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Le sextage dans la mire de la police de Gatineau

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Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

GATINEAU, Qc — Le phénomène du sextage est bien présent dans les écoles secondaires, à un point tel que le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) lance une campagne unique au Québec pour faire comprendre aux adolescents qu’il s’agit d’un acte criminel.

«Tout le monde connaît quelqu’un qui en a reçu ou qui en a fait», a admis Pierre-Olivier Bouchard, 16 ans, coprésident de la Commission jeunesse de Gatineau qui a participé à l’élaboration de cette campagne.

Les dossiers liés au sextage en milieu scolaire ne cessaient de s’accumuler au SPVG depuis 2014. Ils ont atteint 80 en trois ans, soit près de la moitié de l’ensemble des enquêtes sur la pornographie juvénile traités par les agents.

Le SPVG a donc élaboré la campagne #gardeçapourtoi qui contient sept outils de prévention pour les élèves, le personnel scolaire et les parents.

Des ateliers seront donnés aux élèves de première secondaire dans sept écoles de Gatineau d’ici la fin de l’année scolaire. Le programme sera ensuite étendu aux 13 écoles présentes sur le territoire dès septembre.

Une vidéo sera diffusée dans les cinémas durant l’été pour s’assurer que les adolescents continuent d’entendre le message. À cela, s’ajoutent des affiches, un document destiné aux parents, une trousse pour les intervenants, un site web et une banque d’images que les jeunes pourront utiliser en réponse à une sollicitation.

«Boules», «queue» et «chatte»

Le langage utilisé pour nommer les parties intimes est cru et accompagne des images de boules de billard, de lézard et de chat. Des métaphores qui attireront l’attention des adolescents, selon le SPVG.

«Nous sommes allés voir dans la preuve qu’on dépose au procureur de la Couronne comment les jeunes se font des demandes de sextage et c’est le langage qui est utilisé. Il y en a encore du plus « crunchy » que ça», a expliqué la criminologue du SPVG, Isabelle Plante, en charge de l’élaboration de la campagne.

«C’est sûr qu’en passant par l’humour et un langage qu’ils connaissent, nous avions la chance d’ouvrir la communication et la discussion avec eux», a-t-elle ajouté.

Cette campagne de sensibilisation est en développement depuis trois ans et a déjà été testée avec succès dans quelques établissements. Le but est de faire comprendre aux adolescents à quoi ils s’exposent avec le sextage.

«Les jeunes ne savent pas que c’est de la pornographie juvénile, donc ils banalisent beaucoup le geste», a indiqué la psychoéducatrice de l’école secondaire du Versant, Janis Turbide, qui vu une hausse des dénonciations après l’essai du programme dans son établissement.

Ce geste peut pourtant avoir de graves conséquences sur la vie sociale d’un élève dont la photo intime a été partagée, car il n’a aucun contrôle sur sa diffusion. Cette photo gênante peut donc refaire surface à tout moment sur n’importe quel site ou réseau social.

«La jeune qui pense qu’elle va s’en tirer parce qu’elle change d’école, mais bien souvent il y a des gens dans les autres écoles qui l’ont vue. Donc, ça dépasse les limites de nos écoles et les jeunes n’en ont pas conscience», a souligné la psychoéducatrice de l’école secondaire Nicolas-Gatineau, Vanessa Girard.

Toute photo à caractère sexuel de mineurs constitue de la pornographie juvénile en vertu du Code criminel. Des adolescents qui envoient ou reçoivent un sexto pourraient donc être accusés de production ou de possession de pornographie juvénile. Le partage d’un sexto mettant en scène un autre élève peut mener à des accusations de distribution de pornographie juvénile.

Ni le SPVG ni le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales en Outaouais n’étaient en mesure de dire si des accusations ont déjà été portées contre des adolescents pour du sextage.

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