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Trudeau parle du pétrole canadien au Texas

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick
Joanna Smith, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

HOUSTON — Le premier ministre Justin Trudeau se trouve au coeur du secteur pétrolier américain, au Texas, pour promouvoir l’investissement dans l’exploitation des ressources naturelles canadiennes, alors même que son gouvernement libéral prépare le pays pour un avenir sans carburants fossiles.

«Rien n’est plus important à l’économie américaine que l’accès à une source d’énergie fiable et sécuritaire», a déclaré M. Trudeau, jeudi soir, à Houston, durant un discours d’ouverture d’une conférence réunissant des politiciens et des dirigeants du secteur énergétique.

«Le Canada est cette source», a-t-il poursuivi.

Le premier ministre a fait valoir la relation entre l’exploitation des ressources et la protection de l’environnement, un message qu’il a aussi livré aux Canadiens — incluant à ceux qui ont encore des souvenirs amers du programme énergétique national de son père, Pierre Elliott Trudeau, mis en vigueur dans les années 1980.

«Ce fut un échec», a dit M. Trudeau, dans une transcription fournie à l’avance du discours.

Le premier ministre tente de convaincre les sceptiques des deux côtés du spectre politique qu’il saura en faire une réussite cette fois, et que le pays a besoin à la fois de nouveaux oléoducs et d’un plan sur le prix du carbone visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

La conférence, organisée par la firme de recherche IHS Markit, a aussi accordé un prix à M. Trudeau pour ses vues sur le développement durable.

Le premier ministre a souligné que son gouvernement a approuvé deux projets d’oléoduc — Kinder Morgan, de Trans Mountain, et la Ligne 3 d’Enbridge — et a salué la volonté du président américain Donald Trump d’approuver le projet Keystone XL, proposé une première fois il y a près de dix ans par TransCanada.

«Je n’en fais pas de secret: nous sommes fiers de cela. Ce sont des avancées. C’est important», a-t-il déclaré.

Du même souffle, il a argué l’importance d’un avenir bien différent dans le secteur énergétique.

«Il viendra un jour, lointain mais inévitable, où les sources d’énergie traditionnelles ne seront plus nécessaires», a dit M. Trudeau, qui a positionné le Canada comme un leader des technologies d’énergie propre telles que le captage de carbone et les batteries plus performantes pour les voitures électriques.

«Soyons clairs. Nous n’aurions pas pu agir pour les oléoducs si nous n’avions pas agi pour le climat», a-t-il ajouté.

Lors de l’annonce par son bureau de la présente visite de deux jours à Houston, la semaine dernière, M. Trudeau a déclaré par communiqué qu’il s’agissait de rendre l’économie canadienne plus concurrentielle et de «laisser un environnement plus propre à nos enfants».

M. Trudeau est le premier premier ministre canadien à prendre part à la conférence annuelle CERAWeek, qui réunit plus de 3000 personnes — incluant des législateurs, des dirigeants et des experts du secteur énergétique — d’un peu partout dans le monde.

Cette visite à Houston cadre dans les efforts du gouvernement libéral pour convaincre l’administration Trump et d’autres législateurs américains que le maintien d’une frontière ouverte bénéficie à l’économie — notamment au secteur énergétique — tant au Canada qu’aux États-Unis.

M. Trudeau rencontrera Greg Abbott, le gouverneur du Texas, et Lisa Murkowski, sénatrice américaine en Alaska, tous deux républicains, vendredi matin, à Houston.

David MacNaughton, l’ambassadeur canadien aux États-Unis, qui a été fortement impliqué dans ces efforts de rapprochement, a pris l’avion avec M. Trudeau depuis Ottawa.

Le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, qui prend part à la conférence depuis le début de la semaine, a affirmé en entrevue à CNBC que le Canada cherchait un «terrain commun» avec l’administration Trump.

«Je préfère parler d’occasions plutôt que de peur, et la manière de tirer profit des occasions est d’argumenter et de se faire des amis», a dit M. Carr.

«Et les arguments que l’on fait valoir reviennent au fait que les intérêts du Canada et des États-Unis sont en fait très concordants dans le secteur énergétique», a ajouté le ministre.

Le gouvernement apprenait jeudi que d’autres géants internationaux de l’énergie abandonnaient les sables bitumineux canadiens: Royal Dutch Shell, des Pays-Bas, et Marathon Oil, de Houston, ont vendu leurs activités à Canadian Natural Resources pour 12,74 milliards $ en espèces et en actions.

Cette transaction semble montrer que dans un contexte de faibles prix du pétrole brut, et d’une croissance rapide du pétrole de schiste moins coûteux, des entreprises étrangères évaluent deux fois plutôt qu’une leurs investissements dans les sables bitumineux albertains dispendieux et à forte teneur en carbone.

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