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SQ: les libéraux accusés de fermer les yeux

Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — L’opposition accuse les libéraux de vouloir camoufler les liens occultes entre la Sûreté du Québec (SQ) et le gouvernement Charest.

Le chef caquiste François Legault a condamné, mercredi, le peu d’empressement du premier ministre Philippe Couillard à faire la lumière sur les plus récentes révélations concernant l’immunité accordée aux élus. L’opposition officielle a aussi reproché au gouvernement de refuser d’aller au fond des choses.

Un document judiciaire d’un enquêteur de la SQ révélait récemment que les élus du gouvernement Charest bénéficiaient d’une immunité et étaient informés des écoutes électroniques de la SQ.

L’affaire remonte à l’opération Diligence, une enquête amorcée en 2007 qui visait à contrer l’infiltration du crime organisé dans l’industrie de la construction, entre autres. Le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) de l’époque, Michel Arsenault, avait été mis sous écoute électronique.

Le directeur général adjoint de la SQ de l’époque «avait informé le gouvernement de l’écoute électronique sur Michel Arsenault, cela avait pour but de protéger le premier ministre (Jean Charest) d’être piégé par Arsenault», peut-on lire dans la déclaration sous serment de l’enquêteur Patrick Duclos.

«Des hauts placés ont donné des informations à Jacques Dupuis quand il était ministre concernant l’écoute électronique de Jean Charest, moi je trouve ça très grave, a déclaré François Legault en point de presse. Je pense que Philippe Couillard prend ça à la légère, cela n’a pas l’air de l’intéresser.»

Les Québécois ont le droit de savoir, a soutenu M. Legault, qui a demandé la comparution de M. Dupuis en commission parlementaire ainsi que des dirigeants de la SQ, mais les libéraux ont refusé de se mouiller. Le premier ministre Philippe Couillard a dit que ce sera aux membres de la commission parlementaire de décider.

L’opposition officielle a à son tour proposé une motion pour faire entendre en commission parlementaire la SQ, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) ainsi que toute autre personne pertinente, mais les libéraux ont refusé d’en débattre.

Le PQ a accusé le gouvernement de bloquer toute tentative d’aller au fond des choses, en vue de s’assurer qu’il n’y ait pas d’ingérence politique.

«Le gouvernement refuse que nous allions au fond des choses et que nous soyons capables de faire la lumière avec les principaux acteurs concernés, a dit la porte-parole en matière de justice, Véronique Hivon, en conférence de presse. C’est excessivement grave.»

Son collègue porte-parole à la Sécurité publique, Pascal Bérubé, dit avoir noté un malaise dans les réponses «évasives, courtes» du premier ministre.

«C’est un indice habituellement assez fiable pour noter le degré d’inconfort du premier ministre et le degré aussi d’inconfort potentiel de ses collègues qui ont siégé dans le gouvernement de Jean Charest.»

Le chef de l’opposition, Jean-François Lisée, a tenté d’en savoir plus sur une directive qui prévoit qu’il faut avoir l’autorisation du DPCP avant d’obtenir un mandat d’écoute électronique qui vise un élu de l’Assemblée nationale.

«Cette directive existe depuis quand? Est-ce qu’il peut la déposer et nous dire pourquoi elle a été adoptée par les libéraux?», a demandé M. Lisée.

«C’est une excellente directive, a répliqué M. Couillard. Il faut notifier un organisme indépendant, totalement apolitique qu’est le DPCP. Alors, je ne sais pas où (M. Lisée) s’en va. Il s’en va dans la brume.»

Le député libéral Robert Poëti a quant à lui soutenu qu’il n’avait jamais eu vent d’une quelconque immunité accordée aux élus du temps où il était à l’emploi de la SQ.

«Je n’ai jamais entendu ça, sur le fond, elle serait inacceptable si elle existait», a-t-il déclaré en point de presse, sans remettre en cause la validité de la déclaration sous serment.

François Legault a par ailleurs remis en cause l’indépendance de la SQ. Du moment où les policiers doivent aviser le gouvernement de leurs enquêtes, ils seront hésitants à fouiller plus loin, a-t-il évoqué.

Il a rappelé que le directeur de la SQ est nommé par le gouvernement, alors que la CAQ exige qu’il soit nommé par un vote aux deux tiers de l’Assemblée nationale, à l’instar des officiers du Parlement.

«Est-ce que les directeurs généraux sont vraiment indépendants du gouvernement libéral?» a-t-il demandé.

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