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Wilbur Ross lie le bois d'oeuvre à l'ALÉNA

Susan Walsh / The Associated Press Photo: Susan Walsh
Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Les critiques acerbes du président Donald Trump sur le commerce avec le Canada pourraient préparer le terrain pour la renégociation annoncée de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

L’administration Trump suggère maintenant que des irritants importants comme les produits laitiers ou le bois d’oeuvre pourraient être sur la table de renégociation — ce qui va plus loin que les «ajustements» dont parlait le président Trump il y a quelques semaines.

Mardi, le secrétaire américain au Commerce, qui est responsable du dossier, a lié directement ces deux querelles à la renégociation de l’ALÉNA.

Wilbur Ross estime que les conflits sur les produits laitiers et sur le bois d’oeuvre démontrent la nécessité de renégocier l’ALÉNA avec le Canada.

«Tout est lié à tout quand vous essayez de négocier», a-t-il dit en point de presse.

«Si l’ALÉNA fonctionnait correctement, vous n’auriez pas eu ces accrochages, ces développements malheureux (le lait et le bois d’oeuvre) l’un après l’autre. Ça démontre que l’ALÉNA n’a pas fonctionné aussi bien qu’il le devrait», a-t-il argué, ajoutant que le fait que le lait ne soit pas couvert par l’accord «est un des problèmes».

M. Ross participait à la séance quotidienne d’information de la presse à la Maison-Blanche pour expliquer pourquoi les États-Unis ont imposé des droits compensatoires de 20 pour cent sur le bois d’oeuvre — le dernier chapitre de ce litige qui dure depuis bien longtemps.

Cela a donné lieu à une scène très rare: la conférence de presse a commencé avec des échanges sur divers sujets liés au commerce avec le Canada, allant des droits de coupe sur les terres publiques aux règlements sur les produits laitiers qui ont eu pour effet de limiter les importations de protéines de lait.

Quelques journalistes américains ont demandé pourquoi l’administration Trump s’attaquait à son grand allié et son voisin. «Le Canada est généralement un bon voisin. Cela ne veut pas dire qu’ils (les Canadiens) ne doivent pas jouer selon les règles», a-t-il lancé.

En marge de la signature d’un décret, le président Trump a souligné que le Canada s’était «montré plus futé» que les politiciens américains sur les produits laitiers pendant plusieurs années, ce que son administration ne tolérera plus, a-t-il promis.

M. Trump a dit ne pas s’inquiéter de provoquer une guerre commerciale avec son voisin du nord.

«Les gens ne réalisent pas que le Canada a été très dur avec les États-Unis. Tout le monde pense que le Canada est merveilleux, et moi aussi. J’aime le Canada», a-t-il dit.

Plus tôt dans la journée, Donald Trump s’en était pris au Canada sur Twitter. «Le Canada a rendu très difficile de faire des affaires pour nos producteurs laitiers du Wisconsin et d’autres États frontaliers. Nous n’accepterons pas cela. Regardez bien!», avait-il écrit.

Une tactique de négociation?

Des responsables canadiens ont soumis l’hypothèse selon laquelle cette rhétorique enflammée serait une technique de négociation souvent utilisée par le secrétaire américain au Commerce.

Cette hypothèse semblait gagner en légitimité, mardi.

M. Ross a utilisé la plus haute tribune à Washington pour discuter du bois d’oeuvre et amener le sujet dans les médias américains — ce qui ne déplaît pas nécessairement aux Canadiens.

Un représentant canadien a dit qu’il serait d’accord pour inclure le bois d’oeuvre dans un nouvel accord commercial, dépendamment de la trajectoire des négociations. En fait, la toute première chose que le Canada a réclamée quant à la potentielle nouvelle entente, c’est un accord à long terme sur le bois d’oeuvre.

Le représentant canadien a déjà une réponse toute prête si les Américains se plaignent de la gestion de l’offre sur les produits laitiers: «Les États-Unis ont une gestion de l’offre pour le bois d’oeuvre».

Le gouvernement canadien a discrètement tenté de contacter ses alliés aux États-Unis.

Les ministres fédéraux se sont promenés à travers le pays, rencontrant plusieurs Américains qui profitent du commerce entre les deux pays, dont l’Association nationale des constructeurs de maisons (National Association of Home Builders).

Mardi, l’association a publié un communiqué dénonçant la taxe sur le bois d’oeuvre, soulignant que les craintes suscitées par les tarifs à venir avaient augmenté le prix du bois et ajouté près de 3600 $ US aux coûts moyens d’une maison.

«Ces hausses de prix ont des répercussions négatives sur des millions d’Américains», a déclaré le groupe.

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