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Une Canadienne détenue en Turquie a été relâchée

Murat Cetinmuhurdar / The Associated Press Photo: Murat Cetinmuhurdar
Liam Casey, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Une Canadienne détenue en Turquie depuis trois mois a été reconnue coupable d’avoir insulté le président du pays, mais a été remise en liberté pendant que son avocat porte le verdict en appel.

Ece Heper, âgée de 50 ans, était soulagée, mercredi, de pouvoir quitter la prison où elle était détenue depuis la fin de décembre en raison de ses commentaires sur le président Recep Tayyip Erdogan écrits sur les réseaux sociaux. Dans une brève entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, elle a indiqué qu’elle allait bien, mais qu’elle devait se reposer. «Je n’ai pas encore digéré tout ce qui m’est arrivé», a-t-elle dit.

Mme Heper, qui détient la double citoyenneté canadienne et turque, a raconté qu’elle n’avait pas dormi depuis deux jours — après un procès expéditif à Kars, dans le nord-est du pays, puis sa remise en liberté et un périple de 10 heures jusqu’au domicile d’un ami, dans le sud de la Turquie.

Son avocat, Sertac Celikkaleli, a indiqué que Mme Heper avait été condamnée à deux ans et quatre mois de prison, mais qu’elle avait été relâchée en attendant que son appel soit entendu. Elle ne peut quitter le pays pour l’instant, mais elle sera interdite de séjour en Turquie à la fin de sa peine, a précisé l’avocat. Il n’a pas exclu que Mme Heper soit renvoyée en prison si son appel est rejeté.

Le gouvernement canadien fournit une assistance consulaire à Mme Heper à partir de son ambassade à Ankara, a indiqué un porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Austin Jean.

Des critiques sur Facebook

Mme Heper se trouvait en Turquie depuis novembre et a été accusée le 30 décembre, selon Me Celikkaleli. Deux jours plus tôt, elle avait reproché au président Erdogan, sur Facebook, d’avoir incarcéré les journalistes qui laissaient entendre qu’il existant des preuves que la Turquie appuyait Daech (le groupe armé État islamique).

Mme Heper possède une maison en bois rond à Norwood, à environ 150 kilomètres au nord-est de Toronto, selon son amie Birgitta Pavic. Des amis avaient plus tôt soutenu que Mme Heper passait plus de temps en Turquie depuis qu’elle avait rencontré un homme dans le sud du pays, près de la frontière syrienne.

Elle aurait dit à des amis que cet homme était un exilé et qu’il vivait dans une région kurde du nord de la Syrie. Mme Heper a dit à son amie Birgitta Pavic que l’homme en question était revenu en Turquie et avait été arrêté en septembre — apparemment pour ses liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe considéré comme terroriste par le gouvernement turc.

Selon ses amis, Mme Heper vivait à Mardin, dans le sud-est de la Turquie, mais elle s’était rendue à Kars pour venir chercher la femme du détenu afin de lui permettre de rendre visite à son mari en prison. Mme Heper aurait été arrêtée alors qu’elle se trouvait dans la maison de cette femme.

La liberté d’expression est devenue un droit ténu en Turquie. Depuis qu’il est devenu président en 2014, M. Erdogan a porté environ 2000 plaintes pour diffamation contre la présidence, en invoquant une provision de la loi qui n’était pratiquement jamais utilisée jusqu’ici.

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