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ALENA: Couillard rencontre un proche de Trump

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le premier ministre Philippe Couillard cherche à influencer l’entourage de l’administration Trump à l’approche de la réouverture de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

M. Couillard rencontrait, jeudi à Montréal, l’investisseur Stephen Schwarzman, président et chef de la direction de Blackstone, un des plus importants fonds d’investissement au monde qui détient 367 milliards $US en actifs.

M. Schwarzman préside un groupe de gens d’affaires influents, le Strategic and Policy Forum, chargé de conseiller le président Donald Trump en matière économique.

À l’issue de la rencontre, le premier ministre a dit avoir «suggéré (à M. Schwarzman) de peut-être passer le message» à l’administration américaine que la question de l’agriculture, notamment le maintien du système de gestion de l’offre, «est un enjeu très, très sensible» pour le Québec.

Bien que l’homme d’affaires américain ne soit pas lui-même impliqué dans les négociations de libre-échange, Philippe Couillard estime que l’occasion était propice pour réitérer la volonté du Québec de maintenir des échanges commerciaux ouverts et bénéfiques aux deux pays à un homme qui a l’oreille du président américain.

M. Schwarzman a fait valoir que tous les signataires de l’ALÉNA s’entendent pour dire que certains éléments de l’Accord «doivent être modifiés et mis à jour au profit de tout le monde».

Le premier ministre Couillard a pour sa part rappelé à cet effet que l’entente avait été conclue avant l’existence de l’internet, du commerce électronique et de l’infonuagique.

«Il y a toutes sortes d’enjeux qui étaient simplement inexistants à la naissance de l’accord», a-t-il dit.

Bois d’oeuvre: conflit en vue

Philippe Couillard estime par ailleurs que la réouverture de l’ALÉNA représente une belle occasion pour «sortir de ce cycle de conflits commerciaux réguliers et avoir une relation plus stable», notamment sur la question du bois d’oeuvre.

Le premier ministre a ainsi laissé entendre qu’il aimerait voir cet enjeu intégré dans l’entente, d’autant plus que les négociations actuelles ne se déroulent pas d’une manière satisfaisante.

«Il est possible que les premiers tarifs apparaissent à la fin avril. C’est très bientôt», a-t-il déploré, précisant que son gouvernement était déjà prêt à soutenir financièrement l’industrie, les travailleurs et les régions affectées si tel devait être le cas.

Prenant la balle au bond alors qu’Ottawa venait d’annoncer une aide financière de 105 millions $ à l’industrie automobile ontarienne le matin même, il a invité le gouvernement Trudeau à faire sa part pour soutenir l’industrie forestière québécoise: «On a demandé au gouvernement fédéral de nous accompagner dans ce soutien. Ce ne serait pas normal que ce ne soit que le gouvernement du Québec qui soutienne l’industrie forestière du Québec.»

Trump: «un gouvernement inhabituel»

Stephen Schwarzman était également à Montréal pour discuter de partenariats avec Hydro-Québec, son entreprise ayant une expertise dans les investissements dans le domaine énergétique. Le président et chef de la direction d’Hydro-Québec, Éric Martel, de même que le ministre responsable de la société d’État, Pierre Arcand et sa collègue de l’Économie, Dominique Anglade, notamment, participaient aux discussions.

Demeurant très discret sur la nature de ces pourparlers, M. Schwarzman a tout de même qualifié de relation gagnant-gagnant les ventes d’électricité d’Hydro-Québec aux États-Unis.

Il n’a pas semblé avoir d’inquiétude par rapport à la volonté du président américain de mousser davantage l’usage des combustibles fossiles et s’est montré sceptique face à la possibilité de voir, comme l’a promis le président Trump, une relance de l’industrie du charbon.

«Plusieurs fournisseurs d’électricité se sont adaptés au gaz naturel. Le gaz naturel est très bon marché et revenir au charbon, qui est plus cher — sans compter l’aspect environnemental — prendrait du temps.»

Il a toutefois reconnu candidement que le nouveau gouvernement américain est plutôt hors norme.

«C’est un gouvernement inhabituel, en ce sens que plusieurs des personnes qui s’y trouvent n’ont eu aucune expérience gouvernementale, alors il est normal de s’attendre à une courbe d’apprentissage», a-t-il dit, précisant que les membres seniors de l’administration doivent «s’ajuster à la réalité de gouverner par opposition à simplement remporter une élection».

«Après un certain temps, j’anticipe une expérience qui sera beaucoup plus un retour aux affaires habituelles (business as usual) quoique ce ne sera peut-être jamais tout à fait habituel.»

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