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Appareils électroniques:l'IATA critique l'interdit

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le président et chef de la direction de l’Association du transport aérien international (IATA), Alexandre de Juniac, est visiblement irrité par la décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’interdire des appareils électroniques dans la cabine de passagers sur les vols provenant de certains pays du Moyen-Orient et de l’Afrique.

«On a beaucoup de questions sur la validité de cette mesure et sur la méthode par laquelle elle a été prise», a indiqué Alexandre de Juniac, à la suite d’une rencontre avec les membres du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), mardi.

Bien qu’il reconnaisse qu’il est entièrement légitime pour les États de prendre des mesures pour se protéger, M. de Juniac a fait valoir que cette décision pourrait avoir pour effet de simplement transférer le risque ailleurs dans l’avion.

«Nous avons déjà limité le trop grand nombre de batteries lithium-ion dans les soutes des avions et cargo en raison des risques d’incendie/explosion (…) Si on craint un problème d’explosif dans un appareil électronique, le mettre en soute ou en cabine, ça ne change pas grand-chose», a-t-il noté.

Le représentant de l’industrie aérienne commerciale a également déploré le fait que la décision ait été prise de façon unilatérale, sans consultation et sans avertissement.

«Ça nous oblige à mettre en oeuvre, dans des conditions qui sont très insatisfaisantes, des mesures qui sont tout de même difficiles à accepter pour les passagers et à mettre en oeuvre par les compagnies aériennes», a martelé M. de Juniac, exprimant l’espoir d’une plus grande ouverture de la part des pays concernés dans l’avenir.

«Nous ne sommes pas des experts en sécurité, mais nous sommes des experts en transport de personnes et de biens. S’il vous plaît, demandez-nous notre avis.»

Il a appelé le gouvernement canadien à travailler avec l’industrie du transport pour s’assurer que les passagers ne soient pas séparés de leurs ordinateurs portables, tablettes et autres appareils électroniques.

Le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, a pour sa part indiqué à La Presse canadienne, que son gouvernement étudiait cette interdiction, mais qu’aucune décision n’avait encore été prise.

«Des représentants de mon ministère sont à Bruxelles pour discuter avec un groupe clé d’alliés et de spécialistes de l’interdiction de transporter des appareils électroniques dans la cabine des aéronefs. Nous évaluons avec soin les préoccupations de nos partenaires», a indiqué le ministre par voie de courriel.

«Notre gouvernement demeure vigilant en réévaluant sans cesse ses mesures de sûreté et n’hésitera pas à en prendre d’autres au besoin», a-t-il ajouté.

Mais pour le PDG de l’IATA, il ne fait aucun doute que cette mesure ne doit pas demeurer en place dans sa forme actuelle, une préoccupation qu’il dit avoir partagée avec les autorités réglementaires américaines et britanniques.

«Nous avons fortement insisté sur le fait que cette mesure ne peut pas être une mesure à long terme. Elle doit être revisitée rapidement en collaboration avec nous.»

Non à la privatisation d’aéroports

Dans un autre ordre d’idées, M. de Juniac a aussi exhorté Ottawa à ne pas privatiser les aéroports puisque les expériences en la matière ont démontré que cela nuit à la compétitivité du pays en augmentant les coûts des vols et en compromettant les services, a-t-il expliqué.

«Le Canada va le regretter s’il vend les joyaux de la Couronne», a-t-il déclaré devant les membres du CORIM, ajoutant que la France regrettait elle-même d’avoir cédé une portion de ses actifs aéroportuaires au secteur privé.

Évoquant des exemples en Australie, en Europe et en Amérique du Sud depuis les 20 dernières années, il a soutenu que «ces privatisations ont plutôt généré des coûts supplémentaires pour les compagnies aériennes avec un niveau de service que nous ne trouvons pas en rapport».

Selon lui, seuls les nouveaux propriétaires en ont profité: «Les principaux aéroports privatisés sont des machines ultra profitables, comparé à la fragilité financière des compagnies aériennes», a-t-il expliqué, alors que la situation est tout autre dans les actifs conservés par les États.

«Dans les aéroports qui sont restés publics, on a trouvé un meilleur compromis entre l’intérêt général, l’intérêt des « stakeholders » et l’intérêt des clients», a-t-il affirmé, ajoutant que cette situation était, jusqu’à preuve du contraire, la meilleure pour tous les clients en matière de coûts et services.

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