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Impôt: la compétitivité du Canada en question

Andrew Harnik / The Associated Press Photo: Andrew Harnik
Andy Blatchford, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le secteur des affaires canadien se prépare pour le prochain défi économique émanant de Washington: un plan de réduction des impôts pour les entreprises américaines qui présenterait, selon plusieurs, une menace considérable à la compétitivité canadienne de même qu’aux finances du gouvernement fédéral.

La Maison-Blanche a annoncé une réforme fiscale qui inclurait une proposition pour réduire significativement le taux d’imposition des entreprises aux États-Unis de 35 pour cent à 15 pour cent. Les craintes que la réforme fiscale gonfle les déficits fédéraux aux États-Unis signifient que sa mise en vigueur pourrait faire face à des obstacles importants au pays.

Tout de même, l’expert en fiscalité Jack Mintz a prévenu qu’une telle réduction marquée établirait un taux d’imposition des entreprises aux États-Unis inférieur d’environ sept points de pourcentage par rapport au taux au Canada.

M. Mintz a affirmé que les changements proposés effaceraient l’actuel avantage du Canada qui équivaut à environ quatre points de pourcentage, si l’on tient compte de plusieurs éléments — incluant les taux d’imposition au fédéral et dans les provinces.

Selon M. Mintz, cela risquerait d’amener des entreprises à transférer leurs investissements et leurs profits au sud de la frontière, retirant ainsi au Trésor public du Canada jusqu’à 6 milliards $ par année.

«Les gens vont retirer leur argent du Canada et le placer aux États-Unis», a prédit le professeur à l’Université de Calgary, qui a étudié la question de près.

«Et ce ne sont pas seulement les entreprises américaines. Il y aura aussi des entreprises canadiennes avec des activités aux États-Unis… Alors il s’agit d’effets négatifs réels pour le Canada, sans aucun doute», a poursuivi M. Mintz.

Un effet paralysant sur les investissements

La proposition de baisses d’impôt n’est que le plus récent élément de l’ordre du jour économique de l’administration Trump qui pourrait ébranler le Canada.

Plus tôt cette semaine, le président Donald Trump a annoncé des droits compensatoires sur le bois d’oeuvre qui toucheront les importations en provenance du Canada. Et mercredi, des sources à la Maison-Blanche affirmaient à des médias aux États-Unis qu’elle envisageait un plan pour se retirer de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

En tenant compte de tous ces éléments, l’incertitude planant sur le principal partenaire commercial du Canada a déjà eu un effet paralysant sur les investissements — et cette réalité, à elle seule, a eu un impact économique négatif.

«Plusieurs s’assoient sur leur argent en attendant de voir ce qui surviendra», a dit John Manley, président du Conseil canadien des affaires, à propos des entreprises canadiennes.

Selon M. Manley, le gouvernement Trudeau devrait aussi garder à l’oeil les questions de compétitivité fiscale et s’assurer qu’il a un plan d’urgence prêt à être déployé si nécessaire.

M. Manley, un ancien ministre libéral des Finances, a fait valoir que les décisions d’entreprises étaient souvent prises très rapidement — et qu’il n’y avait pas de moyen de récupérer un investissement perdu.

M. Manley était à Washington, mercredi, pour rencontrer des membres du Congrès dans l’espoir d’en apprendre plus sur les intentions de la Maison-Blanche concernant certains des enjeux économiques les plus délicats pour le Canada.

En bref, il a affirmé que personne ne savait vraiment ce qui allait se passer.

«Le président a démontré qu’il ne s’attend pas toujours à ce qu’on prenne littéralement ce qu’il dit publiquement, et c’est simplement son style. Alors je crois que nous devons être prudents pour ne pas réagir de façon excessive à certains des trucs qui font surface», a affirmé l’ancien ministre.

Le vice-président principal de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, Mathew Wilson, a affirmé que son organisation avait exhorté le gouvernement fédéral à envisager sérieusement d’assouplir ses propres réglementations et à s’assurer que le taux d’imposition demeure concurrentiel.

Les investissements au Canada ont été «terribles» dans les conditions actuelles, et une réduction marquée de l’impôt aux États-Unis ne ferait qu’aggraver les choses, a dit M. Wilson.

«Si les entreprises n’investissent pas au Canada, l’économie est paralysée», a ajouté M. Wilson, dont l’organisation représente plus de 10 000 entreprises.

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