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Andrew Potter critiqué malgré ses excuses

Lina Dib, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Ses excuses n’ont pas suffi. Un professeur de l’Université McGill a essuyé une pluie de critiques provoquée par une lettre d’opinion qu’il a signée dans le magazine anglophone «Maclean’s».

Des politiciens de Québec à Ottawa sont tombés à bras raccourcis sur Andrew Potter qui dirige l’Institut d’études canadiennes de l’université montréalaise; tellement qu’en après-midi, mardi, le professeur présentait ses excuses sur sa page Facebook.

«Raccourci absurde», «fraude intellectuelle», une vision «qui n’a rien à voir avec la réalité»; les condamnations ont été nombreuses mais elles se sont arrêtées à la porte du parlement fédéral, une tentative de dénoncer officiellement l’écrit ayant échoué.

Dans le texte publié lundi sur le site internet du magazine, le professeur Potter écrit que la tempête de neige qui s’est abattue sur le Québec la semaine dernière — et dans une certaine mesure, sa gestion — «révèle le malaise qui ronge les bases de la société québécoise».

Selon M. Potter, les camionneurs qui ont refusé le remorquage sur l’autoroute 13 et l’absence d’une personne chargée de les forcer à dégager la voie démontrent un manque de solidarité au sein de la société québécoise.

Cette méfiance peut également se constater, selon l’auteur de la lettre d’opinion, dans les restaurants où l’on «vous offre deux types de factures» en fonction de paiements en argent comptant ou de manière électronique.

«Et ce ne sont pas que les restaurants ou les entrepreneurs en bâtiments ou les propriétaires de garages qui insistent pour être payés en argent comptant — c’est aussi le médecin de famille ou la clinique d’échographie», écrit M. Potter.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a condamné le texte, estimant qu’il dépeignait une image négative de la province et qu’il était fondé sur des préjugés.

M. Couillard a cité la solidarité des Québécois lors de l’attaque à la mosquée de Québec. Il a rappelé les choix sociaux que font les Québécois. «Je le vois dans la façon dont nos programmes sociaux sont montés par rapport au reste du Canada», a-t-il dit, en faisant référence, notamment, aux services de garde d’enfants.

Et cherchant à corriger ce portrait d’une société où le travail au noir serait très répandu, le premier ministre a souligné l’introduction des appareils de facturation dans la restauration, rappelant que le gouvernement «fait de grands efforts pour lutter contre l’évasion fiscale».

Excuses de l’auteur

«J’ai généralisé quelques anecdotes personnelles quant à l’économie clandestine de Montréal, qui ont présenté des industries entières sous un mauvais jour. J’ai aussi été trop loin dans ma description d’une société québécoise aliénée», a écrit Andrew Potter dans les médias sociaux.

«Je regrette les erreurs et les exagérations que j’ai écrites», a-t-il ajouté.

De son côté, l’Université McGill a déclaré sur Twitter «n’endosser d’aucune façon les propos tenus par Andrew Potter dans le magazine Maclean’s».

Malgré ces excuses, à Ottawa, le Bloc québécois a demandé, mardi après-midi, l’appui unanime de la Chambre des communes pour adopter une motion qui «dénonce la québécophobie de plus en plus courante au Canada». Quelques «non» se sont élevés des banquettes conservatrices, entre autres.

«Le texte était évidemment insipide et tout à fait odieux. Sauf que la réalité (…) c’est que l’auteur s’est rétracté. À partir du moment où l’auteur se rétracte, on prend son propos», a justifié le député conservateur Gérard Deltell.

«Les commentaires étaient inacceptables. Il l’a reconnu, et c’était la bonne chose à faire. (…) Moi j’étais d’avis que c’était un raccourci qui était inacceptable», a déclaré la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly.

«C’est invraisemblable que quelqu’un qui est responsable d’un institut d’études canadiennes puisse écrire des choses comme ça», s’est désolé le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair. «Il y a encore beaucoup d’incompréhension. Qu’un truc comme ça puisse être écrit de nos jours, ça dépasse l’entendement», a-t-il ajouté.

Les bloquistes auraient préféré ne pas en rester là.

«La québécophobie, il semble qu’il n’y a pas de volonté au parlement de la dénoncer parce que peut-être que ce n’est pas politiquement payant au Canada anglais de dénoncer ça», a accusé Xavier Barsalou-Duval qui dirige les troupes bloquistes à Ottawa, en l’absence de Martine Ouellet.

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