il a toutefois reconnu que le défi était de réussir à faciliter le transit des marchandises et des personnes tout en s’assurant de maintenir la sécurité aux frontières.

«Pour les États-Unis, la sécurité est particulièrement importante et je travaille avec mon collègue le ministre (de la Sécurité publique Ralph) Goodale pour que non seulement le transport continue de se faire efficacement, mais que la frontière en assurant la sécurité soit quand même fluide et qu’on puisse maintenir et possiblement améliorer les taux de commerce entre nos deux pays.»

Une des approches sur lesquelles travaillent les deux pays est le prédédouanement des passagers dans les aéroports et du cargo pour éviter les goulots d’étranglement à la frontière.

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