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École pour aveugles: un règlement à l'amiable

Michelle McQuigge, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Une action collective concernant des allégations d’agressions physique, sexuelle et émotionnelle sur des élèves d’une école pour aveugles de l’Ontario a été réglée à l’amiable.

Les avocats représentant les plaignants ont précisé que l’entente de 8 millions $ conclue avec la province — et qui est intervenue un seul jour avant que l’affaire ne se rende à procès au début de la semaine prochaine — doit encore être approuvée par les tribunaux.

Une date d’audience est fixée pour l’instant au mois de juin.

L’action collective incluait d’anciens étudiants de l’école W. Ross Macdonald pour les aveugles, à Brantford, en Ontario.

Le défendeur n’était pas l’école elle-même, ou des employés, mais bien le gouvernement de l’Ontario, qui était responsable de superviser les activités de l’établissement.

Selon les allégations contenues dans la requête, les étudiants de l’école au début des années 1950 jusqu’à la fin des années 2000 ont baigné dans un climat de dégradation psychologique, de violence physique et d’abus sexuels.

La poursuite allègue également que certains enseignants n’étaient pas bien formés pour leur emploi et que l’école avait omis de vérifier les antécédents criminels et les références des employés.

Un ancien étudiant qui était le plaignant principal de l’action collective s’est réjoui de l’entente et dit espérer que cela puisse aider à tourner la page sur un chapitre douloureux de la vie des présumées victimes.

«Je suis satisfait que nous n’ayons pas eu à aller en procès. Je crois que toutes les parties concernées étaient plutôt réalistes sur cela et voulaient s’assurer qu’on s’occupait des gens qui sont dans la poursuite», a soutenu Robert Seed, qui a fréquenté l’école de 1954 à 1965­.

Le ministre ontarien de la Justice a publié un communiqué soulignant les termes généraux de l’entente, mais il a refusé de commenter davantage étant donné que les tribunaux n’ont pas encore donné leur aval.

L’école W. Ross Macdonald a transmis toutes les demandes d’entrevues au ministère de l’Éducation, qui n’a pas répondu à La Presse canadienne.

L’action collective, qui avait été autorisée par la Cour supérieure de l’Ontario en 2012, touchait les étudiants qui étaient allés à cette école entre le 1er janvier 1951 et le 4 mai 2012. Elle incluait aussi les proches des présumées victimes qui ont fréquenté l’école du 31 mai 1978 au 4 mai 2012.

La requête dans cette affaire contenait des allégations d’abus qui se seraient produits dans l’espace d’une soixantaine d’années. Elle reprochait au gouvernement de l’Ontario d’avoir omis de protéger des élèves particulièrement vulnérables.

«Pendant la période de l’action collective, les conseillers d’établissement, les enseignants et les administrateurs de Ross MacDonald ont traité les étudiants avec mépris, préjudice et indifférence, est-il écrit dans la requête.

«Ils ont pris part à une conduite abusive, profitant souvent de l’handicap visuel des étudiants.»

Selon la requête, des étudiants étaient systématiquement punis pour des affaires mineures, notamment lorsqu’ils s’ennuyaient trop de leur maison, ou quand ils avaient de la difficulté à lire.

Des employés auraient aussi forcé les élèves à boire l’eau des urinoirs et à sauter sur le dos de leurs camarades qui étaient parfois âgés de seulement six ans.

M. Seed, pour sa part, dit avoir été la cible d’avances sexuelles non désirées de la part d’un conseiller d’établissement qui travaillait à l’école. Il aurait aussi vu un autre enseignant s’en prendre aux étudiants, leur lançant des objets et leur faisant des commentaires dégradants.

Tom Deeker, un ancien étudiant qui était censé témoigner au procès, souligne que l’établissement a imposé des réformes importantes dans les dernières années.

Le but de la poursuite n’était pas de ternir l’image de l’école, mais bien de rendre justice à ceux qui auraient souffert de certains traitements, a signalé M. Seed.

Selon M. Deeker, avec cette entente, le gouvernement reconnaît qu’il a causé des torts. «Je crois que je serais en meilleure position dans ma vie si certaines choses ne m’étaient pas arrivées là-bas. C’est une forme de compensation pour me donner les ressources et récupérer le temps perdu», a-t-il affirmé.

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