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Casques bleus: il faudra prévoir un plan de retrait

Photo: Archives Getty

OTTAWA — Alors que le gouvernement libéral songe à reprendre les déploiements de casques bleus canadiens à l’étranger, l’état-major prévient qu’il vaut mieux avoir déjà en mains un plan de retrait.

Dans un document interne préparé l’été dernier par l’État-major interarmées stratégique, les militaires recommandent par ailleurs de bien expliquer aux Canadiens pourquoi une mission de maintien de la paix pourrait servir les intérêts nationaux. L’état-major s’inquiète aussi des menaces nouvelles que fait peser aujourd’hui le terrorisme sur ces missions de maintien de la paix.

Le document interne, destiné à conseiller le chef d’état-major de la défense, a été obtenu par La Presse canadienne grâce à la Loi sur l’accès à l’information.

Le gouvernement de Justin Trudeau tarde à se décider sur le déploiement de 600 casques bleus canadiens, malgré les pressions des Nations unies et des alliés de l’OTAN. Les libéraux songeaient d’abord à une mission au Mali mais hésitent toujours. Plus de 100 casques bleus internationaux ont été tués dans ce pays africain, plusieurs dans des attentats terroristes.

Le gouvernement ne veut pas dévoiler à quel moment il annoncera son choix, ou même pourquoi il réfléchit encore, mais le document militaire peut expliquer, du moins en partie, ces hésitations. Et l’un de ces arguments, c’est le scénario de sortie.

Les militaires rappellent que même si des pays comme le Canada veulent souvent contribuer à court terme aux missions de l’ONU, ils doivent parfois subir des pressions importantes pour demeurer en place plus longtemps. Ainsi, des soldats canadiens se sont joints à la mission de maintien de la paix de l’ONU à Chypre en 1964, et ils y sont restés près de 30 ans. Le retrait des casques bleus constitue souvent «une mission délicate à accomplir», soutiennent les militaires.

Si le Canada subit autant de pressions pour déployer des casques bleus au Mali, c’est précisément parce que certains pays européens veulent en sortir et cherchent impatiemment des remplaçants.

L’État-major interarmées stratégique estime par ailleurs que les arguments moraux entourant le maintien de la paix dans le monde ne suffisent plus pour expliquer certaines missions. Il faudra déterminer les intérêts nationaux en termes plus tangibles, et trouver un certain équilibre entre risques et bénéfices, croient les militaires.

Les libéraux soutiennent que les missions de maintien de la paix servent les intérêts de la nation en contribuant à un monde plus stable et plus sûr. Mais des sources au sein du gouvernement reconnaissent qu’il faudra bien expliquer à la population ce que les casques bleus canadiens iront faire dans cette galère.

Les militaires soulignent d’ailleurs que les casques bleus se heurtent aujourd’hui à des périls nouveaux, liés aux organisations terroristes, alors que les troupes de l’ONU ne peuvent mener d’opérations offensives.

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