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Trans Mountain: un PAPE à un moment délicat

Ian Bickis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

CALGARY — Le plan de Kinder Morgan d’avoir recours à un premier appel public à l’épargne (PAPE) pour financer l’expansion de son oléoduc Trans Moutain survient à un moment de grande incertitude.

Aux contestations juridiques et manifestations contre ce projet s’ajoute un dépouillement final des voix dans le cadre des élections provinciales de Colombie-Britannique, qui se sont tenues le 9 mai. Si la balance du pouvoir est raflée par les verts ou par les néo-démocrates, le projet de 7,4 milliards $ pourrait s’enliser.

Les autorités albertaines en matière de réglementation des valeurs mobilières se penchent également sur les documents déposés par Kinder Morgan — à la demande de Greenpeace, qui croit que ces documents surestiment la croissance de la demande de pétrole en Asie en plus de négliger les risques découlant des changements climatiques.

Un obstacle considérable se dresse devant le géant de l’énergie, qui a pour objectif d’amasser ainsi 1,75 milliard $. Son PAPE s’avérerait donc un des plus importants de l’histoire de la Bourse de Toronto.

L’analyste de Goldman Sachs Theodore Durbin a parlé d’une décision «surprise», puisque la direction de Kinder Morgan semblait initialement tendre vers l’option d’une coentreprise.

Adam Scott, du groupe environnemental Oil Change International, estime que cette volte-face signifie qu’aucune société d’investissement ne s’était manifestée en raison des risques sur le plan juridique, entre autres.

Selon Terry Marshall des services aux investisseurs de Moody’s, un PAPE permettrait à Kinder Morgan de garder un plus grand contrôle sur son projet et sur les profits qui en découleront, en plus d’en obtenir une évaluation probablement plus importante.

Les opposants à l’expansion de l’oléoduc ont accentué leurs moyens de pression en s’attaquant aux institutions financières qui appuient Trans Moutain. Ils désinvestissent notamment de BMO, de RBC, de la Banque TD, de CIBC et de la Banque Scotia.

Robert Johnston, de la firme de consultation en risques politiques Eurasia Group, perçoit cette campagne comme étant gênante, mais pas menaçante. Il souligne toutefois que le réchauffement climatique, lui, constitue un enjeu qui pèse de plus en plus sur le plan financier.

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA), Adnan Amin, signale qu’investir dans d’imposantes infrastructures pour l’exploitation à long terme d’énergies fossiles représente un risque grandissant.

La décision d’investissement définitive de Kinder Morgan se fait toujours attendre, mais l’entreprise dit vouloir amorcer les travaux en septembre. Le projet d’expansion triplerait la capacité de l’oléoduc existant.

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