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Le grand patron de l'UPAC se défend

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — L’enquête «Mâchurer» qui ciblerait entre autres l’ancien premier ministre Jean Charest «aura une conclusion» malgré les fuites d’informations répétées, a promis, jeudi, le grand patron de l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

De passage à l’Assemblée nationale pour l’étude des crédits du ministère de la Sécurité publique, Robert Lafrenière a expliqué que l’enquête avait été retardée par une requête judiciaire, mais qu’elle connaîtra son dénouement.

Lancée en 2013, elle porterait notamment sur le financement politique et l’octroi de contrats publics.

«Soyez certains que je vais me rendre au bout de cette enquête-là, je vais me rendre aux conclusions, à la terminaison, et on va déposer au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), j’en suis convaincu», a affirmé M. Lafrenière lors de son témoignage, moment fort de l’actualité politique cette semaine.

M. Lafrenière s’est par ailleurs dit «outré» qu’un employé de l’UPAC ou un pirate informatique ait refilé des informations aux médias ces derniers jours. «Les documents que j’ai vus à la télévision m’ont interpellé au plus haut point, vous ne savez pas comment, je n’ai jamais vu ça», a-t-il dit.

Si le «bandit» pensait nous déstabiliser, il ne nous a que distraits, a-t-il ajouté, en précisant qu’il s’agissait d’entrave et que ce geste était criminel.

Il a dit avoir pris des mesures à l’interne afin de réduire l’accès à l’information sensible, en plus d’avoir déclenché une enquête visant à identifier la source des fuites.

«Je me sens très indépendant»

De plus, M. Lafrenière a profité de son passage à l’Assemblée nationale pour répliquer aux députés de l’opposition, qui ne cessent de soulever des doutes sur son indépendance.

M. Lafrenière a été nommé en 2011 par M. Charest, puis récemment reconduit à son poste par l’actuel premier ministre Philippe Couillard.

Une voix s’est ajoutée à leur concert, celle de Lino Zambito, qui a dit avoir carrément perdu confiance en la haute direction de l’UPAC, qu’il accuse de bloquer les enquêtes au moment de les transmettre au DPCP.

En point de presse avant la commission parlementaire, M. Zambito a dit avoir rencontré à de nombreuses reprises les enquêteurs de l’UPAC sans que ces enquêtes n’aboutissent.

«Quand les dossiers sont terminés et vient le temps pour la haute direction de les envoyer au DPCP, on s’accroche les pieds, c’est long, a-t-il déclaré. Moi ce sont eux (la haute direction) que je vise. (…) J’ai perdu confiance en la haute direction.»

M. Lafrenière a dit en commission se sentir «très indépendant». Il a déclaré avoir communiqué trois fois avec le gouvernement Couillard pour essentiellement lui fournir de l’information sur l’UPAC.

Il a démenti que les élus pouvaient bénéficier d’un traitement de faveur. «Il n’y en a pas d’immunité pour personne», a-t-il assuré.

C’est même un «facteur aggravant» d’être un élu, d’après lui.

Et il n’y aurait pas de blocage, non plus. «Ça va toujours être des dossiers longs. Il y en a un, entre autres, qui est rendu à neuf ans. Mais on va arriver à des conclusions. Et j’ai bien l’impression qu’on va mettre des bracelets à ces gens», a-t-il dit.

Rien sur les allégations d’Yves Francoeur

Pourtant, le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, avait affirmé la semaine dernière avoir la preuve qu’il existe bel et bien une «immunité libérale».

Il a allégué que deux députés libéraux avaient échappé à la justice en raison de leur allégeance libérale.

M. Francoeur a approché l’UPAC, mais ce sera finalement la Sûreté du Québec qui enquêtera sur ses allégations. D’ailleurs, le syndicat des policiers a indiqué dans un gazouillis jeudi que M. Francoeur avait rencontré les enquêteurs de la SQ en cours de journée.

«Je dois dire qu’on a fait des recherches (…) on a reculé, avec la Sûreté du Québec, dans les années, pour de l’écoute électronique d’élus. On s’entend-tu qu’on s’en souviendrait? On n’a rien trouvé», a fait savoir M. Lafrenière.

Selon un récent sondage Léger Marketing, 70 pour cent des Québécois estiment que les élus bénéficient d’un traitement de faveur en matière d’enquêtes criminelles.

M. Lafrenière a insisté sur le fait que les Québécois pouvaient avoir confiance aux corps policiers. L’expertise de l’UPAC, a-t-il dit, est reconnue partout dans le monde.

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