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De fausses informations pour vérifier le coulage

Le quartier général du SPVM Photo: Mario Beauregard / Métro
Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le Service de police de Montréal a déjà fait volontairement circuler de fausses informations pour vérifier si un policier sur lequel pesaient des soupçons allait les couler à des journalistes.

Le policier Normand Borduas, qui était enquêteur à la Direction des affaires internes du Service de police de la ville de Montréal, l’a admis mercredi devant la Commission d’enquête sur la protection de la confidentialité des sources journalistiques.

«On a fait des techniques d’infiltration pour transmettre des informations privilégiées et suivre le cheminement de cette information-là qui était fictive», a-t-il admis à Me Christian Leblanc, qui représente plusieurs médias.

Et cette technique utilisée dans le cadre d’une enquête interne contre un policier a finalement démontré qu’il n’y avait pas eu de fuite.

«Toutes les techniques d’enquête mises en place sur le policier visé ne nous ont pas permis d’identifier si monsieur l’avait transmise ou non. En fait, on était d’avis qu’il ne l’avait pas fait», a même admis le témoin.

Le «policier visé» n’a pas été identifié devant la commission.

Écoute

L’enquêteur a également admis avoir sollicité un mandat restreint d’écoute électronique contre les journalistes Patrick Lagacé et Vincent Larouche, de La Presse, mais a souligné que c’est un juge qui l’avait refusé tel que demandé.

Là encore, il s’agissait d’enquêter au sujet d’un policier que les affaires internes soupçonnaient de couler des informations sensibles aux médias.

«Vous auriez pu brancher le téléphone de M. Lagacé?», lui a demandé Me Leblanc.

«On n’aurait pas pu, parce que le juge ne l’a pas autorisé, mais on l’a demandé», a-t-il laissé tomber.

Il a ajouté qu’il avait cependant précisé «des modalités de plusieurs pages, selon des contextes précis» et que cela s’apparentait à des modalités comme pour les avocats.

Et même avec les demandes restreintes de l’enquêteur, les modalités «ont été modifiées par le juge», a-t-il précisé.

Et finalement, ces journalistes n’ont pas été placés sous écoute, avait-il déjà dit.

Vu avec un journaliste

L’enquêteur a aussi été appelé à témoigner d’une autre enquête interne qui lui avait été commandée au sujet de Denis Mainville à la suite d’une rencontre avec un journaliste.

«Le commandant Patrice Carrier avait observé son supérieur, M. Denis Mainville, en conversation dans son bureau avec monsieur (Daniel) Renaud (journaliste à La Presse)» en novembre 2014, a relaté le témoin.

Or, quelque temps après, il y avait eu des reportages dans les médias faisant état d’une enquête indépendante dans le dossier d’un policier qui avait heurté un autre véhicule, causant la mort d’un enfant.

«Ça s’est avéré qu’il y a eu des éléments d’enquête qui ont été presque mot à mot publiés par les médias. Ça, ça a alerté la vigilance de monsieur Carrier», a rapporté l’enquêteur Borduas.

Après des démarches préliminaires, l’enquête lui avait été transférée.

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