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5 questions à une avocate spécialiste en matière de réfugiés

Photo: La Presse Canadienne
Marc-André Couillard - Coup d'oeil / TC Media

TC Media s’est entretenu avec Denise Otis, conseillère juridique du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Elle répond à nos questions concernant la hausse des demandeurs d’asile qui entrent au Canada de manière illégale, principalement en empruntant le chemin Roxham à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Qu’est-ce que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et quel est son rôle?
«Le HCR est présent dans 126 pays. Il a été créé après la Deuxième Guerre mondiale. Son siège social est à Genève. Le HCR est présent au Canada depuis les années 1970. Son rôle est d’assurer la protection des demandeurs d’asile et des réfugiés dans les pays où l’État ne peut pas ou ne veut pas s’en occuper. L’article 14 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que chaque individu qui se sent persécuté a le droit de chercher asile dans un autre pays. Le Canada est important pour le HRC parce qu’il a souvent été cité comme étant exemplaire en matière de protection internationale. Le HCR fonctionne par recommandations. Il souligne les bonnes pratiques et suggère des mises à niveau aux États.»

Avez-vous visité le centre temporaire de traitement des demandes d’asile aménagé à la douane de Saint-Bernard-de-Lacolle?
«Oui, nous sommes allés voir à la frontière parce qu’on se préoccupe de la façon dont ils sont traités. On a observé comment ça se passe avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Nous avons rencontré une quinzaine de demandeurs d’asile et nous les avons questionnés. Ils disent avoir été bien traités, mais ils trouvent que ça prend du temps. Jusqu’ici, il n’y a pas un mot à dire. Tout se fait de façon très convenable et c’est gérable. C’est clair que si le nombre de demandeurs d’asile qui entrent augmente, ce qui est envisagé avec l’arrivée du temps plus clément, l’espace ne sera probablement pas suffisant.»

De quelle façon ces personnes y sont-elles traitées?
«Le problème, c’est de transporter ces gens et d’évacuer ceux qui sont rendus à une autre étape. Bien des gens auraient pu sortir avant, mais l’ASFC nous dit que les délais légaux sont respectés [NDLR: les demandes doivent être traitées dans un délai maximal de trois jours]. On travaille avec des organismes non gouvernementaux. On va demander des jouets pour les enfants. L’ASFC va faire appel aux services de la Croix-Rouge canadienne.»

Est-ce que ces demandeurs d’asile représentent un danger pour la sécurité du pays ?
«Le Canada est un des pays où il se fait le plus de vérifications, par la GRC et l’ASFC. Très peu de demandeurs d’asile sont détenus parce que la plupart sont documentés. N’entre pas qui veut. Ces gens sont eux-mêmes victimes de violence et de terrorisme. Il n’y a aucun risque pour la sécurité. Ceux qui sont dangereux ont déjà été arrêtés.»

Que faudrait-il faire pour régler cette situation ?
«Il y a une certaine panique de la population face aux décisions récentes du gouvernement américain sur l’immigration. Plusieurs réfugiés voulaient demander l’asile aux États-Unis, mais ont ensuite décidé de se diriger vers le Nord [le Canada]. Il faudrait peut-être mieux informer ces gens sur les demandes d’asile aux États-Unis. On pense que, pour l’instant, le système est encore équitable aux États-Unis. On fait des vérifications plus intenses qu’avant, mais ces gens cèdent un peu à ce qui est perçu comme un climat hostile aux réfugiés. Malgré tout, une personne qui arrive à la frontière et qui dit craindre pour ses droits fondamentaux ne devrait pas être refoulée.»

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