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Infrastructures: Morneau fait appel à la patience

Jordan Press, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le ministre des Finances, Bill Morneau, aimerait bien voir les villes et les provinces toucher plus rapidement aux investissements fédéraux en matière d’infrastructures, mais selon lui, un flux trop rapide pourrait entraîner un gaspillage de fonds.

Le gouvernement de Justin Trudeau s’est fait critiquer par le Directeur parlementaire du budget pour le rythme trop lent des dépenses en infrastructures — un pilier de la stratégie d’Ottawa pour stimuler la croissance économique et réaliser un retour à l’équilibre budgétaire.

Le ministre Morneau affirme que 1300 projets ont déjà obtenu le feu vert de son gouvernement, pour une valeur totale de quelque six milliards $ — et d’autres sont à venir.

Lors d’une entrevue diffusée en direct sur Facebook par Huffington Post Canada, M. Morneau a souligné les risques qui accompagnent des investissements précipités.

Selon le budget fédéral déposé mercredi, entre 50 et 75 pour cent de l’enveloppe consacrée aux infrastructures devrait être dépensée d’ici la fin de l’exercice financier en cours, la semaine prochaine.

Or, si le Trésor fédéral est peu sollicité, les projets, eux, occasionnent de nombreuses dépenses.

Ottawa ne rembourse les villes et les provinces qu’après la soumission des reçus. Ainsi, il y a normalement un délai entre la construction et l’injection de fonds fédéraux. L’argent qui n’a pas été dépensé par les villes lors d’une année donnée demeure disponible pour elles par la suite.

Les libéraux avaient prédit que leur première vague d’investissements en infrastructures, accompagnée d’une série de mesures fiscales, engendrerait une croissance économique d’un demi-point de pourcentage lors de l’année financière 2016-2017.

Le second budget de Bill Morneau anticipe plutôt une croissance de quatre dixièmes d’un point de pourcentage en raison de la faible progression des dépenses en infrastructures.

Ce plus récent budget a aussi fourni plus de détails quant à la deuxième phase de la stratégie libérale, notamment en ce qui a trait à la part qu’assumera Ottawa.

Le gouvernement québécois réclame un investissement fédéral d’au moins un milliard de dollars pour le projet de Réseau électrique métropolitain (REM) à Montréal, qui profite du soutien financier de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Jeudi, l’Assemblée nationale a adopté une motion pour exprimer sa «très grande déception» face au budget fédéral, qui ne prévoit aucune enveloppe en ce sens.

Les autorités fédérales envisagent néanmoins le REM pour l’éventuelle Banque de l’infrastructure du Canada (BIC). La Banque aurait pour but de mobiliser les investissements privés dans des projets comme ceux de transport en commun, qui débouchent sur une source de revenus pour rembourser ces investissements publics et privés.

Selon des sources au sein du gouvernement fédéral, le plan d’affaires à cet effet aurait été déposé il y a quelques semaines, mais aucune décision n’a été prise.

Ottawa ne peut pas non plus promettre d’appuyer le REM dans la seconde phase de son plan d’infrastructures puisque les accords de financement ne sont pas encore signés. Les pourparlers en ce sens n’ont pas été lancés et pourraient prendre plus d’un an considérant le montant en jeu — soit environ 82 milliards $ sur 11 ans.

Justin Trudeau s’est engagé vendredi à injecter plusieurs milliards de dollars dans des projets québécois au fil des années à venir.

«Nous comprenons très clairement qu’il ne revient pas à Ottawa de déterminer les besoins d’une communauté ou le meilleur projet de transport pour une région donnée, a-t-il souligné. Ça appartient aux experts, aux conseillers municipaux, aux provinces. Nous sommes là pour être partenaires avec les provinces et les municipalités quant aux investissements dont on a besoin pour faire croître l’économie.»

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