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Étude du CÉRIUM: l’effet Trump est sous-estimé ici

WASHINGTON, DC - FEBRUARY 13: (AFP OUT) U.S. President Donald Trump (R) extends his hand to Prime Minister Justin Trudeau of Canada during a meeting in the Oval Office at the White House on February 13, 2017 in Washington, D.C. This is the first time the two leaders are meeting at the White House. (Photo by Kevin Dietsch-Pool/Getty Images) Photo: Kevin Dietsch-Pool/Getty Images

MONTRÉAL — Si l’administration Trump baisse effectivement l’impôt des entreprises, cela va mettre «énormément de pression» sur les gouvernements canadien et québécois, mais la meilleure façon de s’adapter ne serait pas de diminuer l’impôt des entreprises ici aussi, estime un chercheur du CÉRIUM.

Philippe Fournier, coordonnateur de la Chaire d’études politiques et économiques américaines et chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), vient de publier une recherche sur «le Québec face au protectionnisme américain: analyse préliminaire et stratégies».

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, jeudi, le chercheur a dit estimer que le Québec et le Canada devraient se préoccuper de certaines politiques protectionnistes de l’administration Trump «encore plus» que de la renégociation de l’ALÉNA (Accord de libre-échange nord-américain). Il rejoint en cela ce qu’a déclaré à la mi-mars l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest.

Entre autres, le président américain Donald Trump a fait part de sa volonté d’abaisser l’impôt des entreprises américaines de 35 à 20 pour cent, afin de stimuler l’économie américaine. Et ce geste, jumelé à une déréglementation, pourrait avoir d’importantes répercussions pour les entreprises canadiennes et québécoises, surtout celles qui exportent aux États-Unis, souligne M. Fournier.

«Sans mesures compensatoires de la part des gouvernements du Québec et du Canada, l’exode des entreprises américaines, déjà en cours depuis quelques années, pourrait se poursuivre», avance le chercheur du CÉRIUM.

Il évoque même un exode de certaines entreprises québécoises. «Dans la foulée des réformes du président Trump, on ne peut pas non plus exclure que certaines entreprises québécoises qui exportent le plus gros de leur production aux États-Unis optent de s’installer de l’autre côté de la frontière», avance-t-il.

Mais la façon de riposter à de telles mesures ne serait peut-être pas d’abaisser l’impôt des entreprises ici, qui est d’ailleurs déjà bas. L’ex-premier ministre Charest avait lui-même cité les chiffres de 27 pour cent au Canada et de 26,9 pour cent au Québec.

«S’il baisse jusqu’à 20 pour cent (aux États-Unis), ça va être le branle-bas de combat, je pense. Je ne me risquerais pas à suggérer la même chose au gouvernement canadien, c’est-à-dire de baisser les taux d’imposition. C’est sûr que ça va mettre énormément de pression (sur le gouvernement canadien) et ça va être probablement une des solutions qui va être envisagées mais, en même temps, ça ne fait pas partie de l’ADN politique du gouvernement en place (celui de Justin Trudeau) que de faire ça», souligne M. Fournier.

«Au niveau politique, ça pourrait être extrêmement dangereux que d’emboiter le pas aux États-Unis, dans la mesure où il s’est présenté comme un défenseur de la classe moyenne», objecte le chercheur.

En conséquence, «je ne m’avancerais pas à dire que c’est une solution» à laquelle devraient recourir les gouvernements du Québec et du Canada, croit M. Fournier.

Il songe plutôt à des mesures compensatoires, comme les garanties de prêts envisagées dans l’industrie du bois d’oeuvre ou une compensation financière comme c’est le cas pour les producteurs laitiers — dans l’accord avec l’Union européenne.

Comme moyen de se prémunir contre les répercussions des décisions de l’administration Trump, M. Fournier conseille également de miser davantage sur le vide créé par l’échec du Partenariat transpacifique et «l’hostilité grandissante des États-Unis envers la Chine et le Mexique», par exemple.

Et il suggère aussi de mener une sorte de campagne d’éducation populaire aux États-Unis, de façon à sensibiliser non seulement les gens d’affaires américains, mais aussi le peuple américain à l’importance d’une bonne relation avec le partenaire canadien.

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