Soutenez

Une jeune fille veut inciter les victimes d’agressions sexuelles à dénoncer leur agresseur

Photo: TC Media - Louis-Antoine Lemire
Louis-Antoine Lemire - Québec Hebdo / TC Media

Victime d’incitations et d’attouchements sexuels de l’âge de sept à neuf ans, Laura Couillard a demandé et obtenu par la Cour de défaire l’ordonnance de non-publication, car elle trouvait que de garder l’anonymat protégeait davantage son agresseur qu’elle. Dorénavant, la jeune fille de 14 ans veut redonner au suivant en utilisant cette portion de sa vie pour prononcer des conférences auprès des jeunes. 

«Je savais que ce n’était pas de ma faute. Je trouvais que cette ordonnance ne servait à rien», commence Laura. À l’été 2011, la mère de Laura, Linda Marcoux, s’est aperçue que sa fille n’était pas dans son assiette, et ce, même si la famille avait passé une très belle fin de semaine. C’est à ce moment que le chat est sorti du sac. «J’ai dit à ma mère que grand-papa me forçait à faire le sexe. Nous avons pleuré et j’ai constaté la gravité des gestes.»  Linda Marcoux a demandé à sa fille si les actes ont été commis à plusieurs reprises. Laura n’était pas en mesure de les compter. «J’avais l’impression que mon monde s’écroulait et que le ciel me tombait sur la tête. Ce monsieur était dans notre famille depuis belle lurette et mes enfants se sont fait garder à plusieurs reprises chez eux», a déploré la maman.

Les actes ont été commis par le conjoint de sa grand-mère, un homme que la jeune fille considérait comme son grand-papa. «J’étais au sous-sol; il m’a demandé de le regarder et il a baissé son pantalon. J’étais très confuse», a mentionné l’adolescente aujourd’hui âgée de 14 ans. Son grand-père lui faisait aussi visionner des films pornographiques. Lorsqu’elle était à l’abri des regards, l’homme tentait d’aller plus loin dans ses actes. «J’ai été obligée de lui faire une fellation.» Même si elle n’était pas à l’aise, Félix Diotte faisait fi des états d’âmes de Laura et il utilisait le chantage pour arriver à ses fins. À titre d’exemple, il lui proposait des friandises afin d’avoir ce qu’il désirait et la menaçait de dire à ses parents qu’elle n’était pas gentille si elle ne faisait pas ce qu’il voulait. «Je trouvais cela injuste et très lourd à porter et j’ai commencé à ressentir de l’anxiété.»

Long procès
À la suite de la dénonciation de Laura, le processus judiciaire s’est amorcé. La jeune fille a été confrontée à un avocat de la défense qui tentait de lui faire croire que son histoire était inventée. De plus, sa cause a été remise à plusieurs reprises. «C’était difficile. On pensait comparaître en cour et quelques jours avant l’audience, j’apprenais que c’était reporté. Je voulais seulement que cette histoire se termine pour passer à autre chose. Qu’il fasse ou non de la prison avait plus ou moins d’importance pour moi», a admis Laura Couillard. La victime a dénoncé son agresseur en 2011 et Félix Diotte a été reconnu coupable en juin 2015. L’individu a été condamné à deux ans d’emprisonnement pour une douzaine d’événements de contacts sexuels et d’incitation à des contacts sexuels sur sa petite-fille le 15 avril 2016.

Dénoncer pour prévenir
Laura souhaite raconter son récit dans des écoles primaires de Chaudière-Appalaches. De plus, elle envisage de le faire aussi au secondaire. «L’approche préconisée sera préventive, instructive et interactive. Oui, Laura racontera son histoire, mais c’est principalement pour favoriser les échanges entre elle, les jeunes et l’intervenante du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS)», a expliqué Linda Marcoux. Ce mercredi 17 mai, elle prononcera  une  conférence grand public à Gatineau. Lors de cet événement qui réunira plusieurs organismes, Laura et ses parents vont aussi interagir avec le public.

La jeune fille conseille aux victimes de dénoncer rapidement leur agresseur et d’aller chercher de l’aide. «Il faut en parler à une personne de confiance. Si celle-ci ne vous croit pas, allez en voir une autre. Il faut rester forte et savoir que tout ce qui est arrivé n’est pas de notre faute. Également, il faut être transparent et s’ouvrir lorsque nous sommes prêts», termine l’adolescente.

Un modèle
«Nous sommes fiers de Laura. Elle est vraiment forte. C’est une personne qui a du caractère et elle n’a jamais eu peur de prendre sa place. Je pense que cela a pu l’aider dans ce qu’elle a traversé», a rapporté Linda Marcoux. Pour Mélanie Champagne, la directrice du 2e cycle au Collège de Lévis, institution que fréquente Laura, la jeune fille est une adolescente qui fait preuve de beaucoup de courage et de résilience. «Elle a une force de caractère phénoménale. Au Collège, nous prônons l’ouverture d’esprit et Laura est perçue comme un modèle au sein de notre établissement scolaire.»

Aujourd’hui, Laura Couillard a un copain et elle est très heureuse.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.